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Retour sur la Nuit Nanarland 4

Toujours plus loin, toujours plus haut !
Au même titre que les héros des films présentés, la Nuit Nanarland 4 ne semble pas avoir de limites dans son succès en étant complète encore plus vite que l’année précédente et en confirmant un peu plus chaque année son importance comme véritable évènement contre culturel, où chacun vient déconnecter son cerveau le temps d’une nuit. Ou plutôt se faire laver la cervelle en l’occurrence, tant les organisateurs ont mis la barre très très bas !
Il semblerait que l’an dernier, certains aient reproché une programmation trop consensuelle, avec des titres déjà connus et aimés dans la communauté des bas-fonds du cinéma.
Que nenni : ce que le public veut, le public l’aura…
En revanche, pas certain que le public voulait en arriver là !

Après les traditionnelles sélections d’extraits de nanars et quelques bandes annonces savoureuses, les 2700 spectateurs ont fait la rencontre avec Neil Breen et son dernier né Twisted Pair.

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Neil Breen, c’est à la base un agent immobilier de Las Vegas, qui s’est dit un jour : « le cinéma, c’est sympa. » C’est aussi un type qui croit en ses rêves, et s’est lancé dans l’aventure en devenant acteur, scénariste, producteur, réalisateur et tout un tas d’autres trucs si on en croit les génériques de ses « films », dont Twisted Pair est le 5ème !
Sorti l’an dernier et profitant donc d’une première française, cette nouvelle fournée parle de deux jumeaux soudain dotés de pouvoirs grâce à une intelligence artificielle venue d’on ne sait où. Et les deux vont vouloir répandre la justice, mais chacun à leur façon.

Bon, c’est gentil de filer un synopsis à un truc pareil, tant cette hallucination collective a dépassée de très loin tout ce que Nanarland a pu montrer en 5 ans au Grand Rex. L’introduction est une suite de stockshots achetés sur des banques d’images en ligne, avec une musique générique elle aussi achetée sur internet, la voix-off de Neil Breen ponctuant tout ça d’explications foutraques pour poser un semblant d’histoire. Et le bougre s’intègre de temps à autre à cette beauté grâce à la magie du fond vert, qui lui permet d’être partout et nulle part à la fois.
Ça permet aussi de faire des dialogues en champ contre-champ sans changer l‘arrière-plan, histoire de bien éprouver votre cerveau dont la perception s’en trouve mise à mal, mais ça coûte moins cher !
Un principe appliqué à tout le film, qui n’en finit plus d’étirer des plans à rallonge avec un mec qui marche dans les mêmes décors non-stop, le machin étant tourné dans un campus universitaire avec 2 bâtiments et un fond vert, tandis que Neil Breen joue les deux jumeaux grâce à la science du maquillage et de la fausse barbe.

Résumer un tel film est impossible tant c’est un bordel comme on n’en a proprement jamais vu, capable de sortir une scène où le héros stalke comme un sale une femme qui va devenir sienne une fois qu’il l’a agressée chez elle ! Grand débat dans la salle, personne ne s’est mis d’accord si c’était un jeu de rôles flippant, ou simplement de l’abus de pouvoir et du harcèlement en bonne et due forme. Ressassant éternellement les mêmes conneries en défiant à chaque seconde vos nerfs optiques et toute la matière grise nécessaire pour appréhender de telles visions, Twisted Pair est le produit malade d’un esprit vide, dont la réflexion inexistante et l’égo surdimensionné ont mené à la création d’un monstre, tenu par cet individu effrayant, au regard vitreux, qui pense là nous offrir une parabole poussée sur les dangers de l’IA, et l’amour de l’homme.

Neil Breen renvoie Tommy Wiseau à l’âge de pierre, ridiculise Ed Wood et éclipse tous les Alan Smithee du monde. Il défie le concept même de cinéma à chaque instant, et offre le genre d’expérience qui rabat les cartes en un éclair, tant TOUT ici est laid, bête, lénifiant, insupportable et même physiquement difficile. La salle ne s’y est pas trompée, en chantant « ON EST VIVANT ! ON EST VIVANT ! » lorsque le générique de fin libéra nos consciences altérées à tout jamais.
On vient chaque année à la Nuit Nanarland pour recalibrer notre capacité de jugement du 7ème art, en se rappelant à quoi ressemble les abysses du médium pour mieux positionner notre échelle de valeurs. Twisted Pair a creusé le fossé à des profondeurs encore inégalées, et on a dû être nombreux à se sentir souillés, violés psychologiquement devant ce fils bâtard du Lucy de Luc Besson et de la pire Z-derie possible, pondu par un mégalomaniaque siphonné du bulbe dont le regard dégage le plus grand gouffre possible.

Voir Twisted Pair, c’est expérimenter le néant total, définitif et absolu pendant 1h45. Je peux vous assurer que ça fait très très mal. J’ai probablement hurlé plusieurs fois durant la séance « ARRÊTEZ ! », mais les dégâts psychologiques sont trop grands pour en avoir la certitude.

Après un tel baptême du feu, à même de briser n’importe quel esprit à tout jamais tant on était proche de la torture mentale, il fallait calmer le jeu. Et Nanarland est revenu en terrain conquis avec trois autres longs-métrages couillons et rigolos, qui passaient presque pour des films normaux en comparaison !

Le premier, Les Aventuriers du Système Solaire, est un mélange de film de propagande en Corée du Sud, où des gamins partent faire du camping dans une zone infiltrée par des espions du nord, avant de s’endormir pour rêver et passer à un film d’animation ultra cheap. L’occasion de pomper Transformers dans les grandes largeurs, puisque les gosses du film imaginent qu’ils rencontrent les aventuriers du titre, et utilisent des robots géants pour battre de méchants extra-terrestres qui travaillent avec les encore plus méchants communistes venant du Nord.

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Servi dans une remasterisation 4K pas franchement nécessaire vu la tête du bazar, ces Aventuriers valaient le détour grâce à une VF totalement perchée, probablement due à une équipe sous payée et droguée, avec des mecs de 35 ans se faisant passer pour des enfants.

Dans un autre genre, et parce qu’il faut toujours un classique reconnu du nanar durant ces longues soirées, on a pu voir le Clandestin, là encore en 4K !
Si vous êtes coutumiers des films d’horreur cons comme la lune, vous avez probablement déjà vu passer un extrait de cette histoire de chat mutant qui se retrouve sur un grand yacht lors d’une croisière entre mafieux et ados en chaleur. Pas besoin de vous faire un dessin : les personnages réunis ont le quotient intellectuel d’un militant d’extrême droite, et tout le monde se fait dézinguer par une marionnette mal foutue, avec quelques effets gores par-ci par-là. Pas franchement novateur, mais ça roule tout seul, toujours en VF pour accentuer la farce, même si le pauvre chat qui sert de monstre méritait bien mieux que cette bande d’abrutis. Minou minou, qu’il est mignon.

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Enfin, parce que la France se doit de briller, et parce qu’une nuit nanar ne serait rien sans ninjas, les festivités se sont terminées sur Bruce Contre-Attaque. Un énième représentant de la Bruce-Sploitation, un genre à part entière qui n’a eu de cesse suite au décès de Bruce Lee de vouloir surfer sur la popularité délirante du bonhomme en enchaînant les films avec des sosies plus ou moins convaincants. Le plus prolifique était sûrement Bruce Le (la différence est subtile…), qui joue ici l’histoire d’un mec à qui il arrive des trucs. Puissant le scénario, on en convient.

Bon, il était 5h du matin, il ne faut pas trop chercher, puis tout ça n’est qu’un prétexte pour aligner les scènes de combat et les jolies donzelles seins nus. On a pu remarquer tout de même que le bousin offre une baston sur les célèbres escaliers de la Place d’Espagne à Rome, ou sur un toit des Champs Elysées à Paris, preuve s’il en est que les responsables de tout ça avait de l’argent et l’envie de faire voyager. Plutôt cool de leur part.

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L’occasion de se rappeler que derrière chaque image totalement flinguée qui a pu être projetée lors de cette Nuit Nanarland 4, il y a des hommes et des femmes qui ont donné du leur pour faire perdurer un rêve de cinéma, même si celui-ci pouvait être extrêmement mercantile.
Et c’est là que réside la clé et la beauté de tout ça : ça reste des gestes artistiques échoués, mais qui ont tenté de produire des œuvres pour faire valoir le meilleur de l’humanité. Même Twisted Pair, à sa façon bien particulière, ou les bandes annonces porno qui clôturent l’évènement, devant des spectateurs lessivés mais heureux. Face à tant de déviances, le retour à la réalité et aux films que l’on voit habituellement en salles peut parfois paraitre morose, triste, désincarné.

Heureusement, on pourra retrouver la Nuit Nanarland dans un an pour remettre à l’équerre notre compas artistique, qui sera bien brossé dans le sens du poil d’ici là, et qui en a bien besoin après une telle épidémie dans nos neurones. Vivement l’année prochaine.

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