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Critique : Maniac

L’Etrange Festival commence ce soir à Paris avec la projection de Headhunters et durera dix jours. Comme chaque année, nous y serons et Jean-Victor a d’ores et déjà un planning incroyable.

Comme un avant-goût de ce qui vous (nous) attend, voici la critique de Maniac réalisé par Frank Khalfoun et produit par Alexandre Aja. Le film est un remake d’un classique des années 80 mis en scène par William Lustig.

David a vu le film au Festival de Neuchatel il y a quelques semaines. Il sera projeté à l’Etrange jeudi 13 septembre à 19h et sortira en salles à la fin de l’année.

 

C’est dans le cadre de la Compétition Internationale du NIFFF (Neuchâtel International Fantastic Film Festival) 2012 que j’ai assisté à la projection du remake de « Maniac » dans la salle du Temple du Bas pleine à craquer pour l’occasion. Les retours de la première projection étaient plus que positifs, certains journalistes parlaient même de chef d’œuvre… Dans cette même salle, une année auparavant, William Lustig était venu présenter son classique des années 80. Lors du « Q&A » à la fin de la projection, il avait évoqué le projet de remake coproduit par Alexandre Aja (« Haute tension » et « La colline à des yeux ») dont la réalisation avait alors été confiée à Grégory Levasseur son complice de toujours (scénariste et directeur artistique). Quelques mois plus tard, on apprenait que la réalisation avait finalement été confiée à Franck Khalfoun, réalisateur du très moyen « 2ème sous-sol », et le rôle de Frank Zito attribué à Elijah Wood… le projet semblait mal parti !

Une année après la redécouverte de l’original sur grand écran, le choc est pratiquement le même : le « Maniac » produit par Aja fait mal, très mal… A l’image du remake de « La colline à des yeux », le « Maniac » version 2012 n’est pas un vulgaire « copier/coller » du film éponyme de Lustig mais une relecture. Pour ce faire, le trio Aya-Levasseur-Khalfoun a décidé de s’éloigner totalement de la « forme » de l’original au travers d’une mise en scène principalement en vue subjective : pendant plus d’1h30, le spectateur va voir au travers des yeux d’un tueur en série. Ce choix judicieux de mise en scène permet une immersion totale du spectateur et met considérablement en avant le côté graphique et spectaculaire des meurtres (l’apparition du titre « Maniac » sur le crane scalpé de la première victime fait l’effet d’une grosse baffe), ce qui attenue légèrement la dimension psychologique de l’œuvre originale. Cette dimension est surtout développée dans la psychologie du personnage de Frank Zito, son obsession pour les mannequins, déjà présente dans le film de Lustig, tourne ici en véritable psychose (la scène finale est juste magnifique) et sa relation avec sa maman, son traumatisme, est plus détaillé au travers de plusieurs flashbacks. Le point de vue subjectif est d’ailleurs abandonné le temps de ces scènes de flashback et durant les moments fantasmés avec Anna et également à la fin de deux meurtres où Zito est littéralement transporté par sa jouissance, ce qui permet de varier la mise en scène des meurtres.

Franck Khalfoun, fait preuve d’une maîtrise technique impressionnante (à quelques exceptions près lors de légers décalages dans les reflets) qui laisse planer l’ombre d’Alexandre Aya, très présent durant la phase de tournage.
Tous ces éléments : la vue subjective du tueur, le traumatisme lié à l’enfance, les scènes de meurtres très violentes et sanglantes, apportent à ce « Maniac » version 2012 une touche très « giallo ».

Le trio Aya-Levasseur-Khalfoun se débarrasse intelligemment de quelques scènes marquantes de l’original : la scène de « cache-cache » dans les toilettes, qu’Aja avait déjà remakée dans « Haute tension », et la scène du meurtre de Tom Savini (la tête explosée). Il livre également un très bel hommage à l’œuvre originale lorsqu’à la fin d’une scène de meurtre le bas de la silhouette de Zito, tenant le scalpe d’une de ses victimes dans la main gauche et un couteau dans celle droite, se reflète dans la carrosserie d’une voiture (ce plan fait directement référence à l’affiche du film de Lustig).

A l’annonce du casting, il était difficile de s’imaginer Frank Zito, magnifiquement interprété par un Joe Spinell bestial et imposant, sous les traits fluets de Frodon. C’était sans oublier qu’Elijah Wood s’était déjà essayé, avec succès, au rôle de tueur en série psychotique dans le « Sin City » de Robert Rodriguez et Frank Miller en 2005. Etant donnée le parti de mise en scène pris, Elijah Wood est finalement très peu présent à l’écran. Mais chacune de ses apparitions, principalement sous forme de reflets dans des miroirs, fonctionne à merveille et lui permet de livrer une prestation halluciné et hallucinante qui le rend parfaitement crédible dans le rôle de Zito. La faiblesse de son physique est intelligemment exploitée dans une scène où il se fait rabaisser et humilier dans les toilettes hommes d’une galerie. Cette opposition physique entre Spinell et Wood est également évoquée au travers d’une conversation avec l’une de ses (futures) victimes : le clin d’œil fonctionne parfaitement ! De plus, la relation entre Frank et Anna (interprété par Nora Arnezeder), celle qui pourrait remplacer sa maman, fonctionne mieux que dans le « Maniac » de Lustig. En effet, leur passion commune plus crédible leur attirance réciproque.

Le « Maniac » du trio Aya-Levasseur-Khalfoun est un magnifique hommage à l’œuvre originale de William Lustig et Joe Spinell et une réussite à tous les niveaux. Cette relecture s’inscrit parmi les meilleurs remakes réalisés, à coté de « La colline à des yeux ».

 

Maniac – Sortie le 26 décembre 2012
Réalisé par Franck Khalfoun
Avec Elijah Wood, America Olivo, Nora Arnezeder
Un psychopathe sème la mort en ville en scalpant ses victimes pour recréer sa mère abusive décédée plusieurs années auparavant.

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