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Critique : Fences

Transposer une pièce de théâtre au cinéma n’a jamais été une chose aisée.
Comment donner du rythme à ce qui ressemblerait à l’écran à de longs tunnels de dialogues ? Comment travailler l’ambiance et la mise en scène pour sortir des décors épurés d’une salle de spectacles ?

C’est le pari qu’a tenté Denzel Washington pour sa nouvelle réalisation, dix ans après The Great Debaters.

 

LA CRITIQUE

Troisième réalisation pour Denzel Washington, avec une adaptation de la pièce éponyme d’August Wilson. « Fences », drame se déroulant dans l’Amérique des années 50, aurait pu être un grand film, entre ses mains expertes. Mais bien vite, l’impression de grand théâtre filmé prend le dessus. Et ça dure 2h20.

Ca commence pourtant très bien avec un contexte et des enjeux vite définis : le racisme en Amérique, l’aigreur d’un père jaloux du talent de son fils au base-ball et hanté par la situation précaire de son frère, une épouse dépassée mais dévouée. Rapidement les apparences partent en fumée, et un drame familial convenu voire cruel prend le pas sur une réflexion qui, plus poussée, aurait pu être très intéressante.

Au lieu de ça, donc, on se retrouve avec 2h20 de grandes tirades qui permettent certes à Denzel Washington et surtout Viola Davis de briller, mais qui n’évite pas les écueils dangereux du misérabilisme et de la tragédie grecque.

La mise en scène, pourtant pas dénuée d’intensité et d’inventivité lors des passages hors de la maison principale, accentue l’impression d’être devant une grande scène où les personnages attendent sagement d’intervenir pendant que le héros finit une énième tirade sur ses rêves perdus en utilisant des métaphores à base de base-ball. On exagère un peu, mais imaginez des dialogues de quinze minutes aboutir sur pas grand-chose si ce n’est un ennui poli.

Car on aurait voulu aimer un tel film, si important dans le contexte actuel. Au lieu de ça, si Viola Davis est assurée d’avoir son Oscar dans quelques jours (ce qui serait immensément mérité), on se demande où Denzel Washington a voulu en venir.

A ce titre, la conclusion, totalement inutile, efface toute l’ambiguïté qu’on pouvait ressentir pour le personnage, lui offrant une réhabilitation maladroite dont le récit n’avait pas besoin.

Fences, de Denzel Washington – Sortie le 22 février 2017

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