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Critique : World Invasion Battle Los Angeles

Peu de critiques françaises de Battle Los Angeles ont filtré jusqu’à présent alors que le film sort sur les écrans mercredi prochain et ce parce que le distributeur français préfère ne s’orienter que vers la presse papier, oubliant qu’en 2011 Internet est un média essentiel.

Bref, qu’à cela ne tienne, le film de Jonathan Liesbesman est sorti ce vendredi outre-Manche et notre correspondant à Dublin y a consacré sa soirée. Pour un résultat qui n’est malheureusement pas à la hauteur des images promotionnelles…

Voici sa critique de World Invasion : Battle Los Angeles

 

 

Battle : Los Angeles – sortie le 16 mars 2011
Réalisé par Jonathan Liebesman
Avec Aaron Eckhart, Ramon Rodriguez, Michelle Rodriguez
Des pluies de météorites inattendues frappent la planète de façon simultanée à des points étrangement stratégiques. Très vite, il se révèle évident qu’il ne s’agit pas de météorites, mais d’appareils d’invasion extra-terrestres. Alors que les défenses terriennes cèdent sous les attaques aliens, les Marines de la ville de Los Angeles s’organisent et partent au secours des civils. La guerre a commencé…

 

Avant toute chose, j’aimerais vous présenter mes excuses. Je vous ai menti. Le synopsis proposé plus haut est bien trop romancé et dramatique pour témoigner réellement de la qualité d’écriture de ce film. Pour essayer d’être plus proche des faits, accordez-moi une seconde chance :

Des méchants extra-terrestres envahissent la Terre et les gentils Marines doivent les tuer. Et y a un groupe de civils au milieu.

Oui, voilà qui est bien plus fidèle à la recherche scénaristique effectuée par l’équipe de Battle : L.A. Ne vous méprenez pas, je n’ai absolument rien contre les postulats de départ simples et ayant fait leurs preuves comme celui-ci. En revanche, lorsque la fainéantise (ou la malhonnêteté, à vous de voir) devient la norme narrative d’une œuvre, il y a de quoi s’inquiéter.

La campagne marketing du film avait été plutôt surprenante. Peu d’informations avant le premier trailer, une bande-annonce justement digne d’intérêt, et beaucoup d’affichages et de mise en évidence des posters. Il est clair que le studio espère convaincre le public que la bataille pour Los Angeles va être captivante. Et bien non.

Après quelques images d’invasion pour titiller l’intérêt des spectateurs, le film commence réellement avec l’une des plus pitoyables expositions qu’il m’ait été donné de voir. Près de dix minutes d’introduction individuelle des personnages, chacun accompagné de leur nom s’affichant à l’écran dans un aveu pur et simple de facilité d’écriture, relevé aux doux sons des tubes rock de l’année. Ce diaporama cacophonique moins intéressant que ma dernière coloscopie annonce la couleur : des personnages sacrifiables et interchangeables, que le scénariste ne s’est même pas donné la peine d’esquisser. Certains diront peut-être que Nantz, le personnage interprété par un Aaron Eckhart qui n’en a clairement rien à faire d’être là, a deux ou trois répliques bad-ass qui le définissent. Là non plus, ça ne marche pas, Nantz est un stéréotype, une coquille vide sans particularité. Aux côtés d’Eckhart, ses collègues jouent les Marines durs à cuire honorés de deux lignes de dialogue chacun, et les quelques civils servent à donner l’illusion de la présence d’une conscience dramatique.

Illusion en effet, parce que le récit se fiche bien de construire une quelconque évolution dans l’intrigue. Les aliens arrivent, cassent tout, on se défend, ça pétarade pendant une heure et demie, et voilà (enfin) le générique de fin. Du bruit, des acteurs qui hurlent, et une caméra portée à l’épaule dans l’espoir vain que ça participera à l’immersion du spectateur, tout ça donne la désagréable impression qu’on nous prend pour des idiots à qui il plait d’ingurgiter de la farine animale clonée. Empruntant au survival, comme au film de guerre et au film d’invasion, Battle : L.A ne décolle absolument jamais, empêtré dans cette volonté de délivrer du grand spectacle à un public qui ne peut qu’être indifférent à cette démonstration de pyrotechnie de quatre-vingt-dix minutes.

Les amateurs d’action ne pourront d’ailleurs même pas se réconforter avec le plat principal, puisque les fusillades souffrent d’un découpage et d’un cadrage épileptique à vomir. Si au début, la caméra portée est acceptable, à la fin du film, on ne peut se poser que deux questions : Liebesman a-t-il la moindre justification à ce choix, et pourquoi diable n’a-t-il pas exigé un budget plus conséquent ? Ça lui aurait permis d’acheter un trépied. Oui bon, c’est vrai, les deux money-shots du film sont tournés en plan fixe, au temps pour moi.

En quoi Battle : L.A est-il donc inquiétant ? Au-delà du fait que le scénariste Bertolini nous prouve qu’on peut encore être rétrograde dans l’utilisation des codes de la SF au cinéma (il n’a pas dû voir Moon, Les Fils de l’Homme, Sunshine, ou District 9), il signe le script le plus pauvre du genre depuis bien longtemps à égalité avec Skyline. De plus, rien dans cette histoire ne donne aux caractéristiques SF une quelconque légitimité ; si les extra-terrestres avaient été remplacés par des néo-communistes, des néo-nazis ou même des néo-Huns, l’intrigue s’en serait sans doute trouvée enrichie. Vous me direz que même certains scripts troués ou fainéants peuvent être divertissants (Star Trek d’Abrams), ou amusant dans leur nullité (Independence Day) grâce aux autres éléments du film. Le gros problème de Battle : L.A, c’est qu’aucun élément n’est là pour rattraper l’autre dans sa chute abyssale. Pardon ? Les effets visuels sont réussis ? Oui, encore heureux tout de même.

Preuve qu’aujourd’hui, aligner une poignée d’extra-terrestres et d’explosions suffit à remplir les salles quel que soit la pauvreté du reste du métrage, le film de Liebesman rend le héros d’action obsolète au profit d’une plastique qu’il fait unique argumentaire de vente. Faîtes-vous une faveur, n’allez pas voir cette attraction foraine bidimensionnelle qui plie sans mal sous l’accomplissement artistique du feu d’artifice du 14 juillet.

Fatiguant, indigent et sans intérêt.

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3 commentaire

  • par Master Fader
    Posté samedi 12 mars 2011 13 h 06 min 0Likes

    Arkaron est indubitablement le meilleur critique de Cloneweb, notamment par son très agréable, et toujours judicieux, usage de la syntaxe !

  • par Misutsu
    Posté mercredi 16 mars 2011 9 h 37 min 0Likes

    J’ai eu l’impression de regarder quelqu’un en train de jouer à un FPS
    « Nouvel objectif, go go go, montrez-moi que vous avez des couilles, tu m’as compris Santos »
    « Nouvel objectif, go go go, montre-moi que vous êtes pas des gonzesses, sans t’offenser Santos »
    « nouvel objectif, go go go, on va tous les niquer, serre les dents Santos »

  • Trackback: CloneWeb » Demain c’est … mercredi 16 mars

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