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Un Dimanche, Une Critique : La Traversée du Temps
Après avoir été très agréablement surpris, au mois de juin, par le film Summer Wars de Mamoru Hosoda, il m’a semblé assez logique et opportun de revenir sur son film précédent qui connut un joli succès (critique, du moins) lors de sa sortie en dvd : La traversée du temps.
La Traversée du Temps – Sortie le 7 juillet 2007
Réalisé par Mamoru Hosoda
Avec Riisa Naka, Takuya Ishida, Mitsutaka Itakur
Makoto est une jeune lycéenne comme les autres, un peu garçon manqué, pas trop intéressée par l’école et absolument pas concernée par le temps qui passe ! Jusqu’au jour où elle reçoit un don particulier : celui de pouvoir traverser le temps. Améliorer ses notes, aider les idylles naissantes, manger à répétition ses plats préférés, tout devient alors possible pour Makoto. Mais influer sur le cours des choses est un don parfois bien dangereux, surtout lorsqu’il faut apprendre à vivre sans !
Ami lecteur, en ces jours de grosse chaleur, tu es certainement en vacances (ou au chômage), quoi de mieux alors qu’un gentil petit film pour t’aider à te détendre et à profiter de la vie ? La traversée du temps est un de ces films.
Au départ, La traversée du temps est une nouvelle, écrite dans les années 60 par Yasutaka Tsutsui (auteur catalogué dans le domaine de la « métafiction », genre de mise en abîme de la fiction mais surtout connu chez nous pour une autre de ses œuvres adaptée en animé : Paprika). Cette nouvelle eut beaucoup de succès auprès des jeunes filles (et aussi une peu des garçons) et fut étiquetée comme étant LE roman de la jeunesse.
L’histoire fut plusieurs fois adaptée pour le petit ou le grand écran sous forme de séries télé (5) ou de films (2). Autrement dit, en 2006, lorsque Mamoru Hosoda se lance dans la production d’un film d’animation, il avance en terrain archi-archi connu. Et pourtant, il va arriver à en tirer quelque chose de neuf.
Son idée est simple : afin de dépoussiérer l’histoire de 1965, il va en quelque sorte en réaliser la suite. Le personnage principal, Makoto, est toujours une jeune fille mais elle n’est que la nièce du personnage original, Kazuko. Les deux héroïnes se rencontrent et partagent le secret de pouvoir « traverser le temps » et la tante peut faire part de son expérience à la nièce (la transmission du savoir entre générations, chère aux japonais). Car finalement, ce film, de quoi ça parle ?
Ben, de thèmes assez universels pour pouvoir être toujours valables à quarante ans d’intervalle : quelle voie choisir pour trouver sa place dans la société (question qui se pose à la fin des études secondaires) et puis l’amour, évidemment, tu t’en doutes bien, va, coquinou de lecteur.
Le film se déroule sur une période très courte mais très précise qui parlera à tout les spectateurs : il a lieu durant le dernier mois de l’année de terminale (en gros, hein, je ne vais pas vous chercher les termes exacts japonais). Période durant laquelle les lycéens doivent se préparer à changer radicalement leur mode de vie, à faire des choix et à devenir plus autonome. Là où le récit fait mouche c’est que cet état d’esprit est très bien retranscrit.
Makoto est une fille qui s’est laissée portée par les évènements tout au long de sa vie, elle suit ses cours (moyennement), elle traîne avec ses potes (mollement), elle vit avec sa famille (banalement). Un incident un brin mystérieux va la doter du pouvoir de « traverser le temps », en fait, elle peut revenir en arrière dans le temps sur une courte période tout en conservant ses souvenirs. Elle va ainsi en profiter pour faire durer les activités qu’elle aime bien : dormir, manger, chanter au karaoké mais elle améliore aussi ses notes et arrive à l’heure en cours… elle prolonge ainsi le confort et les habitudes dont elle n’avait même pas conscience jusqu’alors. Elle en parle à sa tante (qui est l’héroïne du roman originel, je le rappelle et qui elle aussi connaît les voyages dans le temps) qui est rassurée de la voir utiliser son pouvoir pour des choses futiles.
Ceci va basculer lorsque les sentiments vont se mêler de la partie : l’un des deux potes de Makoto va lui demander de sortir avec elle et elle aura beau remonter le temps plusieurs fois, il lui posera systématiquement la même question. Dès lors, finie la futilité, même si elle revient plus loin dans le temps, elle sait que les sentiments existent ou existeront. Le temps est donc décidément inexorable et quoiqu’elle fasse, Makoto est obligée d’évoluer et de quitter son petit confort (ce que sa tante avait compris autrefois). Je n’en dis pas plus (et puis j’en ai déjà dit pas mal) pour vous laisser découvrir comment tout cela finit.
Je parle deux minutes de la mise en scène de Hosoda qui est d’une très grande fluidité, alternant les séquences calmes et les séquences dynamiques et qui est composée d’énormément de plans larges ou de plans d’ensemble, laissant ainsi au spectateur le soin d’imaginer les expressions des visages et laissant aussi admirer les magnifiques décors qui ponctuent le film et qui apportent du sens au récit, tel celui d’une rue à deux embranchements : quel chemin l’héroïne va-t-elle suivre ?
La traversée du temps est donc un film léger, poétique et qui laisse entrevoir les possibilités de la jeunesse, bref un film idéal pour les vacances, entre détente et souvenirs. À un moment du film, on aura l’explication du pourquoi du comment Makoto a hérité d’un tel pouvoir mais finalement, on s’en fiche pas mal car ce qui compte, c’est ce qu’elle est devenue et ce qu’elle deviendra.
– Guillaume/Hellboy
1 commentaire
par Olve
Jolie article : je plussoie !
J’ai découvert le film via CloneWeb y’a quelques semaines et j’ai passé un bon moment (et je ne suis pas une fille pour autant). C’est joliment animé, on retrouve une authenticité dans les expressions qui surprend à la manière d’un Miyazaki (en un peu moins génial, d’accord) et le tout tient debout !
Et pis y’a des vrais morceaux d’émotions fortes à l’intérieurs, et moi j’aime bien ça !