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Etrange Festival 2014 #3 – The Dark Valley, Il est difficile d’être un dieu…

Les 20 ans de l’Etrange Festival touchent déjà à leurs fins, alors que le Festival du film fantastique de Strasbourg commence seulement.

Au programme aujourd’hui : un film de genre allemand avec Sam Riley, un teenmovie, toujours allemand, un polar, et ce qui semble être déjà la révélation de 2015.

Jean-Victor revient longuement sur « Il est difficile d’être un dieu », film russe sur un groupe de scientifique envoyé dans ce qui semble être le Moyen-Âge.

On vous laisse avec les critiques de Jean-Victor. Le film a déjà une date de sortie au 11 février 2015.

 

 

The Dark Valley
de Andreas Prochaska (2014)
Le cinéma de genre allemand se porte plutôt pas mal.
C’est en tout cas ce que nous apprend The Dark Valley, western enneigé avec l’anglais Sam Riley en premier rôle, qui s’est offert pas moins de 7 Lola (les Césars allemands) cette année.
Notre héros est un photographe au début du 20ème siècle qui débarque dans un village reculé en montagne où va s’abattre une série de meurtres mystérieux, dans un microcosme soumis aux ordres d’une famille tyrannique. Baignant dans une lumière et une ambiance sublime, où l’on découvre les traditions d’un peuple qui a eu bien du mal à changer d’époque, The Dark Valley offre un récit de vengeance somme tout assez classique mais bien amené par une écriture des personnages assez forte. Si la structure du film pèche par moment, avec un ventre mou sans doute trop didactique, il opère une vraie faute de goût assez incroyable sur la musique d’intro et surtout de fin, où comment l’une des fusillades finales est couverte par une pseudo ballade pop rock moderne complètement anachronique et hors sujet. Excepté ces petites incursions musicales à côté de la plaque, le film a fière allure et fait preuve d’un classicisme des plus élégants.
Il aurait même mérité d’être à Cannes à la place d’un navet comme The Salvation, mais ça, c’est une autre histoire…

 

Wetlands
de David Wnendt (2014)
Helen est une adolescente non-conformiste qui entretient une relation conflictuelle avec ses parents. Passant la plupart de son temps à traîner avec son amie Corinna, avec qui elle transgresse un tabou social après l’autre, elle utilise le sexe comme un mode de rébellion et casse la morale bourgeoise conventionnelle. Après un accident de rasage intime, Helen se retrouve à l’hôpital où il ne lui faut pas longtemps pour faire des vagues. Mais elle y rencontre Robin, un infirmier dont elle va tomber follement amoureuse…
Allemagne toujours, et la preuve par deux fois après The Dark Valley que les spectateurs allemands n’ont pas froid aux yeux, avec ici un succès populaire auprès de la jeunesse là-bas, au sujet plutôt surprenant. Adapté d’un roman sulfureux, Wetlands présente la vie d’une adolescente au beau milieu de ces multiples expériences sexuelles, qui a la particularité d’avoir fréquemment en plus des hémorroïdes. Ça peut arriver, en effet. Conté à la première personne avec une voix off omniprésente et un montage très dynamique, ce teen movie parle ouvertement de sexe et s’avère sans complexe, porté par une actrice principale qui n’a visiblement aucun problème avec son corps et qui excelle dans le rôle de la nana qu’on adore détester et vice versa. Si la réalisation très pop est assez irréprochable et même très soignée, si le film ne recule devant rien et montre tout, absolument tout (notamment le fameux rite de « la biscotte » avec une pizza) et si on s’amuse pas mal devant une œuvre joyeusement déglinguée, son scénario un rien paresseux peine à maintenir l’intérêt jusqu’au bout tant on comprend le personnage, ces motivations, ces envies et le déroulement de l’histoire très rapidement. Wetlands n’en reste pas moins une chronique frontale de l’adolescence qui cerne particulièrement bien les paradoxes et la folie de l’âge, et le simple fait qu’un film aussi cru ait cartonné dans son pays montre qu’on a encore du chemin à faire par chez nous pour en dire autant.

 

Il est difficile d’être un dieu
d’Alexeï Guerman (2013)
Un groupe de scientifiques est envoyé sur Arkanar, une planète placée sous le joug d’un régime tyrannique à une époque qui ressemble étrangement au Moyen-Âge. Tandis que les intellectuels et les artistes sont persécutés, les chercheurs ont pour mot d’ordre de ne pas infléchir le cours politique et historique des événements. Le mystérieux Don Rumata à qui le peuple prête des facultés divines, va déclencher une guerre pour sauver quelques hommes du sort qui leur est réservé…
10 ans de tournage, un réalisateur qui passe l’arme à gauche pendant la post-production ou simplement l’adaptation d’un roman des frères Strougatski (les mêmes qui ont écrit Stalker) : Il est difficile d’être un dieu réunissait toutes les conditions pour être le film le plus attendu de cet Etrange Festival. Tout ça sur un sujet forcément casse gueule, puisqu’il est question d’une planète semblable à la terre, sur laquelle la civilisation humaine est en retard de 800 ans. Infiltré parmi les natifs pour les étudier, un homme va devoir régler des problèmes propres à sa position de Don (ou Roi) tout en évitant de briser sa prérogative originelle : ne pas tuer.
En soit, le synopsis du film s’oublie vite pour se dire que le héros est une sorte de spectateur tout puissant d’un Moyen Âge en pleine déchéance, où toute forme d’art et d’écrit est désormais proscrite. L’occasion rêvée pour feu Alexeï Guerman de mettre en scène une vision apocalyptique de cette époque difficile, qu’il pousse dans ses retranchements les plus sombres.
Le long métrage de presque 3 heures est quasi intégralement constitué de plans séquences dans lesquels la caméra virevolte, se ballade tel un individu à part entière, ou une sorte d’entité totalement libre, qui va parfois jusqu’à épouser le point de vue d’un personnage pour voguer à sa guise ensuite en étant visiblement bien ancrée dans le décor comme en témoigne de nombreux regards caméras et interactions avec les passants. Presque non narrative pour privilégier une immersion totale, la mise en scène est paradoxalement en accord avec son environnement puisque l’humanité est ici à un état quasi sauvage, ne vivant que pour bouffer, s’envoyer en l’air et se vautrer dans ses excréments, le héros se retrouvant face à des animaux, et à un chaos intellectuel par la même occasion.
Le tout fait qu’on est plongé comme jamais presque un millénaire en arrière, la sensation de vivre dans cette ère désespérée tenant de l’expérience sensorielle inédite au cinéma, quelque part en Cuaron, Tarkovski ou Herzog. La longue production ne se fait pas ressentir tant le résultat est cohérent de bout en bout, et on assiste halluciné à une série de visions d’un réalisme époustouflant, la direction artistique amenant à un degré encore jamais vu la barbarie, la crasse et l’insalubrité totale de ces temps anciens.
On ressort avec la sensation d’avoir emprunté une machine à remonter dans le temps tordant ce dernier de manière dystopique. Une fresque gargantuesque, exigeante par l’âpreté absolue de son récit, d’une colossale ambition constamment renouvelée dans l’exécution et qui impose une peinture définitive à sa façon de cette période historique, bien plus pointue et extrême que ce qu’ont pu faire Verhoeven, McTiernan ou encore Ridley Scott dans leur représentation de ce siècle.
Sa sortie en février prochain constitue d’ores et déjà un des évènements immanquables de 2015 tant on tient là un projet de cinéma égal à aucun autre.

 

Hyena
de Gerard Johnson (2014)
A Londres, Michael, un policier corrompu, entretient des liens avec des dealers albanais. Commence alors une descente dangereuse, questionnant la morale du personnage.
On trouve de sacrés spécimens à l’Etrange. Prenez Gerard Johnson par exemple, le réalisateur de Hyena. Ce brave monsieur dont c’est le deuxième long métrage trouvait que le cinéma policier britannique était délaissé par rapport aux séries et téléfilms dans son pays, et qu’il manquait de peps.
Soit. Mais là où ça devient intéressant, c’est que selon le même homme, il n’y avait pas assez de polars faits « comme les français ». Oui, c’est vrai qu’on est un pays référence dans la matière en ce moment. Du coup, problème résolu avec Hyena, l’histoire d’un flic ripou qui se prend une tornade d’emmerdes en pleine tronche après avoir misé de l’argent là où il ne fallait pas.
Poncifs ultra éculés, personnages stéréotypés comme pas permis, mise en scène ultra plate et même style incohérent (avec un générique 80’s façon Thief de Michael Mann face à une réalisation en mode 36 Quai des Orfèvres, allez comprendre), le tout sur un scénario plat de chez plat de chez plat.
Très très plat donc, et déjà oublié.

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