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Critique : Gemma Bovery
Si vous nous lisez régulièrement, vous n’êtes pas sans savoir que ce Normand de Jean-Victor est un grand fan de Gemma Arterton.
Il n’a donc pas hésité une seconde quand il a s’agit d’aller voir le nouveau film d’Anne Fontaine, mettant la comédienne face à Fabrice Luchini en pleine campagne française.
Avait-il eu raison d’espérer pour le film en salle le 10 septembre prochain ?
Avec Tamara Drewe, Posy Simonds s’amusait à dynamiter le gentil quotidien d’un village so british par l’arrivée d’une femme devenant vite l’objet de toutes les intentions.
Quand on voit Gemma Bovery, l’idée de départ semble être la même, cette fois-ci transposée au beau milieu de la campagne normande, et pourtant on est devant une histoire différente, en raison d’une narration plus alambiquée, et peut être aussi plus riche.
Quand le quotidien des verts pâturages et d’un village paisible subit la fantaisie d’un Fabrice Luchini s’ennuyant à crever, Anne Fontaine continue de mêler tradition français et folklore anglo-saxon, pour un résultat étonnant…

Au premier abord, une histoire avec un Luchini ennuyé et vieillissant qui se fascine soudain pour la nouvelle créature superbe du coin, ça pourrait tout droit rappeler La Fille de Monaco, et ça n’a franchement pas grand-chose d’excitant.
Heureusement, Gemma Bovery exclut partiellement l’acteur à la langue bien trempé de l’intrigue, pour en faire le narrateur d’une histoire dont il est le spectateur frustré.
Ancien parisien émancipé au pays de caux pour y trouver calme et sérénité, son personnage de boulanger mène une vie un peu trop paisible, pour ne pas dire terne.
L’arrivée d’un jeune couple anglais, avec une magnifique demoiselle au nom de famille proche de la célèbre héroïne de Gustave Flaubert, va mettre l’imaginaire du héros en feu. Fasciné par la tristesse qui gagne la belle au fur et à mesure que le train-train et la monotonie s’installe, il va projeter en elle la femme inventée par son écrivain préféré.
Toujours génial quand il est question de mettre en exergue tout ce qui ne tourne pas rond chez l’homme, Luchini est le choix parfait pour jouer cet homme ébloui par la femme d’en face, y voyant tous ses désirs, toutes ses frustrations et tous ses fantasmes.
Et quelque part, comment ne pas le comprendre ?
Avec un soin méticuleux, Anne Fontaine semble autant passionnée par le regard subjugué de ce type d’une affection bienveillante et mal venue, que par son dit point du vue sur cette femme si proche et inaccessible. C’est ici qu’elle joue le mieux de sa caméra tant elle parvient à retranscrire visuellement ces sentiments et la tension entre les deux personnages. Filmée comme une muse, Gemme Arterton est sublimée lors de certains plans qui jouent sur la lumière et les zones d’ombres pour avoir une apparence de tableau vivant. Sensuelle sans être vulgaire, la mise en scène ne se contente pas de nous faire ressentir les émois mais s’amuse des correspondances incessantes entre la réalité et le texte de Flaubert qui la contamine petit à petit. Où s’arrête les délires de Luchini, où commence la vraie vie de cette femme, la question est là, et la frontière se floute de plus en plus, pour le plus grand plaisir du spectateur. L’intrigue reste assez claire et sans doute un peu trop, notamment dans un final malheureusement très explicite, allant jusqu’à montrer une scène clé sous 3 angles différents pour nous bien expliquer ce qui était compris dès la première fois. Le film se rattrape par la confrontation forcément amusante entre la Normandie profonde et des Londoniens qui découvrent le terroir français et ses trésors, entre les bons pains, le calva et j’en passe. Et si dans l’absolu, le tout ne se révèle pas aussi piquant qu’un Tamara Drewe à cause d’un sens du rythme moins bien géré, d’un récit qui fait moins confiance au spectateur et d’un tempérament un peu sage au final, Gemma Bovery pourrait très bien se résumer à une scène toute simple où la comédienne britannique sent différents pains en s’extasiant de leur parfum, tandis que Luchini la dévore des yeux.
Comme dit si bien Miss Arterton plus tard dans le film « Il ne se passe pas grand-chose, et pourtant c’est passionnant ».

Une Normandie bien mise en valeur pour mieux y filmer la passion des petites choses, quitte à en perdre la raison, voilà ce que propose Anne Fontaine & Posy Simmonds. Grâce à un excellent casting, les regards se croisent et en disent long avec une certaine jubilation, atténuée par des tares scénaristiques un chouilla trop littéraires.
Cette escapade champêtre s’avère pour autant pleine de charme, preuve qu’il en est que la campagne, ça a du bon !
Gemma Bovery – Sortie le 10 septembre 2014
Réalisé par Anne Fontaine
Avec Gemma Arterton, Jason Flemyng, Fabrice Luchini
Martin est un ex-bobo parisien reconverti plus ou moins volontairement en boulanger d’un village normand. De ses ambitions de jeunesse, il lui reste une forte capacité d’imagination, et une passion toujours vive pour la grande littérature, celle de Gustave Flaubert en particulier. On devine son émoi lorsqu’un couple d’Anglais, aux noms étrangement familiers, vient s’installer dans une fermette du voisinage. Non seulement les nouveaux venus s’appellent Gemma et Charles Bovery, mais encore leurs comportements semblent être inspirés par les héros de Flaubert. Pour le créateur qui sommeille en Martin, l’occasion est trop belle de pétrir – outre sa farine quotidienne – le destin de personnages en chair et en os. Mais la jolie Gemma Bovery, elle, n’a pas lu ses classiques, et entend bien vivre sa propre vie…
2 Comments
par lilie
Dans ce film, je n’ai vu qu’un seul acteur jouer réellement: luchini. L’actrice que l’on aurait pu remplacer par un mannequin lingerie a pour principal atout sa poitrine qui est particulièrement mise en avant. C’est vraiment la femme objet par excellence, l’objet sexuel. Son caractère, sa personnalité passent totalement à l’as. On sait juste qu’elle a des gros seins et qu’elle aime se faire culbuter par le fils du châtelain.