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Un Dimanche, Une Critique : Batman Le Défi

Après un premier article consacré à Dark City et publié il y a quelques semaines, l’ami Danny -un habitué de notre forum- revient avec une nouvelle critique pas évidente puisqu’il a choisi de s’attaquer au film de Tim Burton mettant en scène la fameuse chauve-souris.

Personnellement, et contrairement à beaucoup de gens, j’ai du mal à considérer le film comme le meilleur de super héros tant les méchants sont mis en avant par rapport à un Batman trop passif (cependant moins que dans The Dark Knight). Qui plus est, en matière de décors et de quelques éléments visuels, il a pris un sérieux coup de vieux.
Mais je compte sur vous dans les commentaires pour montrer votre enthousiasme.

Vous l’avez compris : Un Dimanche, Une Critique est consacré à Batman Le Défi.

Batman Le Défi – Sortie le 15 juillet 1992
Réalisé par Tim Burton
Avec Michael Keaton, Danny DeVito, Michelle Pfeiffer, Christopher Walken
Non seulement Batman doit affronter le Pingouin, monstre génétique doté d’une intelligence à toute épreuve, qui sème la terreur mais, plus difficile encore, il doit faire face à la séduction de deux super-femmes, la douce Selina Kyle et la féline Catwoman qui va lui donner bien du fil a retordre. Si Bruce Wayne apprécie Selina, Batman n’est pas insensible au charme de Catwoman.

 

Maintenant que Tim Burton maîtrise l’ univers qu’il a crée et mis en place grâce à son premier long-métrage sur Batman ( et d’avoir du même coup lancé la Batmania à la fin des années 80 ), le réalisateur décide de confronter l’ inquiétant Pingouin et la sublime Catwoman au Caped Crusader. Rien que la magnifique séquence d’ ouverture proposée, qui montre la naissance du Pingouin et son rejet par ses parents à cause de sa difformité, montre à quel point la puissance visuelle et musicale du long-métrage est indéniable.

Durant tout le film, le « noir » est souvent présent dans le décor sans jamais écraser les acteurs dans des ombres qui en imposeraient trop, un noir parfois en contraste avec la neige d’ un blanc immaculé. Les décors et les costumes sont dans l’ optique du premier, à la limite de l’ irréel et en même temps tout ce qu’ il y a de plus banal. La période hivernale en rajoute dans cette impression de se retrouver dans une sorte de conte de Noël pour adultes.
Le compositeur Danny Elfman, quand à lui, apporte ce qu’ il faut d’ intensité dramatique pour souligner les scènes poignantes, nous faisant ressentir la douleur et la tristesse que peuvent ressentir les protagonistes, tout comme il est capable d’ apporter le souffle nécessaire lors des scènes d’ action. Lui aussi a parfaitement compris le matériau sur lequel il travaillait et signe une des plus belles bandes originales entendues dans un film de super-héros.

Le réalisateur s’ attarde à dépeindre les motivations et les personnalités des ennemis du héros par un solide traitement de leurs caractéristiques. Le Pingouin, incarné par Danny DeVito, est le leader du Gang du Cirque, groupe de criminels hauts en couleur que Batman cherche à vaincre. C’ est un être en manque de reconnaissance, guidé par le fait d’avoir été abandonné et qui a réussi a trouvé une famille de substitution, le Gang du Cirque donc, capable d’ accepter quelqu’ un comme lui, le Pingouin se considérant comme un monstre de foire.
Cet abandon sonne en lui comme un traumatisme d’ enfance, et il cherche une forme de revanche sur la vie et la société. Il va avoir l’occasion de retrouver ce qui lui semble être dû grâce à son association avec l’ homme d’ affaires Max Shreck, et les différentes étapes qu’ il va vivre pour trouver une légitimité en tant qu’ individu et être humain va lui permettre d’ avoir une ascension sociale fulgurante.

On peut aussi noter le fait que quelques détails à propos de certains personnages sont symbolisés à travers des accessoires. Il suffit de voir le bateau en forme de canard en plastique du Pingouin, pour rappeler à quel point celui-ci reste à tout jamais profondément marqué en tant qu’ adulte par l’ abandon de ses parents.
C’ est également le cas par exemple de la maison de poupée de Selina Kyle, secrétaire à la timidité maladive dont l’ immaturité est symbolisée entre autres par cette maison. Elle la détruira, ainsi que le reste de la décoration de son studio au moment de sa résurrection, lorsque son patron la tuera, la destruction de sa décoration d’ intérieur étant une façon métaphorique de tuer la personne qu’ elle était, une femme soumise et effacée, pour être en accord avec ce qu’elle est devenue.

En revenant d’ entre les morts, elle est désormais quelqu’ un au fort caractère assumant totalement sa féminité et utilisant la séduction pour dominer. Elle aussi est en quête de revanche contre la société, considérant que les femmes se complaisent dans la victimisation et que les hommes n’ hésitent pas à utiliser le machisme. Elle s’allie avec le Pingouin et affronte Batman car il est le seul rempart entre elle et cette société, mais elle éprouve une attirance forte pour lui car il est semblable à elle, il peut la comprendre et lui tenir tête. Cette attirance/répulsion est parfaitement retranscrite dans leurs combats, chargés en tension sexuelle où chacun tente de dominer l’ autre tout en le jaugeant psychologiquement, se révélant l’ un à l’ autre à travers leurs masques, mais qui paradoxalement se cachent derrière leurs véritables identités.
D’ ailleurs, pour en revenir aux accessoires, le fouet de Catwoman est un symbole de domination en accord avec sa personnalité, tout comme son costume qui renvoie à une imagerie sadomasochiste, Catwoman n’ hésitant pas à faire souffrir et prenant des coups en retour. L’ interprétation de Michelle Pfeiffer donne l’ impression que Selina Kyle en tire à la fois de la douleur et/ou du plaisir.

Ces super-vilains ont des personnalités suffisamment fortes pour mieux faire voir ses propres défauts et ses propres faiblesses aux héros, les thèmes du film étant le rapport des personnages à leur propre humanité, leur propre monstruosité, ce qui fait la différence entre Batman et les individus qu’ il combat, les interactions qu’ ils ont les uns avec les autres les obligeant à y faire face. Rejetés ou se sentant rejetés en tant qu’ individus, ils trouvent refuge auprès d’ animaux, leur différence étant affichée par les figures animalières qu’ ils choisissent comme « totems ».

Dans le cas de ce film, le principal reproche qui a été fait au réalisateur est d’ avoir trop mis l’ accent sur le Pingouin et Catwoman, et pas assez sur Batman. En effet, on peut par exemple voir que celui-ci est relativement passif lorsque le Pingouin devient une personnalité publique et attire la sympathie des citoyens de Gotham. On peut aussi constater qu’ il n’ a peut-être pas forcément le beau rôle. Certes, il reste le protecteur de Gotham City et son combat contre le Gang du Cirque est louable, mais son comportement soulève quelques questions.

Tout d’ abord, on peut noter qu’ il a parfois tendance à assumer une forme de sadisme, voire de tuer lors de certains de ses combats. Certains fans n’ ont pas acceptés cette vision du personnage, qui voient ici le meurtre comme une trahison d’ un de ses principes fondamentaux. De plus, on ne peut s’ empêcher d’ avoir de la compassion et de la peine pour les ennemis du Chevalier Noir, des personnages pas totalement mauvais qui ont la malchance d’ être des marginaux. Durant toute l’ histoire, ils vont donc d’ abord lutter contre la société, avant de se dire qu’ ils vont enfin trouvé un moyen de l’ intégrer pour finalement se rendre compte qu’ ils n’ y arrivent pas. Que ça soit notamment par la déchéance du Pingouin provoqué par Batman, qui lui ne tente pas de s’ intégrer mais reste à l’ écart de quasiment tout, du moins lorsqu’ il n’ a pas besoin d’ intervenir, et cela aussi bien en tant que Batman qu’ en tant que Bruce Wayne.

La chute n’ en sera que plus dur, lors d’ un final où le Pingouin rate sa tentative désespérée de se venger, où Bruce Wayne/Batman tombe le masque, créant une perte des repères établis car il assume ce qu’ il est entièrement pendant cette scène, face à une Selina Kyle/Catwoman elle aussi dans le même cas, l’ état de son costume laissant apparaître une moitié de son visage. Cette victoire est douce-amère. Que ça soit pour Batman, par son attachement à Catwoman, ou par le fait que le Pingouin aurait pu réussir ce que Batman n’ a même pas tenté, à savoir concilier son humanité et sa monstruosité aux yeux des habitants de Gotham et face à soi-même. Et pour le spectateur, qui s’ identifiait à eux.

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1 commentaire

  • par THOR
    Posté dimanche 20 mars 2011 17 h 59 min 0Likes

    Encore une fois tout est subjectif car Batman returns reste mon Batman préféré (le plus comics de tous aussi à mon sens) et je trouve qu’il n’a pas si mal vieillit.
    Mais comme pour Conan c’est une question de gout!

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