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Un Dimanche, Une Critique : No

Sorti en salles en France en mars dernier, No a été multi nommés en festivals notamment aux derniers Oscars dans la catégorie Meilleur Film Etranger.

Le film de Pablo Larraín met en scène Gael García Bernal (vu chez Michel Gondry dans la Science des Rêves) dans le rôle d’un publicitaire dont les talents vont être utilisés par l’opposition au général Pinochet. Un film, décrit par le réalisateur comme une oeuvre de fiction, mais pourtant terriblement historique.

No est sorti en DVD il y a quelques jours, le 10 juillet dernier.

 

Au pouvoir depuis 1970, le Président Chilien Salvador Allende trouve la mort dans l’assaut du palais présidentiel en septembre 1973. C’est le coup d’état du Général Pinochet et le début de sa dictature. 1213 personnes trouveront la mort entre septembre et fin 73.
Augusto Pinochet suspendra la constitution et mettra en place officiellement une dictature. Médias contrôlés, congrès dissout, ancien ministre exilé assassiné, meurtres, torture… Le dictateur tiendra le Chili d’une main de fer et musellera l’opposition. En 1988, il cèdera quand même à la pression internationale et mettra en place un référendum afin de savoir s’il peut se maintenir au pouvoir, offrant 15 minutes d’antenne télévisée régulière au parti d’opposition, sous forme de clip de campagne.

C’est ainsi que commence « No », film de Pablo Larrain dont le titre fait bien entendu écho au vote des Chiliens.

Ce qui surprend, quand No commence, c’est le travail minutieux de son réalisateur. Larrain filme en 4/3 et non content de reconstituer fidèlement le Chili de la fin des années 80, le metteur en scène filme comme si son long métrage était un documentaire d’époque. No est tourné caméra à l’épaule, dans de longues scènes se voulant réalistes, comme si l’équipe mise en place par l’opposition au régime dictatorial de Pinochet était suivie par un groupe de journalistes. Le film est en 4/3, l’image est granuleuse, parfois chargée de lumière, parfois à contre jour et la colorimétrie est également parfois à l’ouest, donnant une incroyable impression de réel.
Larrain a beau définir son film comme une oeuvre de fiction (le personnage de Gael Garcia Bernal n’existe pas, bien que basé sur quelqu’un d’autre), on a vraiment l’impression de voir un film en VHS tout droit sorti des années 80 avec le même genre de sensation qu’à la vue de The Bay de Barry Levinson. Larrain profite évidemment de la situation : de nombreuses séquences (celles où il filme des écrans de télévision) sont des documents d’archives quand d’autres sont retournées à l’identique.

Plutôt que de livrer un clip politique « traditionnel » (les partisans de Pinochet se contentant, eux, de monter des films de manière très classiques en alternant discours politiques et images de gens au travail -industrie, peche, réussite professionnelle, blablabla), les opposants au régime du dictateur font appel à René Saavedra, un jeune et brillant publicitaire qu’on voit réaliser une pub joyeux pour un équivalent local du Coca Cola au début de l’histoire.
Saavedra (Gael Garcia Bernal, parfait) va finir par accepter la mission et se mettre au service des opposants avec le talent qui est le sien. Alors qu’on aurait pu mettre en avant les crimes de la dictature, il choisit de favoriser la joie que ressentiraient les gens sous une démocratie nouvelle. Ses vidéos de campagne sont à l’image de ses publicités. On y chante et l’aspect « joyeux » est le plus mis en avant même si l’aspect politique n’est jamais banalisé.
En parallèle, on va forcément suivre la prise de conscience politique du héros, qui paraissait bien détaché au début (et bien que son ex femme soit active militante) et qui finit par se rendre compte du pouvoir qu’il a entre les mains.

Surprenant autant par sa mise en scène que par un rythme assez lent au démarrage, No est une jolie réussite qui mérite largement sa nomination aux Oscars. L’Histoire, avec une majuscule, au cinéma. Tout simplement.

 

No – Sortie le 6 mars 2013
Réalisé par Pablo Larraín
Avec Gael García Bernal, Antonia Zegers, Alfredo Castro
Chili, 1988. Lorsque le dictateur chilien Augusto Pinochet, face à la pression internationale, consent à organiser un référendum sur sa présidence, les dirigeants de l’opposition persuadent un jeune et brillant publicitaire, René Saavedra, de concevoir leur campagne. Avec peu de moyens, mais des méthodes innovantes, Saavedra et son équipe construisent un plan audacieux pour libérer le pays de l’oppression, malgré la surveillance constante des hommes de Pinochet.

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1 commentaire

  • par luciole
    Posté dimanche 14 juillet 2013 15 h 52 min 0Likes

    La photographie du film est aussi audacieuse que superbe. il est fou de voir comment le réal utilise les défauts des caméras DV (colorimétrie étrange, puissants flaires etc…) en qualités esthétiques

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