On s’était dit rendez-vous dans 3 ans…

Après le succès tonitruant d’Avatar – La Voie de L’Eau, James Cameron semblait à nouveau être le roi du monde et en capacité de dérouler le plus grand ouvrage de sa carrière tranquillement, à son rythme, attendant finalement 3 ans au lieu des 2 prévus (sans parler des nombreux reports initiaux) pour livrer le 3ème chapitre d’une saga qui doit en compter 5 au total.

De Feu et de Cendres annonce donc la couleur, en promettant d’amener Jake Sully, Neytiri et leur entourage dans des recoins plus sombres, alors que la pression des humains sur Pandora s’amplifie.
Avec une nouveauté importante dans la carrière du cinéaste : c’est la première fois qu’il réalise une deuxième suite à une franchise. Et si le réalisateur a toujours su triompher des numéros 2, les 3èmes épisodes sont souvent plus délicats… Sauf pour lui ?

Si le second film marquait une grande ellipse avec le précédent comme pour marquer le temps passé aussi bien pour les personnages que pour les spectateurs, ce Fire & Ash reprend littéralement là où on s’était arrêté, lorsque Jake Sully communiait avec Eywa pour revivre des souvenirs avec son fils défunt Neteyam. Dès lors, une mutation s’est opérée, la traditionnelle voix-off du héros accompagnant le film étant maintenant celle de Loak, l’autre fils.
Le précédent opus tenait grandement sur la question de la transmission, avec ces grandes figures de la résistance (Sully & Neytiri) qui se trouvaient soudain à remettre en question leurs méthodes à l’aune de de la parentalité, et le flambeau semble définitivement transmis aux enfants pour ce film.
Semble, seulement, car le deuil de Neteyam ne va pas s’effacer comme ça.
Plutôt que d’aller de l’avant, Cameron embrasse la nature ténébreuse de son histoire, comme c’est coutume dans certains 3èmes films (Matrix Revolutions, La Planète des Singes : Suprématie) pour creuser le deuil de ses personnages et les mettre face à leurs démons.

On peut même dire qu’il ne va rien leur épargner en la matière…

Une partie des spectateurs du précédent film avaient été choqués par l’écriture de Jake Sully, qu’ils pointaient du doigt comme un personnage égoïste, aux tendances paternalistes datées et militaristes, comme si le film lui-même reflétait ces valeurs. Hors le drame qui le concluait montrait bien l’échec de cette méthode, et Cameron et ses scénaristes veulent en explorer les conséquences psychologiques.
Pour le dire simplement : tout le monde est paumé.
Jake Sully ronge son frein en s’occupant comme il peut, Neytiri est dévastée et en rage contre le monde entier et particulièrement la race humaine, sans parler de la culpabilité qui ronge Loak et le désarroi de ses sœurs face à tant de détresse.
À l’heure où ce genre d’évènement est passé généralement vite sous silence dans de grosses franchises, Cameron veut en prendre toute la mesure et signifier l’ampleur d’un tel drame dans l’existence des proches, montrant ses personnages douter, s’engueuler et chercher des solutions à leur deuil et à leur souffrance.
Une démarche cohérente dans la construction des dits personnages, qui trouve en plus un écho singulier avec la réalité, la production ayant été marquée par la disparition du producteur historique Jon Landau, à qui le film est dédié, et représenté par son fils Jamie durant la promotion.
Quand on sait à quel point ce dernier était un très proche collaborateur de Cameron et indissociable de la saga, le ton employé ici semble étonnement à propos, comme si la réalité ne faisait plus qu’un avec la fiction, sachant que le film a été écrit il y a environ 10 ans.

Et le poids étouffant de la disparition d’un proche ne va évidemment pas être le seul sujet du film, car le précédent mettait en place de multiples dualités, avec des personnages refusant de voir les ponts entre eux et se tournant autour en se cherchant eux-mêmes par la même occasion.
Il y avait d’un côté Spider, un humain élevé comme un Na’vi, se retrouvant à vivre sur une planète irrespirable pour lui dans un corps inadapté à un tel environnement quand bien même il s’y sent comme chez lui.
De l’autre, Quaritch, humain ressuscité dans un corps de Na’vi, alors qu’il les déteste au plus haut point, en quête de vengeance par tous les moyens possibles, quitte à apprendre leurs manières.
Et au milieu de tout ça, Kiri, dont la naissance mystérieuse venant d’un Avatar (donc d’un corps Na’Vi piloté par une humaine) produisait un mal-être profond.

Cette perméabilité entre les espèces floutait les objectifs des personnages et les renvoyaient en permanence à leur identité et à leurs objectifs, dans une lutte qui paraissait plus destructrice qu’autre chose.

Les récents évènements prolongent ces questions et le film va tout faire pour pousser cette logique dans ces derniers retranchements, s’avérant avant tout être un film de personnages.
Les 3 précités sont ainsi au cœur du récit, qui va s’évertuer à rebattre les cartes dans sa première moitié pour densifier leurs problèmes et en faire les pièces maîtresses d’une histoire sur ce qui nous unie et nous déchire en tant que civilisation. Un événement majeur va rendre le cas de Spider encore plus complexe pour tout le monde, le “Monkey boy” continuant malgré lui de tisser des liens entre les 2 camps.
Et dans sa course à l’armement pour mettre la main sur Sully, Quaritch va croiser un autre clan Na’vi, les Mangkwan, ou Peuple des Cendres, qui vont aussi mettre leur grain de sel pour faire dérailler la machine. Au cas où la situation n’était pas assez complexe, on découvre donc une nouvelle facette de la population de Pandora, une qui a renié sa religion pour Eywa, qui s’est coupé de sa relation à la nature et qui vit en pillant et en tuant tout sur son passage, faisant feu de tout bois pour survivre dans une région désertique.
Quaritch va tenter de tourner cette rage à son avantage, ce qui permet à Cameron de montrer une nouvelle facette de l’instrumentalisation des esprits.

On savait déjà qu’Avatar était un grand récit politique, qui tentait de nous remettre en émoi face à la nature pour nous faire prendre conscience de l’ampleur du désastre écologique et de notre déconnexion profonde à notre environnement, et il prolonge les thèmes du second film plus loin ici, montrant des individus polarisés qui s’évertuent dans leur logique propre et leur morale, se fermant de plus en plus au dialogue et à l’ouverture pour mieux parvenir à leur fin, même si celle-ci est nihiliste.
Ce pan de l’histoire, qui semble puiser dans des inspirations très western, rappelle l’arrivée de l’ère industrielle auprès de peuples aux modes de vie plus simples, confrontant tradition et modernité avec la toute puissance mécanique face à l’organique, comme les indiens et leurs arcs face à la poudre des canons. Un dilemme qui agite depuis toujours la saga, mais qui voit ici la fascination que peuvent exercer de tels outils quand leur potentiel destructeur est mis en avant auprès d’une volonté néfaste, qui se retournera de toute façon contre ses utilisateurs à un moment ou à un autre.
Le métal refaçonné par les hommes est ainsi vu comme un outil de désolation, et ce dès l’introduction où Sully récupère des fusils abandonnés par la RDA et se confronte à Ronal, la tsa’hik des Metkayina (peuple de l’eau) jouée par Kate Winslet, qui refuse que son peuple touche à de tels engins, considérés comme toxiques pour l’âme. Là où Sully avait trouvé refuge dans ce peuple en symbiose avec son environnement, Cameron va continuer de jouer le miroir dans le parcours de Quaritch en l’amenant justement vers les Mangkwan, un clan qui a renié la nature et qui est tout de suite fasciné par le potentiel de tels armes… Le même Quaritch s’approche d’eux pour puiser dans une autre force que la race humaine, dont il est de plus en plus en désaccord avec le commandement militaire. On peut noter la patte de Rick Jaffa et Amanda Silver au scénario, dont le travail sur les luttes intestines qui secouaient chaque camp dans leur trilogie La Planète des Singes trouve une nouvelle résonance ici.
Que ce soit dans l’absence totale de considération de la RDA pour Pandora, qui accroît son exploitation des ressources, ou dans les manœuvres de Quaritch avec les Mangkwan, l’étau continue de se resserrer et l’issue de cette grande fresque semble plus que jamais incertaine, une possible fin semblant dramatique coûte que coûte, l’ombre de la mort planant sur tout le film.

On pourrait même croire que Cameron lui-même a quelque part jeté l’éponge sur l’issue de l’humanité tant l’espoir global n’est clairement pas de mise ici. Et c’est aussi dû à une contrepartie narrative qui fait défaut au film, à savoir que si tous ses personnages en prennent plein la tronche et se démènent comme ils peuvent, le statu-quo et la situation globale semblent ici immuables.
Le précédent mettait déjà ça en avant, en montrant la puissance de feu sans commune mesure déployée par l’humanité pour conquérir Pandora, et laissant en suspens la possible réponse des Na’vis à un tel déluge.
De Feu et de Cendres s’évertue à prolonger cette lutte qui semble de plus en plus perdue, quitte à revivre des passages déjà bien connus des précédents.
Sous plusieurs aspects, le film semble être la deuxième partie de La Voie de l’Eau, ce qui correspond aux dires de James Cameron, qui avait expliqué que la première mouture du scénario était tellement dense que ça ne tenait pas en un seul film, et qu’il a été divisé en deux.
Un élément qui peut ne pas poser problème en soit, d’autant que le précédent se tenait à merveille en ouvrant bon nombre de possibilités et que ce film-ci en embrasse toute la dramaturgie avec un amour et un soin palpables tout du long.
Cela étant, ce Fire & Ash repose finit par en reprendre des éléments un peu trop littéralement, en particulier sur une séquence de chasse à la baleine ou sur une grosse bataille maritime qui ressemble beaucoup à celle du précédent, parfois quasiment plan par plan.
Alors on est évidemment dans une version XXL, avec plus de forces en présence, et le tout prend des proportions bien supérieures comme ce qu’on est apriori en droit d’attendre d’une telle suite, mais la recette semble trop familière sur plusieurs passages, qui piochent aussi dans des éléments du premier film comme pour marquer une conclusion à un arc narratif.

De la même manière qu’un Retour du Jedi nous rejouait l’attaque de l’Etoile Noire en plus gros, De Feu et de Cendres cède à la même tendance, et on aura donc pour la première fois un sentiment de redite dans la saga, ce que le second avait réussi à éviter malgré son statut de film miroir avec le premier justement parce qu’il en remettait certains éléments en perspective ou en inversant les rôles comme sait si bien le faire Cameron, à l’image de Quaritch ressuscité dans le corps de ses ennemis.
Il y a toujours cette logique à l’œuvre, les Mangkwan en étant la manifestation la plus directe, mais ce recul semble manquer parfois, dans un film qui passe certes à la vitesse de l’éclair et dont on ne sent pas passer les 3h17 (ce qui est toujours un miracle en soit), mais qui pourtant semble pouvoir être plus rapide et plus succinct sur certains éléments.
Disons que dans sa conclusion, le film semble assumer la logique de répétition poussée à l’extrême, comme pour questionner la finalité de la course à l’armement dans les deux camps, et de la lutte générale, qui ne peut aboutir qu’à un désastre.
Mais cela fait aussi que Fire & Ash apporte moins de nouveautés à l’univers.
Il y en a, heureusement, et elles sont marquantes, comme l’arrivée d’une tribu de marchands qui voyagent dans les airs via des majestueux zeppelins organiques tirés par des pieuvres volantes.
Une trouvaille de pure fantasy complètement délirante et qui rend merveilleusement bien à l’écran, offrant des plans hallucinants et majestueux à la pelle, même si le voyage sera de courte durée avec eux et qu’on ne creusera rien sur leurs terres d’origines ou leurs coutumes en détail.
Et il y a évidemment les Mangkwan, menés par la formidable Varang, désignée antagoniste du film même si son rôle est fortement lié à celui de Quaritch et moins important sur la durée.
Ce qui est d’autant plus dommage car elle apparaît comme un ajout fort, avec un charisme qui déborde immédiatement de l’écran avec son look racé et son regard incendiaire, magnifiquement porté par Oona Chaplin, la petite fille de Charlie Chaplin (!), qui semble s’être parfaitement faite à la performance capture. 

Ce nouveau peuple énervé s’avère passionnant parce qu’il marque une rupture claire avec ce qu’on avait pu voir des Na’vis jusque là, amenant une dualité supplémentaire dans le paradigme de la franchise et montrant une violence insoupçonnée chez les Na’vis, notamment quand un soldat s’immole à dos d’ikran pour devenir une bombe volante tel un kamikaze punk qui semble tout droit sorti de Mad Max Fury Road.
Une référence qui semble explicite de la part de Cameron, qui se permet aussi de revisiter les fameuses scènes de X-Wing dans les tranchées de l’Etoile Noire de Star Wars à la sauce Avatar, donc à dos d’Ikran !
Entre autres joyeusetés présentes ici, vous aurez aussi par exemple le droit à une scène de transe chamanique sous substances, ce qui donne lieu à des visions hallucinées et psychédéliques, où les couleurs partent dans tous les sens et ce en 3D ! La dite scène ne pousse pas le bouchon jusqu’à l’abstraction totale mais on pense quand même à Gaspar Noé, et la franchise semble toujours être un terrain d’expérimentation formelle pour James Cameron, qui continue de s’aventurer dans plusieurs registres au gré de ses scènes, pour offrir de multiples surprises qui agrémentent tout le film.

Avatar a toujours été synonyme de voyage hors du commun, c’est d’ailleurs probablement l’une des grandes caractéristiques de son succès, avec cette sensation rarement aussi tangible de faire face à un rêve éveillé. Le deuxième film avait fait fort en la matière avec toute sa partie sous-marine d’une beauté à couper le souffle, qui proposait en plus des sommets d’immersion avec son tournage en performance capture sous l’eau et l’utilisation du HFR (48 images par seconde au lieu des 24 habituelles) pour décupler les sensations proposées.
On était logiquement en droit d’attendre à ce que ce grand voyage continue, et il faut bien admettre que ce troisième chapitre se fait beaucoup plus chiche en la matière, pour la bonne et simple raison que l’ambiance n’est plus au voyage. Vous découvrirez donc nettement moins de choses dans Fire & Ash, la région désolée des Mangkwan n’étant pas mise en avant, et les personnages restant majoritairement dans des lieux familiers, entre récifs et forêts. En corrélation avec le récit, il n’y a donc plus de phases de découverte pure comme les parties sous-marines précitées, et la contemplation de cet univers s’en trouve ici réduite. C’est à la fois parfaitement logique, compte tenu des enjeux, et forcément regrettable, tant la saga marque ici un frein sur sa capacité à émerveiller par des visions totalement inédites, passé l’arrivée des marchands volants.
Non pas que l’aspect esthétique soit en retrait, Pandora restant une source de paysages étranges et enchanteurs tout du long, mais l’heure n’est pas à l’exploration.

Un des autres éléments lié à cette revisite des lieux connus du spectateur réside aussi dans la sensation de grandeur de l’univers, qui s’en trouve amoindrie par des choix narratifs, certains personnages passant d’un décor à l’autre avec une rapidité déconcertante. Vous vous souvenez du périple entrepris par la famille Sully dans le précédent pour atteindre la région des récifs ?
Ce genre d’interlude de voyage a disparu à une exception près, et on se retrouve avec un traitement à la Game of Thrones, où les distances semblent être mises de côté et parfois ignorées pour accélérer le récit et permettre à ses péripéties d’avoir lieu plus rapidement. Un choix un peu étrange, surtout venant d’un réalisateur qui semblait jusqu’ici avoir cartographié méticuleusement toute sa planète extra-terrestre jusqu’à la moindre tige d’herbe, et qui semble ici moins s’embêter avec ce type de considérations spatiales. Pour autant, il faut saluer l’aisance folle de la narration pour justement passer d’un personnage à l’autre, d’une dualité à une autre, tant la fluidité reste le même mot, énième preuve que Cameron est un narrateur absolument hors-pair, qui arrive à offrir à un nombre conséquent de personnages un arc et une évolution, en les liant tous les uns aux autres, pour que chaque choix opéré à l’écriture serve à raconter quelque chose, même dans ses répétitions qui semblent totalement assumées.

Pour autant, que les amateurs de scènes d’action démentielles, de batailles colossales et de spectacle hors-normes se rassurent, James Cameron est bien là pour vous décoller la rétine et vous décrocher la mâchoire. Malgré ses quelques répétitions ça et là, Fire & Ash a des aspects de 3ème acte homérique, multipliant les luttes à l’écran et offrant des moments de bravoure à la pelle, avec une aisance et une ampleur comme on en voit très rarement à Hollywood.
Que ce soit lors d’une bataille avec les zeppelins ou dans un combat sur des rochers volants au milieu d’un vortex, ou avec des poulpes qui s’attaquent à des sous-marins, le réalisateur multiplie les occasions d’en coller plein la tronche avec une mise en scène dont lui seul à le secret, que l’on pourrait comparer dans son échelle à ce qu’a fait Peter Jackson sur Le Seigneur des Anneaux.
Comme toujours avec lui, le but n’est pas tant que celle-ci soit “visible” car tout est fait de bout en bout pour immerger le public et faire disparaître l’objet film, pourvu qu’on soit dans l’histoire.
Le découpage ne cède ainsi jamais à la moindre forme d’ostentation ou d’étalage visuel, le but étant de suivre les personnages avec le plus grand naturel possible, comme si tout ça était réel.
Sa caméra semble toujours aussi libre, au milieu de ses plantes phosphorescentes et de cet environnement étrange, et accompagne chaque action avec comme seul objectif une lisibilité visuelle et narrative totale, sans oublier de placer des petits détails partout, au premier abord insignifiants mais qui ancrent le décor et les personnages qui l’habitent en permanence.
Les réticences qu’on pouvait avoir sur la fréquence d’image “alternative” du précédent film, avec 48 images par seconde qui “reviennent” parfois à 24 en fonction des plans, persistent, même si le film semble avoir plus de scènes en 48 FPS, et que globalement tout est fait pour que chaque considération technique soit au second plan pour le spectateur, d’autant que beaucoup semblent ne pas faire la différence.
Et dans les considérations plus formelles, on peut souligner le très bon travail du compositeur Simon Franglen, qui a semble-t-il composé 3 tonnes de musique pour cet opus, afin d’amener plus de nouveautés dans l’univers sonore de la saga et plus de variétés par rapport au premier score de James Horner. De nouveaux thèmes font ainsi leur apparition, Franglen embrasse le caractère tribal des Mangkwan avec des sonorités propres, tout comme les Wind Traders (il a même conçu et imprimé un instrument en 3D pour se faire) et le tout est fait avec une ampleur assez dingue, comme en témoigne les nombreux choeurs qui donnent une saveur supplémentaire au film.
Et pour en finir sur la fabrication, même si on en prend l’habitude avec désormais 3 films, il faut une fois encore souligner à quel point la méthodologie très particulière de la saga permet non seulement une forme absolument flamboyante, n’ayant une fois encore aucun équivalent à l’heure actuelle (Bravo Weta et ILM !), et surtout combien les acteurs semblent tous en extase tant ils se fondent dans leur personnage avec un naturel déconcertant. L’expressivité des Na’vis avec leurs grands yeux est d’autant plus frappante ici vu les épreuves qu’ils traversent, et on ne peut que rester stupéfaits devant l’intensité du jeu de Zoé Saldana, ou encore de Sigourney Weaver en Kiri, qui semble être toujours l’un des plus beaux tours de magie offert à une actrice récemment. À l’exception de Jack Champion, qui joue Spider et qui est en retrait sur les scènes émouvantes, tous les acteurs de ce 3ème Avatar sont à leur meilleur, et participent pleinement à une oeuvre dont la logistique folle continue de s’effacer et de se faire discrète pour nous offrir une immersion totale, toujours au service de l’histoire.

Oubliez donc l’émerveillement pur ou un possible bonheur du Pandora, l’heure est à la souffrance et à l’incertitude ! Alors qu’Avatar – De Feu et de Cendres semble être l’un des derniers représentants du grand spectacle Hollywoodien comme seule cette industrie en est de plus en plus rarement capable, c’est aussi un drame crépusculaire qui regarde les traumatismes de ses personnages droit dans les yeux et préfère finalement se recentrer sur eux et leur parcours chaotique pour mieux raconter la grande histoire.
La toile de fond semble ne pas bouger tant que ça, et il y a un sentiment de redite par endroit, ce qui est étonnant dans l’opus central d’une saga, d’autant que Cameron explique que l’histoire pourrait très bien s’arrêter là, ce qui est s’avère faux tant beaucoup d’enjeux majeurs restent en suspens à la fin.
Pour autant, cette fameuse écriture témoigne d’une empathie et d’un amour débordants pour ses personnages, et cet opus s’avère à la fois éreintant et hyper spectaculaire en devenant un nouveau feu d’artifice sensitif. Cameron continue de construire comme il l’entend, à son rythme, avec pas mal de surprises à la clé, une page résolument unique de l’histoire du cinéma, dont chaque instant est marqué par une folie, une ampleur et une identité décidément hors-normes, confirmant une fois de plus qu’Avatar est bel et bien parti pour être la grande saga de notre époque.

Il n’y a plus qu’à espérer un autre succès colossal pour voir cette belle aventure arriver à son terme.

Avatar, de Feu et de Cendres, de James Cameron – Sortie en salles le 17 décembre 2025

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