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Un Dimanche, Une Critique : Steamboy

5e et dernier volet du cycle des critiques du dimanche consacrée à l’Aventure Steampunk.

Dans le genre, difficile de ne pas se tourner vers le cinéma d’animation asiatique où ce ne sont pas les exemples qui manquent. Pour finir, donc, Arkaron a choisi un film qui parle de Steampunk jusque dans son titre, film repassant souvent au cinéma dans le cadre de cycles et notamment il y a quelques jours au Forum des Images à Paris.

Ce dernier numéro de Un Dimanche Une Critique est consacré à Steamboy de Katsuhiro Otomo

 

 

Steamboy – sorti le 22 septembre 2004
Écrit et réalisé par Katsuhiro Otomo
Avec les voix de Anne Suzuki, Masane Tsukayama, Katsuo Nakamura
Dans une Angleterre du 19e siècle bercée de technologies avant-gardistes, le jeune et prodigieux Ray Steam reçoit un étrange appareil de la part de son grand-père. Très vite, des hommes de la Fondation scientifique O’Hara tentent de subtiliser l’objet. Alors qu’il essaie de fuir pour protéger l’invention, Ray se retrouve embarqué dans une course à la technologie qui pourrait avoir des conséquences désastreuses…

 

Réaliser un film culte-instantané, un film si puissant, si inoubliable qu’Akira a sans aucun doute ses avantages. Seulement voilà, ça a aussi ses inconvénients. Avec une telle œuvre sur son CV, tout le monde s’attendait à ce que, pour son deuxième film d’animation, Katsuhiro Otomo se dépasse, qu’il nous transporte, voire pourquoi pas, qu’il brise toutes les barrières pour redéfinir le cinéma !

J’exagère bien sûr (quoique…), mais réaliser un premier film comme Akira condamne presque d’avance toute prochaine entreprise à décevoir un public qui se fixe des attentes par pure spéculation.

Alors, plutôt que de se lancer dans un quelconque projet de dépassement voué à l’échec, Otomo a choisi de revenir en arrière. Revenir en arrière d’abord, en abandonnant le cyberpunk pour son pendant victorien, ensuite, en laissant de côté le thriller torturé au profit de l’aventure, la vraie, l’honnête, la grandiose.

Huit ans de production, l’équivalent de 20 millions de dollars de budget, 180 000 dessins. Ce sont les chiffres les plus marquants du deuxième film d’Otomo. Et le résultat est incontestablement réussi : chaque décor, chaque détail minutieux nous plonge dans l’Angleterre du 19e siècle avec une précision sans faille. Des immeubles aux locomotives en passant par les paysages, la reconstitution historique réalisée par l’équipe du cinéaste est un accomplissement rarement égalé en animation. Et puisqu’on l’évoque, parlons-en : l’animation est une merveille artistique de tous les instants qui, restant plaisante tout au long du film, explose d’ingéniosité dans ses longues et immersives scènes d’action. Derrière sa «caméra», Otomo déploie son talent pour créer une tension continue dans sa mise en scène et donne une nervosité et une amplitude démesurées à ses combats sur terre, sur mer, et dans les airs.

Le rythme de son histoire démarre sur les chapeaux de roue et ne faiblira jamais jusqu’au générique de fin ; et loin d’être exténué par tant d’énergie exprimée par tous les moyens (visuels, mouvements, musique chevaleresque), le spectateur s’en trouve enivré comme rarement. Car Steamboy est avant toute chose une grande aventure accessible à tous. C’est ce qui fait sa force et sa faiblesse. Nul doute que certains trouveront dommage qu’Otomo n’ait pas voulu viser plus haut, mais pour ceux qui vivent le cinéma d’abord et avant tout pour vivre des aventures incroyables, Steamboy est une beauté de narration, certes linéaire, mais tellement efficace qu’il est impossible d’interrompre son visionnage.

Pensé comme une fable à grande vitesse et à grande échelle, le film ne se prive pas d’une exploration des arguments en faveur ou en défaveur de la science, et s’interroge sur son utilisation, ses utilisateurs, et ses fins à plus long terme. Steampunk dans toute sa splendeur oblige, la vapeur remplace les nouvelles technologies sans affaiblir le débat. Au travers de ses personnages clairement définis (mais non monolithiques), Otomo donne vie à une vision affabulée du progrès pour l’art de la science, et le possible travers d’extravagance dans lequel les génies peuvent tomber. Pour lui faire face, il lui oppose une science consciente du problème éthique qu’elle créé, et du danger de son exploitation outrancière. Le scénariste satellise également d’autres positions, telles que la science pragmatique pour l’application militaire, ou la science commerciale pour la création de profits. Au milieu de tout ça, Ray, notre protagoniste que n’importe quel petit garçon a un jour rêvé d’être, doit choisir sa voie et se forger son opinion. Si la substance du film reste principalement en surface, elle a le mérite de se révéler accessible à tout jeune spectateur, et c’est bel et bien le public visé en chacun de nous. Et pour cause, plus le film se déploie, plus chaque machine infernale parait familière ; c’est parce que nous les avons déjà toutes inventées dans notre esprit d’enfant, et Otomo nous propose de les redécouvrir et de nous emmener sur notre terrain de jeu commun : celui de notre imagination.

Akira était un chef d’œuvre de science-fiction visionnaire et poignante qui nous transportait vers l’inédit. Steamboy revient au principe même du cinéma, au plus petit dénominateur commun de l’attente de chacun d’entre nous : l’image pour transcender la réalité, l’image pour nourrir les idées. En un sens, Katsuhiro Otomo s’est bel et bien surpassé. Il a tout donné pour nous offrir la plus grande aventure que nous avions tous oubliée.

-Arkaron

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4 commentaire

  • par DantèS
    Posté dimanche 2 octobre 2011 10 h 39 min 0Likes

    Je n’aurais pas dit mieux moi-meme, tout est splendide dans ce film ! Le nombre de passage culte est impressionnant ! On retiendra la premiere poursuite, entre le cycle motorisé de Ray et l’auto-motive, qui deploi des tresors d’animation et fait preuve d’un souci du détail rarement atteint (regarder le pan de maison qui s’écroule suite au choc avec l’auto-motive ! Rien ne manque !). Cette scène m’a littéralement scotché à mon siège. Une scène équivalente en matière de scotchage est celle de l’explosion finale qui se fige en glace ! Hallucinant de precision !

  • par Docteur Danny
    Posté dimanche 2 octobre 2011 11 h 21 min 0Likes

    Et puis il ne faut pas oublier la qualité de la musique, prenante, rythmée et très agréable.

  • par DantèS
    Posté dimanche 2 octobre 2011 21 h 02 min 0Likes

    Exact ! Depuis la sortie du film, la BO n’est jamais sorti de mon iTunes, et elle tourne souvent. :-)

  • par Mr.Aka
    Posté lundi 3 octobre 2011 16 h 37 min 0Likes

    Otomo est un génie absolu, personne n’en doutera, il suffit de voir comme son AKIRA n’a pas pris une ride (je parle du manga pas de l’anime) est reste une référence à bien des niveaux ,en terme de narration notamment.
    Steamboy est un trés bon film, techniquement impéccable, magnifique, beau, prennant, l’aventure, l’action, la technologie, les machines de folie… mais une histoire qui souffre de longueurs (vers moitié, deux tiers) qui pose un problème de rythme et ramolisse l’ensemble. Pour moi Otomo raccourcissait de 20 bonnes minutes et c’était le chef d’oeuvre espéré.

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