Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Critique : Crimson Peak

Le nouveau film de Guillermo del Toro sort ce mercredi dans les salles et nous avons patienté bien longtemps avant de pouvoir vous en parler, à la demande du distributeur.

Néanmoins, même si le planning des salles est bien dense en ce mois d’octobre, même si vous aviez peut-être été convaincu d’aller voir d’autres choses cette semaine, ne passez pas à coté de la réalisation du metteur en scène de l’Echine du Diable…

 

LA CRITIQUE

Guillermo del Toro avait commencé à écrire Crimson Peak après avoir terminé le Labyrinthe de Pan et bien avant de s’engager dans de très nombreux projets, de l’adaptation des Montages Hallucinées à la réalisation du Hobbit en passant par plusieurs productions animées dans lesquelles il est allé mettre son grain de sel. Finalement, après avoir tourné l’énorme Pacific Rim dont on attend la suite avec impatience, le voici de retour avec une histoire de maison hantée.

Le film est une grande réussite qui met à l’amende toutes les productions horrifiques grand public sorties ces dernières années.

Crimson Peak (« pic écarlate ») est le surnom donné à un manoir anglais parce qu’il se trouve au sommet d’un forage d’argile rouge, terre donnant une couleur de sang au sol qui la contient. Mais le film commence aux Etats-Unis, au 19e siècle. On va suivre une jeune romancière débutante qui se fait séduire par un mystérieux inconnu, lui-même accompagné de sa soeur. Suite à un évènement tragique, elle va accepter de le suivre dans sa demeure anglaise. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu dans cette vieille maison au toit percé et aux murs rouges sang, non seulement parce que les apparences sont bien souvent trompeuses mais aussi parce que depuis sa plus tendre enfance elle voit des fantômes…

Pour raconter son histoire, Guillermo del Toro prend son temps. Il introduit les protagonistes principaux à travers une simple scène aussi simple qu’efficace, sans s’enfoncer dans des tunnels de dialogues, mais il prend quand même le temps de faire monter la mayonnaise de la romance entre l’héroïne portée par une Mia Wasikowska parfaitement à sa place et Tom Hiddleston à qui, c’est vrai, il est difficile de résister. Il faut donc presque une heure de récit pour qu’on finisse par arriver à la maison qui donne son titre au film, mais à ce moment-là l’empathie (ou la méfiance quand il s’agit de Jessica Chastain) pour les personnages est totale.

C’est alors que la réalisation du mexicain peut prendre son envol, à travers de très longs plans dans les couloirs du manoir que va découvrir la jeune Edith, un décor gothique à souhait, aussi effrayant que les plans sont beaux. Del Toro livre en effet un film visuellement magnifique, où chaque scène, parfois seulement éclairées à la bougie, semble sortir d’un tableau parfaitement réalisé. Il travaille aussi fortement son ambiance sonore : le manoir de Crimson Peak craque, respire, pleure du sang et ne peut que se révéler inquiétant.

A une époque où tout n’est plus que found footage et jolies maisons de la Nouvelle Angleterre, Del Toro cite La Maison du Diable de Robert Wise ou Les Innocents de Jack Clayton, rappelant ce qu’est un vrai film de maison hantée. Il va même jusqu’à donner le nom de Cushing (comme Peter, donc, bien connu pour ses rôles dans les films de la Hammer) à son héroïne. Au même titre que Pacific Rim était sans doute le film-somme de l’influence asiatique sur la carrière du réalisateur, Crimson Peak est donc son hommage à un genre qu’il affectionne particulièrement. Mais non content de citer ses maitres et ses inspirations, Del Toro s’empare des codes du genre pour mieux se les approprier. Le film commence donc comme une romance classique et non pas comme un film d’horreur puis, après une scène d’une violence pas vue depuis Le Labyrinthe de Pan, s’approprie les codes pour mieux les détourner et raconter quelque chose de différent. Le réalisateur, qui avait déjà traité des fantômes dans L’Echine du Diable rappelle à travers son film que le mal ne vient pas forcément de ce qu’on croit et que les êtres surnaturels pouvant potentiellement nous entourer ne sont pas systématiquement néfastes.

Il résulte de tout ça des sensations qui ne sont pas celles d’un film d’horreur habituel. Ici, peu de sursaut dus à des jumpscares idiots et pas de scènes gratuitement gores (même si deux passages sont particulièrement gratinés). Non. On suit la descente aux enfers du personnage de Mia Wasikowska avec empathie puis inquiétude. Et petit à petit, une peur, un frisson s’insinuent doucement en nous pour mieux exploser lors du final. Crimson Peak est le genre de film qui vous prend par surprise, finit par vous glacer et vous fait encore vibrer une fois sorti de la salle.

Au final, Crimson Peak n’a rien du film de maison hantée classique et n’est pas vraiment un film d’horreur au sens surnaturel du terme. C’est d’abord et avant tout une histoire profondément humaine, marquée par l’amour et es folies des hommes. Et c’est aussi un pied de nez aux productions actuelles à la Blumhouse et autres Paranormal Activity 42. Il mériterait rien que pour ça votre attention. Mais il recèle encore bien d’autres choses…

 

Crimson Peak – Sortie le 14 octobre 2015
Réalisé par Guillermo del Toro
Avec Mia Wasikowska , Tom Hiddleston, Jessica Chastain
À la suite d’une tragédie familiale, une romancière en herbe est déchirée entre l’amour qu’elle porte à son ami d’enfance et son attirance pour un mystérieux inconnu. Alors qu’elle tente d’échapper aux fantômes de son passé, elle s’aventure dans une sombre demeure étrangement humaine, qui respire, saigne et se souvient.

Voir les commentairesFermer

Laisser un commentaire