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Critique : Evil Dead (2013)
S’il y a bien un genre de film où remake, suite et autres reboots sont monnaie courante depuis longtemps, c’est bien le film d’horreur. Qui se souvient du nombre exact de versions de Massacre à la Tronçonneuse ?
Le dernier en date à bénéficier d’une nouvelle version est donc Evil Dead, le film culte qui a rendu Sam Raimi célèbre. Et si on a d’abord été effrayé à l’idée de savoir que Diablo « je ne sais pas écrire » Cody était au scénario, on a petit à petit été surpris par des bandes annonces plus sanglantes les unes que les autres. Et à une époque où la plupart des films du genre tentent de faire peur en se contentant de faire grincer des parquets, ça fait du bien.
Rien que pour ça, ce nouvel Evil Dead méritait notre intérêt. Et si en plus c’était une bonne surprise ?
Alors que les fans du monde entier espéraient, et espèrent toujours, un éventuel Evil Dead 4 / Army of Darkness 2, le sort de la franchise fût scellé lors de l’annonce en grande pompe il y a un peu plus d’un an d’un remake avec Diablo Cody au scénario.
Il n’en fallut pas plus pour déchainer les enfers et mettre en mouvement toute une communauté de fans biberonnée au premier film de Sam Raimi et ses deux suites complètement tarées. Arrivant désormais dans la grande famille des classiques du cinéma d’horreur ayant eu les « honneurs » du remake, ce Evil Dead version 2013 se situe plus du côté des rares réussites façon La Colline a des Yeux version Aja ou du foirage total à la manière d’un Freddy ?
Il faut bien prendre en compte les responsables de ce nouveau Evil Dead pour appréhender correctement la logique du remake. En effet, c’est bel et bien Rob Tapert, Sam Raimi & Bruce Campbell qui sont à la production de la chose, autrement dit le producteur, le réalisateur et l’acteur de l’original. Il y a aussi Fede Alvarez à la réalisation, un uruguayen surdoué qui avait mis internet sur le derrière avec son court métrage Panic Attack (disponible ici), qu’il aurait fait pour seulement 300$ selon la légende.
Repéré et recruté par Sam Raimi à la base pour transformer son histoire de robots en long-métrage, le bougre a vu son projet annulé, sur quoi on lui a proposé de réaliser Evil Dead, qu’il a finalement écrit avec son compère Rodo Sayagues pour mieux exclure Diablo Cody de l’équation.
Concrètement, leur approche d’Evil Dead diffère de l’original dans le sens où elle se veut plus sombre et sérieuse, en changeant intégralement la galerie de personnages (Adieu Ash !) qui se retrouve donc dans la fameuse cabane dans la forêt pour soutenir une jeune femme en pleine tentative de sevrage anti-drogues.
Je sais, vu comme ça, ça n’a pas l’air extrêmement « groovy » comme dirait l’autre.

Nouveaux personnages ou pas, la formule reste globalement la même puisque nos amis un peu têtes à claques sur les bords vont évidemment trouver un drôle de bouquin dans la cave jonchée d’animaux morts, ouvrage qui va s’avérer être le fameux livre des morts qu’il ne faut absolument pas lire sous peine de réveiller un esprit maléfique qui va vous en faire voir de toutes les couleurs. Enfin surtout du rouge sang pour le coup, mais passons puisque vous vous doutez bien qu’il y en a bien un sur les cinq qui va avoir la curiosité et la connerie de lire le bousin pour déclencher malgré lui un sacré bordel.
Concrètement, il faut l’avouer, ce nouveau Evil Dead ne brille guère par sa construction narrative qu’on a l’impression d’avoir déjà vu 150 fois et qui enchaine en exposition les passages obligés pour que ce puzzle macabre ait un minimum de matière à renvoyer à la tronche de ces personnages par la suite. Mais le film, qui est bien conscient du fait que ses spectateurs connaissent leurs classiques sur le bout des doigts, montre déjà sa malice en évoquant ici et là les futurs joujoux dont vont être victimes ses héros.
Car une fois que la machine est lâchée, autant vous dire que Evil Dead monte au créneau sans trop se poser de questions, et en prenant un soin tout particulier pour bien tâcher la pellicule.
On s’en doutait un peu à la vue des Red Band Trailer, qu’on ne conseille pas par ailleurs tant ils montrent sans doute un peu trop, mais ce remake a le mérite d’être généreux en hémoglobine et situations ragoûtantes. Les âmes sensibles seront tenues de s’abstenir tant Evil Dead n’hésite pas une seconde à charcuter généreusement, en envoyant un nombre non négligeable de litres de sang à la tronche du spectateur tout en donnant à cœur joie dans les démembrements ou les opérations chirurgicales façon boucher du dimanche. L’imagination dans le gore est bien présente, et les situations s’enchaînent sans jamais se répéter, Fede Alvarez mettant un point d’honneur à faire de son Evil Dead un cauchemar poisseux et saignant à souhait. L’utilisation en majorité d’effets spéciaux de plateau donne une consistance bien réelle à l’ensemble, et il est bon de voir que les acteurs se sont prêtés au jeu sans broncher pour en prendre réellement plein la gueule de façon parfois assez grandiloquente. Une imagination qui se retrouve par ailleurs dans la mise en scène du film qui a la bonne idée de ne pas trop s’évertuer à vouloir faire peur au spectateur à coup de jump scares ou autres effets foireux.
Jouant intelligemment sur la suggestion des situations à venir en mettant en avant l’iconographie gothique et peu rassurante du livre des morts, le film fait monter la sauce et finit toujours par mettre le spectateur devant le fait accompli de manière bien frontale pour ne pas lui faire manquer une seule miette du carnage.
En clair, ça rentre furieusement dans le lard, et à moins de fermer les yeux, vous ne pourrez pas y échapper.
Si la promesse d’un spectacle réellement bourrin et transgressif est donc remplie, on pouvait avoir peur de ce Evil Dead pour son évident premier degré quand on sait combien l’original finissait par être fun. Ce qui était donc parti pour être l’un des gros défauts de cette nouvelle version en devient une véritable force, tant la proposition du film s’avère finalement cohérente. Chaperonné par un Sam Raimi qui a surveillé le bébé de près tout en lui laissant la liberté suffisante pour faire le film qu’il voulait, Fede Alvarez ne désire rien d’autre que faire un vrai film d’horreur au sens premier du terme, faisant l’effet d’un train fantôme dont le seul but est de retourner les tripes de son public. Certains ne manqueront pas d’y voir le film que Sam Raimi et ses comparses désiraient faire à l’époque et il est vrai qu’en l’état, ce constat tient debout tant le film porte en son sein l’identité de la saga. L’icônisation d’un personnage et de certaines situations est bien présente, certains plans préservent ce coté très graphique et comic-book si cher au film original et au sein même de son terrible récit, un certain humour noir finit par apparaître pour les plus machiavéliques d’entre vous qui ne manqueront pas de se délecter de la triste ironie de certains passages.

Certes, le scénario est une fois de plus loin d’être révolutionnaire, pour ne pas dire con par moments, mais pour une fois, la logique d’actualisation d’un mythe si cher au producteur tient debout. Car il faut bien admettre, et c’est un fervent admirateur qui vous dit ça, que le Evil Dead original a prit un sacré coup de vieux par l’âge et son manque de moyens, quand bien même ces éléments en font son charme indéniable.
En l’état, cette nouvelle version est une proposition alternative qui plaira à la nouvelle génération sans jamais renier les autres et ses origines. Plus encore, le film fait tout ce qu’il peut pour les honorer, et il y arrive haut la main par les différences qu’il met en place pour offrir une expérience de cinéma horrifique pure et dure comme on en a que trop rarement.
Et parmi les temps qui courent, à grands coups de Paranormal Activity teubés et vides de sensations ou de pseudo films méta façon La Cabane dans les Bois qui se prennent pour plus malins qu’ils ne le sont en croyant encore apprendre quelque chose au public, voir une œuvre dérouler autant d’énergie pour offrir un vrai tour de grand huit horrifique croyant dur comme fer à son histoire, c’est un peu la réponse qu’on n’osait plus attendre.
On le craignait à côté de la plaque ou trop sage et pourtant, ce remake de Evil Dead marche dans les traces de ses prédécesseurs en offrant une expérience certes un rien différente mais tout aussi forte en émotions.
Brutal, excessif et carnassier, le premier film de Fede Alvarez ne montre pas autant de génie que l’original et constitue néanmoins une vraie œuvre d’exploitation généreuse et extrême. Ca ne réinvente donc pas la roue mais ca prouve que celle-ci peut encore bien tourner et on espère que beaucoup en prendront de la graine car ce coup-ci, l’horreur est bien de la partie.
Evil Dead – Sortie le 1er mai 2013
Réalisé par Fede Alvarez
Avec Jane Levy, Shiloh Fernandez, Lou Taylor Pucci
Interdit aux moins de 16 ans
Mia a déjà connu pas mal de galères dans sa vie, et elle est décidée à en finir une bonne fois pour toutes avec ses addictions. Pour réussir à se sevrer de tout, elle demande à son frère David, sa petite amie Natalie et deux amis d’enfance, Olivia et Eric, de l’accompagner dans la cabane familiale perdue au fond des bois. Dans la cabane isolée, les jeunes gens découvrent un étrange autel, et surtout un livre très ancien, dont Eric commet l’erreur de lire un passage à haute voix. Les plus épouvantables des forces vont se déchaîner sur eux…
2 Comments
par runner
Bonjour vers la fin du film evil Dead vers 1h 31 et 12 seconde il y a un homme qui prononce un mot en anglais et je voudrais savoir sa signification merci