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Critique : Big Game

La première bande-annonce avait fait du bruit sur Internet : Big Game se présentait comme un croisement entre Air Force One et Cliffhanger, avec Samuel L. Jackson en Président Américain pourchassé par des terroristes dans une forêt finlandaise et aidé par un petit garçon. Tout un programme aussi alléchant que possible.

Le film n’a malheureusement pas encore de date de sortie en France. Il est néanmoins visible Outre-Manche, ce qui a permis à Arkaron d’aller confirmer ce que la promo laissait présager…

LA CRITIQUE

Big Game – Pas de date de sortie en France
Écrit et réalisé par Jalmari Helander
Avec Samuel L. Jackson, Onni Tommila, Ray Stevenson
Pour ses 13 ans, Oskari est envoyé dans la profonde forêt nord-finlandaise afin d’entreprendre le rite de passage censé faire de lui un homme et un chasseur accompli. Cette nuit-là, Air Force One, en route vers Helsinki, est attaqué par un groupe terroriste s’appuyant sur l’aide d’un traitre dans les rangs américains. Le président, s’échappant dans sa capsule de survie, est secouru par le jeune homme. Ensemble, ils devront survivre à leurs poursuivants prêts à tout pour capturer l’homme le plus puissant du monde…

 

Voilà quatre ans, sortait Père Noël Origines, premier film de Jalmari Helander, qui nous servait alors un conte horrifique lugubre, habilement mis en boite pour réinventer la fable hivernale en imaginant une alternative malsaine à l’univers coloré de Noël. Il s’agissait également d’une exploration intrigante du folklore finlandais, rarement exporté et pourtant assez unique. Fort de ce premier succès, Helander décide donc d’enchainer avec la plus onéreuse production finlandaise de l’histoire, co-produite avec les États-Unis pour un budget de 8,5 millions de dollars.

Big Game passe au niveau supérieur en proposant une aventure familiale, centrée sur le parcours initiatique d’un jeune garçon qui souhaite prouver à son père qu’il est digne des traditions de leurs ancêtres, alors que des criminels suréquipés prennent en chasse un président impuissant. Brisant quelque peu l’image qu’on se fait de lui, Samuel L. Jackson incarne ici un politicien incompétent à tous les niveaux, mal aimé et peu populaire, et surtout incapable de survivre seul dans la nature. Jonglant entre la désorientation et l’humour décalé visant à masquer ses peurs, Jackson propose sans doute son interprétation la moins rigide depuis ses années pré-Marvel. Le traitement du personnage se révèle aussi être en opposition au héros d’action traditionnel, servant surtout de « demoiselle en détresse » et, à l’occasion, de punchingball.

Le jeune Onni Tommila lui donne efficacement la réplique, évoluant du pré-ado en proie au doute, au héros de fiction rappelant les meilleurs personnages du même type qui peuplaient les films d’action américains des années 1980-1990. Adoptant très pertinemment une grammaire parfois approximative lorsque ne s’exprimant pas en finnois, il parvient à maintenir l’empathie du spectateur pour sa cause malgré les dialogues parfois clichés lui étant attribués.

La question des lieux communs traverse le film dans son intégralité, se retrouvant dans tous les aspects de celui-ci : qu’il s’agisse de l’intrigue ou des rebondissements, il est possible que le scénario paraisse dans l’ensemble très dérivatif. Mais si certains poncifs sont tantôt embrassés avec une révérence indéniable, d’autres sont complètement épluchés pour tenter d’en proposer une variation intéressante. Par exemple, les terroristes s’attaquant au président sont décrits comme n’étant « ni politiques, ni idéologiques, ni religieux », se réduisant ainsi à leur simple fonction pour la majeure partie du film, comme pour indiquer que le film ne se fait guère d’illusions quant à sa portée. Il faut attendre le dénouement de l’intrigue pour se voir offrir une explication bien pensée aux motivations desdits antagonistes.

C’est sans doute l’élément le plus rafraichissant de Big Game : le film sait exactement dans quel genre il s’inscrit et n’essaie jamais de se faire passer pour autre chose qu’un divertissement s’adressant à tous les spectateurs. Autant le dire : Helander réussit son pari haut la main, ayant conçu un blockbuster international jamais ennuyant, et rempli de références à ses ainés. Appliquant à l’histoire son sens aiguisé du rythme (notamment grâce à l’excellente idée transformant les agents du Pentagon en spectateurs tout aussi impuissants que nous), le réalisateur propose une aventure allant droit au but, imaginée dans un décor culturel , assez unique pour donner au métrage une identité spécifique. Surtout, il tire le meilleur parti possible de son budget, laissant presque penser que celui-ci fut deux fois supérieur au montant officiel, tant Helander parvient à créer des séquences de grand spectacle réjouissante (et parfois délicieusement outrancières).

Dans ses meilleurs moments, le cinéaste compose même des plans imposants, propulsant périodiquement le récit dans un registre épique. Quelques défaut formels subsistent certes, surtout au niveau de l’absence trop flagrante d’inserts qui permettraient de fluidifier la continuité narrative, mais la dimension technique reste de grande qualité pour un second film.

En 90 minutes, emballé, c’est pesé : on est là pour assister à un divertissement estival sans prise de tête et généreux avec son public, et c’est précisément ce qu’Helander accomplit. À la fois hommage aux actioners old school de la fin du siècle dernier, et lui-même digne successeur de cet héritage, Big Game nous rappelle que la plus improbable des idées peut toujours donner lieu à un film fort sympathique : il suffit, après tout, qu’un réalisateur assez compétent approche l’entreprise avec intégrité. On gardera un œil sur le finlandais.

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