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Critique : Alice, de l’autre côté du miroir

Dans la série « Disney transpose ses classiques animés en version live », on ne s’attendait pas forcément à ce que la version d’Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton ait droit à une suite. Heureusement pour le studio Lewis Caroll avait encore un peu de matériel sous le coude, ou du moins un titre à fournir.

A l’exception de Tim Burton qui garde la chaise de producteur, tout le monde rempile donc…

 

LA CRITIQUE

Soyons honnêtes, ce n’est pas vraiment une suite à « Alice au Pays des Merveilles », version Tim Burton, que l’on attendait en priorité de la part de Disney. Mais les voies du box-office étant ce qu’elles sont, la firme aux grandes oreilles a estimé utile de replonger Johnny Depp, Mia Wasikowska, Helena Bonham-Carter et Anne Hathaway, entre autres, dans le pays des fonds verts et incrustations ratées cré2 par Burton il y a déjà six ans. A la réalisation, on retrouve James Bobin, auteur du retour réussi au cinéma des Muppets, et bientôt aux commandes du crossover improbable entre Men in Black et 21 Jump Street. Disney a donc voulu un habitué des studios pour s’occuper de la suite de son hit. Un choix compréhensible et plutôt intéressant, mais qui tient malheureusement de la fausse bonne idée au vu du résultat final.

Le film démarre en nous plongeant (littéralement, c’est le cas de le dire) dans la nouvelle vie d’Alice, capitaine du Wonder, écumant les mers au détriment du danger. Sa vie est placée sous le signe de l’aventure, mais les choses se corsent lorsque sonne son retour sur la terre ferme. Heureusement, quoi de mieux qu’un retour au pays des merveilles pour abandonner ses responsabilités ? On exagère à peine. Sa mère se retrouve dans une situation financière préoccupante, mais Alice préfère suivre le papillon? doublé le temps de deux phrases par feu Alan Rickman. Sa mission : aider le Chapelier Fou bien mal en point, à l’instar du jeu de Johnny Depp, à retrouver sa famille. Le premier film nous avait pourtant annoncé qu’elle était décédée… Sauf qu’une pirouette scénaristique vient nous suggérer le contraire.

S’ensuit donc un périlleux voyage dans le temps où Alice, obstinée au détriment de toute logique, tente de sauver la famille du Chapelier Fou. Cela implique la présence du personnage le plus intéressant de l’histoire, à savoir le Temps. Incarné par un Sacha Baron Cohen qui a décidé pour une raison inconnue de doter son personnage de l’accent de Borat, l’ambiguïté du Temps tient au fait que ce dernier, vendu comme le méchant du film… a tout simplement raison ! Non, on ne peut pas changer le passé, mais on peut en retenir les erreurs pour ne plus les commettre. Il devient alors difficile de prendre parti pour Alice, même si l’on peut comprendre son entêtement. Le film ne comporte finalement pas de réel méchant, même si la Reine des Cœurs ramène sa grosse tête et ses envies de décapitation sur le devant de la scène dans une banale histoire de vengeance contre sa sœur, la Reine Blanche.

Le scénario semble d’ailleurs bien décidé à ramener tous les personnages-vedettes du premier film pour de bonnes raisons. Qu’il s’agisse d’Alice, du Chapelier Fou, ou même de la Reine Blanche incarnée par une Anne Hathaway aussi naturelle qu’Eddie Redmayne dans « Jupiter Ascending », chaque personnage a un rôle qui se veut crucial. On sent que les scénaristes ont voulu éviter le fan-service. Sauf que c’est précisément ce qui nuit à l’intrigue. Car à force de vouloir tout connecter, les flash-backs des personnages pour justifier leurs comportements deviennent ridicules et se transforment en une ode à la famille moralisatrice. Quant aux ses séquences impliquant une tartelette, elles risquent de rester longtemps dans les mémoires tant on se demande où est-ce que les scénaristes ont été chercher cette idée saugrenue.

On passera aussi sur le visuel parfois approximatif. Non, les fonds verts ne se sont pas franchement améliorés et les animaux sont ratés. Cela étant, on peut saluer un résultat beaucoup moins surchargé que le premier film, qui laisse davantage respirer les acteurs. On sent une volonté de fournir moins de CGI, sauf lors de quelques séquences qui en valent la peine, notamment dans la Mer des Souvenirs. On trouve ici ou là quelques chouettes trouvailles, agréables à regarder et judicieusement pensées. Comme quoi, la sobriété a parfois du bon.

Alors oui, Alice De l’Autre Côté du Miroir est probablement plus regardable que le premier opus. Mais cela n’en fait pas pour autant un bon film. Car entre une histoire aux ressorts dramatiques vains, un propos sur la condition féminine presque rétrograde puisqu’il suggère qu’une femme doit faire passer sa famille avant ses aspirations sociales et ses ambitions personnelles à contrario d’un homme, et un casting qui fournit le minimum syndical, il n’y a finalement pas grand-chose à en garder. Le film a d’ailleurs très mal débuté au box-office américain. Preuve s’il en est que le public a parfois du flair.

Alice de l’autre coté du miroir, de James Bobin – Sortie le 1er juin 2016

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