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Critiques SXSW : Like Me, Hot Summer Nights, Game of Death
Entre deux gros films attendus que nous vous chroniquons en vidéo, nous enchainons à Austin les projections de longs métrages se cherchant encore des distributeurs et donc des dates de sortie. Peut-être que certains de ces titres traverseront prochainement l’Atlantique pour se retrouver dans un bon festival de genre bien de chez nous ? Rien n’est moins sûr.
En attendant, il est question aujourd’hui de sensations fortes, d’ados en quête d’amour et d’un Jumanji gore. Tout un programme.
Like Me (2017) de Rob Mockler
Une mystérieuse demoiselle fait le buzz en ligne en postant des vidéos étranges où elle mène des expériences extrêmes, comme lorsqu’elle braque une station-service pour le simple plaisir d’observer la réaction du vendeur. Forcément, sa quête de sensations fortes va devenir de plus en plus incontrôlable.
Un premier film qui cherche d’entrée à faire fort, notamment lorsqu’il utilise un montage stroboscopique de bouches mâchant salement de la nourriture et autres joyeusetés dans le même genre. Passé l’aspect arty un peu « choc » qui amuse plus qu’autre chose tant il est lâché gratuitement à la tronche du spectateur, Like Me parvient à créer une atmosphère envoutante sur la durée, la quête du personnage joué par Addison Timlin trouvant un écho de plus en plus juste au fur et à mesure des scènes. Le vide sentimental et sensoriel devient progressivement tangible, et l’on se prendrait presque d’affection pour cette tête brûlée aux actes répréhensibles, grâce à une réalisation enlevée pas toujours accomplie faute de budget, mais qui se donne à fond pour créer ce cocon étrange et insalubre. Le film parvient en plus à dénoncer sans trop forcer l’aspect artificiel des réseaux sociaux et de la quête de célébrité en ligne, où les gens se passionnent pour des faits divers grotesques auxquels ils essaient de donner de l’importance en multipliant les avis en ligne.
Un OVNI un peu trop proclamé comme tel pour être obsédant donc, même si ça n’affecte pas trop la curiosité de sa proposition.
Hot Summer Nights (2017) d’Elijah Bynum
L’adolescence, la recherche de soi et les amours d’été, ce n’est pas tellement un sujet nouveau au cinéma. Chaque époque et chaque génération ont le droit à leur série de teen movies sur le sujet, chacun essayant tant bien que mal de traduire la nostalgie envers l’époque et les sentiments avec justesse.
Après une domination des 80’s en la matière, les années 90 sont désormais la période de prédilection pour le genre, comme le prouve Hot Summer Nights, avec un ado solitaire largué au Cape Cod en été qui va évidemment faire des rencontres changeant sa vie, et accessoirement se mettre au trafic de drogue pour financer ses sorties.
Si le film d’Elijah Bynum n’a rien de nouveau à montrer sous le soleil, il n’en est pas moins bien senti dans sa peinture de cette période cruciale avec des personnages embrassant certains archétypes sans être vides pour autant. Le film célèbre avec un plaisir communicatif la culture pop de l’époque, le parcours du héros fait sens et il y a en plus la très jolie Maika Monroe pour faire tomber le cœur du héros, et un peu celui du spectateur. Pour aller plus loin, le film tente même un troisième acte plus sombre, qui aborde les ténèbres de l’âge au détour de secrets de famille, une intention louable malheureusement plombée par une exécution un peu lourde qui se fait sentir sur le rythme du récit et l’intérêt qu’on lui porte, la faute à des scènes qui peinent à cacher leurs mécaniques ultra classiques.
On partage cependant trop de traits en commun avec le parcours du héros pour que ça gâche le plaisir. Attendons de voir avec curiosité ce que le réalisateur proposera par la suite.
Game of Death (2017) de Sebastien Landry & Laurence “Baz” Morais
Une bande d’ados profite de l’absence des parents pour vaquer à leurs occupations, et trouve un jeu de société intitulé Game of Death, qui leur pique une goutte de sang au lancement de la partie et affiche un compteur à 24, censé descendre dès qu’un humain est tué. Sauf que le jeu n’a rien de virtuel, et si les participants ne s’exécutent pas, ils verront la tête de l’un des leurs exploser au bout d’un certain temps…
Avec son concept rigolo de Jumanji gore, Game of Death était voué à une projection de minuit bien débile, qu’on espérait la plus fun possible. C’était sans compter sur un film qui se prend vite trop au sérieux et délaisse l’exploitation bourrine et bas du front de son concept jouissif pour voir ses crétins de personnages se prendre le chou sur comment résoudre le problème plutôt que s’adonner à une série de meurtres salvateurs. Conçu pour être diffusé sur la plateforme mobile Black Pills, où il sera découpé en épisodes de 10 minutes, le récit se traîne un montage pachydermique avec des moments de vides plombants, et peine à livrer sur la durée son lot de morts rigolotes, comme un Destination Finale aurait pu le faire.
Alors certes, il y a bien ça et là quelques crânes qui explosent, ce à quoi on peut difficilement résister. Cela étant, si c’était pour prendre la tête du spectateur, était-ce vraiment la peine ?