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Critique : From the Dark

Organiser un festival international du film en Irlande est l’occasion pour les organisateurs de mettre en avant les productions locales, au delà de ce qui est connu au delà des frontières comme les films de Neil Jordan ou Tomm Moore pour ne citer qu’eux.

C’est pourquoi Arkaron est allé voir From The Dark, un film d’horreur irlandais réalisé par Conor McMahon qui avait tout pour plaisir, du moins sur le papier.

Le film n’a pas de date de sortie française mais sortira en blu-ray coté États Unis en avril prochain.

 

LA CRITIQUE

From The Dark – pas de date de sortie en France
Écrit et réalisé par Conor McMahon
Avec Niamh Algar, Stephen Cromwell
En vacances dans la campagne irlandaise, Sarah et Mark se retrouvent bloqués au milieu de nulle part. Se mettent en quête de résidents alentours, ils comprennent vite que leur situation est bien plus sérieuse qu’elle n’y paraissait…

La scène horrifique irlandaise n’est pas parmi les plus dynamiques, mais elle a ses gardiens prêts à tout pour la faire perdurer. Conor McMahon est indéniablement de cette classe : un réalisateur jeune, passionné et persévérant dans un genre qui lui vaut peu de reconnaissance sur la scène nationale celte, sans même parler de l’international. Déjà aux manettes de trois films d’horreur, à savoir Dead Meat, The Disturbed et Stitches, McMahon rempile pour un quatrième manège à frayeurs avec From The Dark, un film une nouvelle fois sous-budgété, au casting extrêmement restreint et à la portée limitée, pour ne pas dire inexistante.

De son aveu même, le cinéaste a mis le film en boite neuf mois après avoir commencé d’écrire le scénario. Un rythme de fabrication extrêmement soutenu, qui transparait inévitablement dans le produit fini, basculant entre amateurisme régressif et répétition inutile de poncifs déjà explorés dans les précédentes œuvres du réalisateur.

En effet, il ne fera nul doute que pour quiconque ayant vu Dead Meat, ce From The Dark en constitue un remake des 20 premières minutes, qui semblent sortir exactement du même script. Dans les deux cas, l’histoire s’ouvre mollement dans la profonde campagne irlandaise avec une tentative, par deux fois manquée, de commencer l’intrigue par une scène « choc ». S’en suit l’introduction d’un jeune couple parcourant les petites routes vertes dans leur voiture, du moins jusqu’à ce qu’ils soient obligés de s’arrêter. Coincés là, l’un deux se fait contaminer, tandis que l’autre part à la recherche d’une habitation isolée (ou dans l’ordre inverse, peu importe).

Non seulement, entreprendre de refaire son propre film avec un historique aussi mince est un pari extrêmement risqué, mais en plus cela s’avère être ici très pénible, tant From The Dark étire à l’extrême une situation résolue dès la fin du premier acte de Dead Meat. De manière tout aussi inexplicable, McMahon ambitionne d’abandonner l’aspect B de son œuvre au profit d’un premier degré d’une platitude assommante, alors que le slasher comico-gore Stitches, son 3e film, suivait l’exemple de son métrage d’origine et donnait dans le sanguinolent carnavalesque se réclamant humblement de Raimi et Jackson. Et si ces films n’effleuraient jamais la maitrise de leurs ainés, Dead Meat se concluait sur une fin d’une noirceur cynique osée, tandis que Stitches s’adonnait à des expérimentations horrifico-brulesques d’anthologie (on n’aura pas besoin de citer autre chose que la scène de l’émasculation sanglante en salle de classe).

Or cette fois-ci, McMahon laisse tout souci d’ingéniosité derrière lui pour accoucher d’un métrage soporifique qui ne fonctionne sur strictement aucun niveau, et surement pas dans sa prétendue dimension horrifique. Remaniant les zombies de Dead Meat pour des vampires aux allures nosferatiennes qui déambulent comme des pingouins accablés de tendinites (non, ce n’est pas une blague), le réalisateur/scénariste s’embourbe dans un survival qui tente inlassablement d’insuffler un souffle tantôt poético-pathétique, tantôt iconique à son métrage. Cela s’observe particulièrement au détour de plans se voulant constructeurs de la diégèse, mais n’ayant finalement aucun poids, car soutenus par une histoire et des personnages inexistants.

Niamh Algar (prononcez « Neeve »), la jeune protagoniste, se révèle être la plus convaincante de l’entreprise, évitant à l’ensemble de s’effondrer sous sa médiocrité, tant son interprétation dynamise miraculeusement un récit des plus inintéressants. Le tout, et c’est le plus impressionnant, majoritairement sans dialogues dans la deuxième moitié du film. Malheureusement, elle doit aussi composer avec une écriture parfois indigente, passant sous silence des solutions qui paraissent tenir de l’évidence : articulant tout son film autour de la recherche de lumière pour tenir les vampires à distance, McMahon va refuser à son héroïne la présence d’esprit de mettre le feu à la maison renfermant la créature, alors même qu’elle en a les moyens et que cela constituerait une source de lumière capable de la protéger jusqu’à l’aube.

Cet exemple illustre parfaitement l’approche prise par le scénariste, à savoir une préférence évidente pour les scènes symboliques forcées (sous-intrigue du mariage, séparation du couple, etc.), au détriment d’une logique simple qui aurait donné à son film une cohérence qui lui fait cruellement défaut.

Trop évident, trop fainéant, trop déjà vu et sans vitalité, From The Dark disparaitra dans les ténèbres aussi vite qu’il en a brièvement surgi. Il serait temps pour McMahon de se réinventer. Restera, il est vrai, une performance d’actrice à saluer bien bas. Cela fait-il un film ? Surement pas.

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