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Une Dimanche, Une Critique : Titan A.E

Je garde un souvenir particulier de ma projection du film de ce dimanche. C’était il y a presque onze ans et j’avais alors raté sa diffusion dans les circuits classiques des grandes salles de cinéma parisiennes.
J’avais dû me rabattre sur une petite salle au fin fond de la capitale française qui diffusaient à des horaires décalés des films sortis il y a peu, pour combler le manque des retardataires.

Mais il n’était pas question de manquer la chose : Don Bluth, le réalisateur de Fievel et le Nouveau Monde, s’attaquait à un genre inédit dans l’animation américaine : la science-fiction.
Mais la science-fiction cool, à la Star Wars, sans trop d’univers trop compliqués. Celle qu’on prend du plaisir à découvrir et à revoir.

Et à la lecture des lignes de Guillaume, j’ai soudainement envie de le revoir : Un Dimanche, Une Critique est consacré à Titan A.E

 

Titan A.E – Sortie le 18 octobre 2000
Réalisé par Don Bluth, Gary Goldman
Avec les voix originales de Matt Damon, Bill Pullman, Drew Barrymore
En l’an 3028, la Terre est anéantie par des créatures puissantes venues d’une lointaine galaxie, les Drej. Les rares survivants du drame qui ont pu fuir la planète à temps, sont condamnés à errer dans le cosmos.
Quinze ans plus tard, le jeune Cale Tucker qui fut séparé de son père lors de l’exode et grandit sur une colonie de ferrailleurs misérable, découvre par hasard, les coordonnées d’un mystérieux vaisseau spatial créé par son père : « Titan », ultime planche de salut du genre humain.
Aidé par le capitaine du « Valkyrie », Korso, et son son équipage hétéroclite, formé de Preed, l’Akrénnien sournois et beau-parleur, Stith, la Mantrine experte en armement impétueuse mais loyale, Gune, l’astrogateur gaffeur et fantasque, et enfin Akima, une ravissante et intrépide pilote, Cale se lance à la recherche du vaisseau et d’un monde nouveau.
Mais la quête du Titan ne sera pas de tout repos, sans compter que les Drej sont à leurs trousses.

 

Si je devais ne choisir qu’un mot pour décrire ce film, ce serait le mot « ambitieux ».

En effet, sur beaucoup de points, les créateurs de ce long métrage ont voulu jouer la carte de l’innovation et de l’inédit (toutes proportions gardées, nous y reviendrons) mais malheureusement, ils n’ont pas eu les moyens de leur ambition, ni le succès escompté.

Toutefois, il reste au final un film très sympathique, certes bourré de défauts (nous y reviendrons sans doute aussi) mais généreux et qui contient de belles séquences et qui porte la marque d’un auteur : Don Bluth.

Un petit mot sur ce monsieur : même si Basile vous en a déjà parlé lors de sa critique de Brisby et le secret de NIMH, je voudrais revenir sur la perception que l’on a eu de ce réalisateur. Apparus pendant les années 80, ses films (et surtout Brisby) ont soufflé un air nouveau pour les fans d’animation : on aurait dit du Disney mais… avec des couilles.

Pardon pour cette métaphore cavalière, ce que je veux dire c’est que Don Bluth, tout en gardant une forme très proche du géant californien pour qui il a longtemps travaillé, abordait des thèmes et utilisait ses personnages avec une audace et une maturité que la firme à la souris avait oublié depuis bieeeen longtemps et qu’elle n’a toujours pas retrouvé depuis (Pixar s’en est chargé pour elle) : Brisby mettait en scène une mère célibataire et ses enfants, Fievel parlait d’émigration… bref, des choses qu’on n’avait jamais vu dans les productions animées américaines. Bluth a aussi été un pionnier dans le rapprochement entre jeu vidéo et animation en réalisant les jeux Dragon’s lair (véritable dessin animé interactif) et Space Ace.

Avec le temps, hélas, Don Bluth s’est assagi, et ses films suivants suivirent des schémas narratifs ou des thèmes plus classiques. Balto puis Le petit dinosaure connurent le succès mais pas, Rock-o-rico ni Poucelina. Le réalisateur revint en grâce avec Anastasia et enfin, ce fut le tour de Titan A.E., un film qui renoua avec les aspirations et les ambitions du Don Bluth des débuts.

Car Don Bluth, même s’il n’est pas l’instigateur du projet, propose ici un dessin animé qui innove sur plusieurs points :
– Le genre : de la science fiction (plutôt rare dans l’animation américaine au cinéma)
– La technique : mélange d’images de synthèse et de dessins
– Le public visé : les adolescents

Il est certains que les studios Fox aient voulu surfer sur la vague de la japanimation qui battait son plein à cette époque-là et c’est dans cette optique qu’ils ont repris les codes de cette production.

Souvent comparé à Star Wars (quel film de science fiction ne l’est pas ?), Titan A.E. reprend donc des stéréotypes classiques de l’aventure science fictionnesque comme les vieux vaisseaux spatiaux déglingués, les équipages disparates (avec des capitaines un peu rebelles), les extraterrestres mystérieux/menaçants/méchants, les combats dans l’espace à coups de laser, le héros « élu » qui sauve l’univers, etc. Un schéma qui n’est pas propre à Star wars puisqu’on le trouve aussi dans Star trek, Flash Gordon ou encore Dune, récits de science fiction antérieurs aux films de George Lucas. Le film s’inscrit dans cette continuité et l’amateur de science fiction ne sera donc que peu surpris par l’ambiance et la trame de l’histoire mais pour un jeune spectateur, cela constitue une bonne entrée en matière.

Là où le film innove quelque peu, c’est en nous présentant un héros assez antipathique, un ado rebelle qui ne supporte pas l’autorité. Cela tranche avec le gentillet Luke Skywalker ou le mystique Paul Atréide. Mais rassurez-vous, notre petit bourrin va avoir droit à son petit parcours initiatique, évidemment (ah, mythe Campbellien, quand tu nous tiens !).

Sur le fond, rien de nouveau, donc, mais sur la forme ?

Eh bien, déjà, tout simplement, c’est un film d’animation et des films d’animation de science fiction qui datent d’avant 2000, vous en connaissez beaucoup ? Alors oui, vous allez me citer Les maîtres du temps, Planète sauvage, Le secret de la 3e planète, Nucléa 3000, Ghost in the shell ou Akira mais tous ceux-ci sont des films européens, russes ou japonais, des films américains, il n’y en a pas.

Alors, si, avant que vous ne vous ruiez sur wikimachin, il existe des films américains animés de s.f. : Heavy metal (1981) et Starchaser (1985) mais ils remontent aux années 80, l’un étant un film indépendant lorgnant plutôt du côté des adultes (mélange de violence, de rock et de sexy) et l’autre étant dans la veine de Star Wars, davantage une histoire de fantasy transposée dans l’espace. La production américaine de science fiction étant essentiellement concentrée sur les séries télévisées (Galaxy rangers, Silverhawks, Invasion america, Transformers, Exosquad et j’en passe).

Titan A.E. est donc, dès le départ, une exception et pour enfoncer le clou, les producteurs ont voulu que le film mélange images de synthèse et dessin traditionnel : les personnages seront donc animés en 2D (à part les méchants Drej) et ils évolueront dans de nombreux décors créés par ordinateurs. Comment se passe ce mélange ? Eh bien, pas trop mal ma foi, disons que pendant les trois quarts du film, cela fonctionne très bien (évidemment, le film accuse son âge mais les incrustations restent tout de même cohérentes) et puis il reste un dernier quart où l’on sent bien que le travail a été bâclé (les décors sont simplistes ou l’image de synthèse grossière, comme dans le plan final malheureusement).

En tout cas, les dessins de Don Bluth évoluent parfaitement dans l’espace, correspondant avec aisance aux mouvements de caméra rendus faciles grâce à l’utilisation de la 3D (on voit ici la maestria du metteur en scène). De plus, le réalisateur sait tirer profit de ses limites : dans certaines scènes, les personnages sont en images de synthèse, ils sont alors beaucoup plus rigides que lorsqu’ils sont dessinés mais Bluth détourne la chose car ce sont les moments où les personnages sont en extérieur et portent des combinaisons spatiales, leurs gestes sont donc logiquement plus lents.

Visuellement, le film fonctionne bien, en général mais il y a tout de même quelques séquences ou images qui font sentir que le budget n’était pas suffisant pour avoir un rendu plus abouti : la scène avec les aliens volants manque de lisibilité (pas assez de temps pour tout dessiner sûrement), les images de synthèse bâclées déjà évoquées et certains décors obligés d’être dessinés à la main paraissent du coup incongrus. Même au niveau du design des personnages, on sent bien que l’équipe de Bluth ne s’est pas trop renouvelé : Cale, son père et Akima ont quasiment la même coupe de cheveux et ressemblent beaucoup aux personnages d’Anastasia quant aux extra-terrestres, ils se ressemblent aussi beaucoup entre eux (apparence humanoïde, même teinte de peau…).

Cela fait beaucoup de défauts me direz-vous ? pas tant que ça en fait et puis, pour tout vous dire, quand on regarde le film, ça passe assez bien (bon, sauf la blague de fin qui est vraiment pourrie mais c’est pas grave non plus). Ça passe parce que finalement, ce qu’on ressent en voyant le film c’est toute la bonne volonté du réalisateur pour faire évoluer son public. Car c’est le dernier point que j’aborderai : le film s’adresse aux grands enfants, il tente vraiment de faire le lien entre l’enfance et l’adolescence et il semble dire à ses spectateurs : « Regarde, tu es un grand garçon (oui parce que le film est quand même bien orienté garçon, désolé les filles) et tu es en train de regarder un dessin animé mais hey, c’est cool, parce que c’est un dessin animé pour les grands. » Et pour illustrer encore plus cette hypothèse, je donnerai simplement le nom d’un des scénaristes : Joss Whedon, l’homme qui a rendu l’adolescence visible et le space opera cool avec ses séries Buffy et Firefly.

Alors bien sûr, dit comme ça, ça fait vraiment bébête, mais il ne faut pas oublier que le film a plus de 10 ans et qu’il était destiné au marché américain, donc il fallait vraiment les prendre avec douceur (tellement que le film s’est ramassé au box office et que les studios d’animation de la Fox ont fermé suite à ça mais peu importe). Aujourd’hui, les films de Pixar et les animes japonais largement répandus ont rempli cet office et les ados/adultes peuvent tout à fait envisager d’aller au ciné pour voir un film d’animation (et du coup, les grosses majors en produisent de plus en plus) :mais Titan A.E. a sûrement eu sa part de responsabilité dans tout ça aussi. Sans doute était-il trop en avance sur son temps ?

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1 commentaire

  • par FredP
    Posté dimanche 24 juillet 2011 10 h 54 min 0Likes

    ça me donne envie de le revoir ça, excellent souvenir d’un film d’animation vu en étant ado :)

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