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Critique : Barry Seal, American Traffic

L’univers du trafic de drogue en Colombie n’a jamais été aussi à la mode. La série « Pablo Escobar, le patron du mal » tournée en 2012 est désormais sur Netfix et le portail vidéo a sorti à grands renforts de moyens la saison 3 de sa série Narcos le 1er septembre dernier.

Coté grand écran, ce sont Doug Liman et Tom Cruise qui s’y collent avec Barry Seal (ou American Made en version originale), l’histoire vraie d’un pilote d’avion qui va se faire débaucher par la CIA…

 

LA CRITIQUE

Après nous avoir plongé une heure et demie durant dans l’enfer de la guerre avec The Wall cette année, Doug Liman remet déjà le couvert avec Barry Seal – American Traffic, un projet d’autant plus curieux qu’il est porté par un Tom Cruise qui semble profiter de l’occasion comme d’une récréation en dehors de ses immenses blockbusters auxquels il s’apprête à retourner avec le même Doug Liman pour Edge of Tomorrow 2. Et d’ailleurs, on ne sait pas vraiment comment prendre ce nouveau film, qui d’un côté porte la caution inspiré d’une histoire vraie, et de l’autre se présente comme un roller coaster dans l’univers des cartels et de la drogue, un domaine dans lequel on n’imaginait pas forcément la superstar Hollywoodienne.

D’un côté, ça nous rassure : on n’est pas les seuls !

Le film a été tourné en 2015 et arrive seulement maintenant sur les écrans, avec une date de sortie un peu générique pour un tel acteur. Pourtant, Tom Cruise est bien là pour s’éclater, puisqu’il campe un pilote d’avion aux aspirations un peu plus grandes que son train-train quotidien sur une grande compagnie aérienne, où il en profite pour faire du trafic de cigares. Et c’est la CIA qui va lui fournir une bonne raison de changer tout ça, pour aller prendre des photos aériennes en Colombie ou au Nicaragua et se retrouver nez à nez avec un certain Pablo Escobar notamment, histoire de mettre de la cocaïne dans les avions ! Loin de ses rôles de surhommes habituels, le scientologue le plus célèbre de la planète s’en donne à cœur joie dans la peau de ce type à la moralité incertaine et à l’opportunisme grandissant, qui voit toute cette opération loufoque comme une énième opportunité offerte par le bien beau pays de l’Oncle Sam. Ça faisait un moment qu’on n’avait pas vu Cruise sans filtres, balançant des fuck/shit à tout va, s’envoyant en l’air comme une bête avec sa femme ou courant derrière les billets comme un couillon, dans ce que certains verront parfois comme un remake 80’s de Breaking Bad dopé au fun.

Doug Liman semble avoir trouvé dans cette histoire la même motivation que Cruise : le parcours de Barry Seal est franchement drôle tant on suit un américain moyen qui outrepasse tous les principes moraux de son pays en pensant célébrer la grandeur de ce dernier. Ça lui offre la possibilité de mettre en boîte un long-métrage nerveux, comme si Martin Scorsese avait suivi tout cette histoire caméra au poing. L’ombre de Scorsese règne pour deux choses : d’abord la structure même du film, avec la montée en puissance et la chute d’un empire, qui maintient le récit sur des rails certes sans grande surprise tout du long, mais sans entacher le plaisir pour autant tant il est question d’excès.
Et Liman l’a parfaitement compris, en ménageant le rythme infernal de son montage pour scotcher le public dans son siège au fil de révélations de plus en plus énormes. L’entreprise est loin d’être vain, car les faits réels étaient complètement dingues, et le film ne s’en cache pas.
A l’inverse d’un War Dogs, où Todd Philips peinait à dépasser le fait divers et les ramifications l’ayant rendu possible, Barry Seal – American Trafic tire à boulets rouges sur l’administration américaine et ses rouages aussi complexes qu’ingérables, responsables d’une situation explosive assumée par rien ni personne, telle une patate chaude aux enjeux géopolitiques mondiaux.

Cette dimension supérieure, bien au-delà des limites du simple personnage, anime un dernier tiers plus sombre et non moins rapide, dans un film construit comme un shoot d’adrénaline filmé en 16mm entre la jungle colombienne et le Minnesota, sans oublier de sortir quelques images d’archives bien senties. Dans l’absolu, peut-être que la réalisation de Doug Liman, bien que ludique, n’est jamais très loin du copycat, en témoigne une sensation globale de déjà-vu, tout comme Cruise ne fait que renouer avec l’aspect plus acerbe de ses débuts, à l’époque où il jouait devant la caméra d’un Scorsese ou d’un Pollack. Cela étant, les bougres s’en donnent à cœur joie, et Barry Seal assume sans mal son statut de rencontre débridée entre Le Loup de Wall Street et Narcos.

Barry Seal American Traffic de Doug Liman, sortie le 13 septembre 2017

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