776Vues 2commentaires
Un Dimanche, Une Critique : A.I Intelligence Artificielle
Sorti en 2001, réalisé par le maître Steven Spielberg sur son propre scénario mais d’après le travail de Stanley Kubrick, A.I Intelligence Articificielle avait beaucoup fait parler de lui à sa sortie, à cause de sa fin mais aussi parce que le réalisateur d’E.T était attendu au tournant par les fans de Barry Lindon.
Pour ma part, j’avais vu et apprécié le film à sa sortie. Mais le très beau blu-ray sorti il y a quelques jours dans les bacs m’a permis de redécouvrir ce film, pas forcément parfait, mais qui mérite largement d’être évoqué.
Un Dimanche, Une Critique de ce 13 février est consacré à A.I Intelligence Artificielle
A.I. Intelligence artificielle – Sortie au cinéma le 24 octobre 2001
Réalisé par Steven Spielberg
Avec Haley Joel Osment, Jude Law, Frances O’Connor
Dans un XXIe siècle, où la fonte des glaces a submergé la majorité des terres habitables et provoqué famines et exodes, les robots sont devenus une composante essentielle de la vie quotidienne et assurent désormais la plupart des tâches domestiques.
Pourtant, le professeur Hobby veut aller encore plus loin en créant le premier androïde sensible : un enfant capable de développer un vaste répertoire d’émotions et de souvenirs.
Peu après cette annonce, David, un robot de onze ans, fait son entrée chez Henry et Monica Swinton, un couple dont le jeune fils a été cryogénisé en attendant la découverte d’un remède pour guérir sa grave maladie. Bientôt abandonné par sa mère adoptive, David entame un périlleux voyage à la recherche de son identité et de sa part secrète d’humanité.
A.I est, vous le savez sûrement tant on en avait parlé au moment de la sortie du film en salles, à la base un projet de Stanley Kubrick. Le réalisateur d’Orange Mécanique avait commencé à travailler sur le film dès la fin des années 70, engageant Brian Aldiss, auteur de la nouvelle « Super-Toys Last All Summer Long » dont le film s’inspire.
Il virera d’ailleurs le scénariste quelques années plus tard pour différent artistique et engagera ensuite Ian Watson, qui rédigera un script de 90 pages, script ensuite repris par Steven Spielberg.
Spielberg, lui, est lié à A.I depuis 1985 quand Kubrick l’approche pour lui demander de produire. Il lui confie ensuite les rênes dix ans plus tard mais le réalisateur des Aventuriers de l’Arche Perdue convint Kubrick de rester derrière la caméra. Le projet est donc mis une nouvelle fois de coté, et Stanley réalise Eyes Wide Shut. Il n’aura pas le temps de revenir à son histoire et c’est donc tout naturellement vers Steven Spielberg que Christiane Kubrick se tournera.

Ce cher Steven reprend donc le script de Watson et écrit son histoire. Il n’avait plus écrit de scénario depuis Rencontre du 3e Type en 1977 (Il a certes co-écrit Poltergeist et fourni l’histoire des Goonies à Chris Colombus entre temps).
Ce Cher Steven, donc, écrit l’histoire de A.I en trois actes parfaitement séparés.
Le premier acte sert tout naturellement à la mise en place des éléments mais, au delà, est sûrement le plus intéressant. Toute la mythologie autour de ce que peuvent ressentir les robots est mise en place, et ne pourra que vous toucher si vous avez lu d’autres choses sur le sujet (comme par exemple, dans les publications récents, l’excellent manga Pluto de Naoki Urasawa).
On y découvre un Haley Joel Osment intéressant. S’il n’est pas un grand acteur, il fait très bien le petit garçon robotique qui tente de découvrir la vie et ses quelques expressions servent parfaitement le personnage.
Cette première est la plus dramatique : l’attitude du garçon humain face au robot, l’attitude de la mère, partagée entre cet amour fictif pour un fils qui n’est ni humain ni le sien et la découverte du monde par David sont des moments particulièrement intenses soutenus par la musique de John Williams.
On se souviendra particulièrement de la scène de la piscine ou celle des ciseaux mais il ne faudra pas non plus oublier celle de la reconnaissance de son fils par la mère, scène gorgée de lumière et premier véritable rappel que l’histoire est une variation de celle de Pinocchio puisque c’est à ce moment-là que la Fée Bleue -personnalisée par la maman- donne vie au pantin.

Le deuxième acte, lui, est clairement l’histoire de Pinocchio : parti de chez lui, il partira en quête de la Fée Bleue, espérant ainsi devenir le véritable petit garçon que sa mère souhaite qu’il soit. D’ailleurs Pinocchio est clairement évoqué à plusieurs reprises, à travers la présence du bouquin lui-même, du final dans le parc d’attaction, du cirque (devenu une foire à la chaire), etc…
Il faut également évoquer la présence de Teddy, l’ours en peluche robotisé qui fera office de Jiminy Cricket. Outre le coté conscience du personnage comme dans l’histoire d’origine, Teddy est quand même, un comble, le personnage le plus humain de l’histoire.
Dans sa quête, David sera accompagné de Gigolo Joe, brillamment interprété par un Jude Law en grande forme mais dont le personnage a manifestement édulcoré. Steven Spielberg semble en effet avoir du mal à montrer du sexe à l’écran. Le personnage est donc un gigolo et emmène David dans la Cité du Vice mais, à part quelques références visuelles comme les « portes » de la cité, le sexe n’est jamais explicite dans le film – coupé du scénario écrit par Watson.
De plus, on a du mal à concevoir que l’univers extérieur soit si dur face à la douceur du foyer. Si le réalisateur a certainement voulu insister sur cette opposition, la découverte du monde par David laisse un sentiment étrange, comme si on était entré pour quelques temps dans une autre histoire. Une transition un peu plus en douceur, par exemple lors de la scène de la piscine avec de nombreux personnages justement venus de l’extérieur, aurait été bienvenue.
Enfin, le troisième acte. C’est certainement le plus controversé car clairement Spielbergien. David est retrouvé par ce qui est manifestement une race extraterrestre découvrant la Terre vide de ses habitants. A travers eux, il aura droit à un happy ending se voulant larmoyant, plutôt loupé.
Beaucoup de spectateurs, lorsque le film est sorti au cinéma, auraient sans doute préféré que le film se termine à la fin de la seconde partie. Malheureusement, Spielberg n’a pu s’empêcher de bien finir son histoire.
Reste cependant une dimension intéressante : c’est à travers les informations transmises par David aux étranges créatures qu’il gagnera son humanité.
2 commentaire
par FredP
C’est vrai qu’AI est un film un peu hybride mais passionnant dans sa genèse comment dans le rendu final.
A noter qu’à la fin, ce ne sont pas des extra-terrestres qui récupèrent David mais la dernière évolution des robots en quête de leurs origines. Quand on le sait, alors ce final est plus intéressant qu’il n’y parait.
par Ginie
Pour ceux que cela intéresse, les bases de cette histoire sur les sentiments d’un robot enfant et autres bases d’histoires de robots (dont Pluto de Urasawa mais même Astro de Tezuka ou encore I-robot avec Will Smith…) sont très largement inspirés des livres des Robots de Isaac Asimov. Des incontournables de la littérature SF.