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Critique : Route Irish

Route Irish, le nouveau film de Ken Loach, réalisateur entre autre de l’excellent Le Vent Se Lève, avait été montré à Cannes en 2010. Avec ses trois nominations (Palme d’Or, Grand Prix, et Prix du Jury), le film arrive presque un an plus tard dans les salles françaises.

Cette fois, le metteur en scène nous emmène en Irak et nous fait suivre deux amis s’engageant dans la guerre pour se faire un peu d’argent en tant qu’agents de sécurité. Quand l’un meurt, l’autre se met à enquêter sur ce qui s’est réellement passé, rejetant la version officielle.

Voici la critique.

 

Route Irish – Sortie le 16 mars 2011
Réalisé par Ken Loach
Avec Mark Womack, Andrea Lowe, John Bishop
En septembre 2004, Fergus (ancien des SAS) persuade son ami d’enfance Frankie (ancien para) d’intégrer son équipe d’agents de sécurité, à Bagdad, pour un salaire mensuel de 12.000 livres, non imposable. C’est leur dernière chance de “se faire du blé” dans cette guerre dont la privatisation va croissant. Ensemble, ils vont risquer leur vie dans une ville où règnent la violence, la terreur, l’impunité et l’avidité. Une ville par ailleurs inondée de milliards de dollars américains.
En septembre 2007, Frankie meurt sur la “Route Irish”, la route la plus dangereuse de Bagdad. Fergus rejette l’explication officielle et, brisé par le chagrin, retourne à Liverpool où il entame sa propre enquête sur la mort de son alter ego.

 

Green Zone, Redacted, Dans la Vallée d’Elah, Battle for Hadidha, Lions & Agneaux, Jarhead, Fair Game…
La liste des films traitant de la guerre en Irak et de celle du Golfe est tellement riche que l’on serait presque tenté de croire que c’est devenu un genre à part entière. Le trait est un peu gros certes mais le cinéma du monde entier s’est penché sur ce conflit récent et le spectre du 11 septembre, avec toujours l’idée d’une dénonciation derrière, et de mettre une énième tique contre la politique et administration Bush ou les problèmes qui en dérivent plus ou moins directement.
Après avoir livré dans la comédie sociale avec Looking for Eric, c’est Ken Loach qui prend son tour pour débattre du sujet avec Route Irish, passé plus ou moins inaperçu lors du dernier festival de Cannes. Et pour le coup, c’est compréhensible…

Ken Loach s’attaque donc au conflit majeur de ce début de siècle en suivant l’histoire d’un agent de protection privé vivant à Glasgow et ayant travaillé en Irak qui va mener l’enquête sur la mort de son meilleur ami décédé sur le terrain dans des circonstances atténuantes. Le récit va jongler entre l’habituelle chronique sociale comme le cinéaste les affectionne tant et les recherches menées par cet ancien agent dont le travail ne va cesser de le faire aller et venir, ou du moins la caméra, entre l’Angleterre et le cœur du conflit à Bagdad.
Histoire de se rattacher à l’humain, Ken Loach va non seulement se baser sur cet homme prêt à tout pour faire triompher la vérité mais aussi sur la femme de son ami décédé, ouvrant la voix à des rapports conflictuels permettant d’ajouter au drame du film.
Seulement se pose là un des premiers soucis du long métrage : à trop vouloir dénoncer tout en préservant l’humain, le réalisateur s’embourbe dans un récit bordélique prenant déjà énormément de temps et d’énergie à rendre l’enquête passionnante et riche en rebondissements.

La chose étant que faire de l’investigation, c’est bien mais le faire en investiguant, c’est mieux.
Difficile pour un personnage qui passe la plupart de son temps derrière son bureau à chatter avec son correspondant militaire toujours en service sur place qui va lui amener des indices. A côté de ça, on va donc avoir droit à des déplacements sur territoire anglais et à des rencontres avec des haut placés de la société de sécurité en question tandis que la partie dramatique du film n’apporte absolument rien de neuf sous le soleil, avec des personnages et des situations déjà vues à plusieurs reprises chez le cinéaste.
Tout ça pourrait être relevé par un propos pertinent mais Ken Loach et son scénariste s’enlisent dans le paradoxe de leur sujet : d’un côté, ces agents de protection mènent un effort de guerre indéniable et peuvent être considérés comme une partie non négligeable des forces déployées, mais d’un autre point de vue, elles sont payées une fortune pour ça et les abus sont aussi notables chez ces hommes là. Voilà pour le cours de géopolitique, auquel on ajoutera pas grand-chose, vu que le cinéaste semble tour à tour défendre puis dénoncer les méthodes employées, piégé par un sujet fort complexe et qui doit sans doute s’étudier au cas par cas plutôt que de le résumer aussi sommairement. Car comme toujours avec ce genre de question, la réponse n’est jamais simple et ce n’est surtout pas en tirant des généralités que l’on va résoudre quoi que ce soit.

Route Irish ressemble donc à son sujet et au traitement qu’il lui est appliqué, à savoir un problème complexe auquel on tente d’apporter une réponse simple et impossible.
Coincé le derrière entre deux chaises, Ken Loach brode autour dans un film finalement assez vain et dont on sort en se demandant ce que diantre le cinéaste a bien voulu nous dire là.
Pas sûr donc que ça vaille la peine de se replonger dans le sujet…

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