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Critique : A War
Nommé aux Oscars dans la Catégorie Meilleur Film Etranger et représentant le Danemark, A War de Tobias arrive dans nos salles ce 1er juin 2016.
Intitulé Krigen en version originale et sortant chez nous avec un titre en anglais, le film rassemble Pilou Asbæk, Tuva Novotny, Dar Salim dans une histoire montrant des soldats danois en Afghanistan.
LA CRITIQUE
Plus il avance et plus il compte dans le cinéma danois contemporain. Aux côtés de poids lourds comme Lars Von Trier, Nicolas Winding Refn ou Thomas Vinterberg, il est difficile de se faire une place de réalisateur réputé au-delà des frontières du Royaume du Danemark. C’est pourtant l’objectif que semble s’être fixé Tobias Lindholm. Ayant débuté comme scénariste, à la fois pour la série Borgen et pour Vinterberg (Submarino, La Chasse), ce dernier doit déjà répondre aux sirènes de l’international, seulement arrivé à son troisième long-métrage. Eh oui, Lindholm est un réalisateur qui ira très loin étant donné sa lancée avec le carcéral R et l’inattendu Hijacking qui nous kidnappait sur un navire par des pirates du golfe d’Aden.
En 2016, il nous emmène carrément faire la guerre en Afghanistan dans A War pour lequel il retrouve son acteur fétiche, Pilou Asbæk. Il y est le commandant Claus M. Pedersen, chef d’une escouade dont la mission principale est de déminer le terrain d’une province reculée afghane et de s’assurer la collaboration de la population locale, principale victime de cette drôle de guerre. Une guerre sans front, une guerre qui perd dans ces reliefs désertiques ces danois loin de chez eux, une guerre avec un ennemi invisible et où une mort sale et brutale attend au moindre faux pas.
De la même manière que dans ses deux précédents films, Tobias Lindholm nous porte à hauteur d’homme avec sa caméra à l’épaule. Ce style documentaire (genre pour lequel il écrit également) plonge directement le spectateur dans son univers cinématographique volontairement réaliste. Tout est fait pour s’écarter d’une vision romanesque et héroïque des combats, propre au cinéma hollywoodien. Hijacking avait adopté ce regard à l’opposé du Capitaine Philips de Paul Greengrass sur le même sujet des prises d’otage en mer au large de la Somalie. Et qu’un réalisateur danois soit capable de ce double exploit de lorgner sur le terrain américain, ce n’est vraiment pas si ordinaire. Cherchez en France…
Tobias Lindholm nous implique dans ce quotidien des soldats de la coalition, des années après le début de cette guerre contre les talibans qui traine et apporte chaque jour son lot de victimes. Comme cette petite famille afghane qui accueille l’aide des militaires danois à bras ouverts, mais la nuit est sous menace des talibans qui surgissent des montagnes. C’est d’ailleurs chez eux que le plus gros retournement de A War va s’opérer, sans que l’on s’y attende forcément, et qui aura des répercussions inattendues pour un film de guerre.
Prenant une décision dans le feu de l’action, le commandant Pedersen va devoir justifier de son action auprès de sa hiérarchie. Son initiative aurait causé de nouvelles victimes collatérales et il devra en répondre, au pays, face à un tribunal civil. Lindholm scinde son long-métrage en deux portions qui dialoguent entre elles, celle d’un film de guerre et l’autre de procès. La séquence d’action filmée au cœur de l’action sera épluchée dans les détails au milieu de ce tribunal gris, neutre et aseptisé. Les militaires danois assistant à l’audience paraissent alors comme déracinés, loin de la zone de combats qui étaient devenu leur univers depuis des années. Cela sera aussi le cas du commandant Pedersen qui retrouve sa femme, son fils et sa fille, mais ne pouvant s’empêcher de penser à ses hommes et à l’Afghanistan.
Tobias Lindholm nous propose avec A War un film de guerre intimiste par son minimalisme qui confronte, comme Hijacking avant lui, deux mondes antagoniques entre lesquels chaque soldat doit essayer de se reconstruire.
A War, de Tobias Lindholm – Sortie le 1er juin 2016
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