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Critique : Micmacs à Tire-Larigot, de Jean-Pierre Jeunet
C’est seulement 2 jours avant sa sortie que j’ai eu l’occasion de voir Micmacs à tire-larigot. Organisée par l’UGC Ciné-Cité de la Défense, le film a été présenté par une partie de l’équipe du film (Boon n’était pas là, malgré les quelques personnes qui étaient venus avec leur dvd des Ch’tis).
Pas de détails sur la présentation et la présence de Jeunet, sans intérêt. Un peu comme le film d’ailleurs. Raté…
5 ans. 5 ans d’attente entre le « bon mais sans plus » Long dimanche de fiançailles et son nouveau long-métrage. Pour ma part, j’ai toujours considéré Jeunet comme un des meilleurs réalisateur français, je peux donc vous dire que l’annonce de « Micmacs … » fut pour moi un immense bonheur malgré le choix improbable du casting (Dany Boon n’occupe pas une place immense dans mon coeur). Et j’en suis sorti très très déçu.
On ne pourra omettre de reconnaître les qualités indéniables du film. Jeunet est égale à lui-même et nous offre une réalisation excellente. Malgré un filtre jaune parfois (souvent?) de trop, la mise en scène reste parfaite. Fidèle à lui-même, peut-être même un peu trop.
J’émettais un doute quant au choix des acteurs, surtout pour le rôle principal, Dany Boon. Et la surprise fut encore plus grande, car ce dernier mène son jeu avec une justesse incroyable, s’éloignant à des milliers de kilomètre de son personnage des Ch’tis, il donne à Bazil une toute autre dimension, il creuse le personnage et lui crée une personnalité très attachante, particulière et naïve. Il porte presque le film à lui tout seul.
Inutile de dire que André Dussollier, Dominique Pinon (présent dans tous les Jeunet) et surtout Yolande Moreau sont excellent, comme à leur habitude. Jean-Pierre Marielle et Michel Cremades sont inexistants et Nicolas Marié anecdotique quoique parfois drôle. Mais « Micmacs… » se traînent deux boulets : Julie Ferrier et Omar Sy, exécrables que se soit au niveau de leurs jeux que de leurs personnages, inutiles au passage (l’histoire d’amour entre Ferrier et Boon apparaît comme un cheveu dans la soupe).
Le gros point noir du film, l’énorme défaut qui vient faire retomber le soufflé, c’est le scénario… s’il existe. Là où le film, avec une idée de base originale, aurait pu être une petite merveille créative, Jeunet nous pond un « Amélie Poulain » bis. Parce que oui, le problème est là. Les ingrédients de son gros succès sont repris, et mis n’importe comment, sans âme, les personnages, la mise en scène (même si elle reste excellente), l’humour, la narration, l’histoire etc. Les scènes s’enchaînent sans réelle cohérence, et surtout, sans but. A plusieurs reprises on se demandera où le film veut nous emmener. Tout passe trop vite et pourtant on s’ennuie pendant les 3/4 du film. Certains passages sont à retenir, de part leurs créativités (le sabotage et la fin), mais le reste représente le néant le plus total.
Hormis Bazil, aucun personnage n’est approfondi, ni même les lieux (parce que oui, finalement, tire-larigot on nous explique ce que c’est en 5 minutes. Quant aux habitants, on connait simplement leurs noms et leurs particularités. L’humour est ici complètement raté, le film étant à prendre au second degré pour apprécier un tant soit peu.
D’ailleurs ce second degré se cherche, l’oeuvre oscille entre le dérisoire et le sérieux, et ne se trouve jamais. La narration, malgré quelques passages amusant dans la tête de Bazil, est complètement pompée, encore une fois, sur Amélie Poulain, ne manquant plus que la voix-off. Et la musique est inexistante.
Micmacs à tire-larigot est comme un cadeau d’une grande marque, magnifiquement emballé, mais avec rien à l’intérieur. Jeunet nous montre alors le Fabuleux destin de Bazil, en moins bien, et surtout, sans âme aucune. Décevant.
-Alex
2 Comments
par Olivier
Si vous regardez Amélie Poulain par rapport à ses précédents films, il est évident que Amélie est une heureuse coïncidence, la parfaite fusion d’un scénario qui allait bien avec l’image. Les films précédents de Jeunet sont pittoresques, mais quand même il faut bien le dire, creux à de nombreux endroits. Amélie, c’était la pièce de monnaie qui tombe sur la tranche, ce qui n’arrive pas souvent…question : le scénariste d’Amélie est-il différent des autres Jeunet ?
par cloneweb
Non, les deux films sont signés Jeunet et Guillaume Laurant, qui a également bossé sur un Long Dimanche et Alien 4.