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Rencontre avec Joaquim Dos Santos

Il a fait ses armes sur Justice League Unlimited pour ensuite aller réaliser quelques uns des meilleurs épisodes de Avatar The Last Airbender avec Michael Dante di Martino et Brian Konietzco. Avec eux, il a co-créé la série The Legend of Korra et il est aujourd’hui showrunner (avec Lauren Montgomery) de la série Voltron, disponible sur Netflix.

Joaquim Dos Santos est l’un des plus grands réalisateurs de série animée américaine, storyteller de talent et ayant un don pour la mise en scène de combats. Surnommé « Doctor Fight », il est sans aucun doute le Bruce Timm des années 2010. Nous l’avons rencontré.

 

Comment est née l’idée de faire une nouvelle série dédiée à Voltron ?
Je travaillais encore avec ma co-productrice Lauren Montgomery à Nickelodeon, on finissait Korra. On a entendu que Dreamworks avait acquis plusieurs vieilles séries dont Voltron. L’idée nous excitait parce qu’on était fans quand on était gamins. Mark Taylor, ancien de Nickelodeon passé chez Dreamworks m’a appelé, d’abord pour qu’on se voit de manière générale. A la toute fin de notre entretien, il a mentionné Voltron, ça m’a emballé et on a décidé de faire la nouvelle série avec l’équipe créative de Legend of Korra.

Vous avez repris toute l’équipe de Korra ?
Oui, sans vouloir paraitre trop vantard ou quoi que ce soit, je pense qu’en matière de série animée d’action, ce sont les meilleurs. Ceux qui voulaient partir sur leurs propres projets l’ont fait et les autres sont venus travailler sur Voltron. Pour moi, c’est une équipe de rêve.

Quel est votre rôle sur la série ?
A la base je suis storyboarder dont j’ai storyboardé beaucoup. J’ai aussi réalisé le premier épisode. J’aime le storyboard parce que ça évoque l’histoire, le visuel mais ça permet aussi de voir où on va en matière de post production. On peut tout préparer.
En tant que producteur exécutif, je supervise tous les aspects du projet. J’assiste aux réunions de scénaristes, je valide les concepts, le mixage, tous les aspects de la post prod, le design des personnages. Je dois tout approuver, c’est un peu fou. Quand je réalise, je suis concentré uniquement sur ma tâche. Là je fais un peu de tout.
Avec Lauren Montgomery, on se connait depuis Justice League. On se fait confiance. On se partage les tâches d’un planning fou et on a confiance dans les décisions de l’autre.

Quelle était la part de création et la part d’éléments à conserver de la série originale ?
Nous sommes des fans de l’original. On savait donc ce qu’on voulait voir nous-même, ce qu’on voulait garder. Il fallait que ça ressemble à du Voltron de loin mais qu’en s’approchant ça ressemble à quelque chose de nouveau.
Visuellement, on se devait de conserver des choses, d’être dans la même lignée. Du point de vue de l’histoire c’est différent parce que Voltron est à l’origine un re-montage de deux séries animées japonaises et à l’époque on n’avait pas eu la chance de voir les séries originales. Et honnêtement, la série remontée originale est dure à revoir : le montage est parfois bizarre, du contenu jugé trop violent a été retiré… Tout ça pour dire qu’une partie de l’aspect dramatique de l’hstoire a été retirée. Il fallait donc recréer tout ça, remplir les blancs.

Les personnages de Voltron sont très équilibrés. L’histoire se déroule sur plusieurs épisodes, évitant le coté « un méchant à combattre par épisode ». Comment avez-vous travaillé ces aspects-là ?
Le fait que Netflix diffuse la série, en proposant la saison dans son intégralité, nous a permis de proposer une série feuilletonnante. Quand un épisode se termine, on veut directement la suite.
C’était déjà le cas sur Avatar et Korra mais on devait malicieusement court-circuiter le diffuseur. Pour nous, c’était une belle opportunité d’avoir une histoire complète à proposer.
Quand aux personnages… Quand nous étions enfants, chacun de nous avait son personnage favori et c’est encore le cas maintenant au sein de l’équipe de production. On a donc creusé ça, et on se l’est permis parce que le public a évolué, appréciant des choses plus complexes. Dans les années 70-80, c’était acceptable d’avoir un héros principal et des personnages secondaires. Maintenant, les gens en veulent plus, ils veulent connaitre leurs personnages.
Je trouve génial que Pidge (dans l’armure et le lion vert) soit un des personnages les plus intéressants, c’est génial parce qu’il y a quelques années, le personnage aurait été mis de coté.

Voltron me rappelle Korra autant pour l’humour que pour l’aspect spirituel, ici à travers la connexion avec les Lions. Ce sont des aspects gardés volontairement ?
On a travaillé sur ces séries depuis si longtemps que ce sont des aspects naturels, ça fait partie de notre nature. Michael et Brian, les deux créateurs d’Avatar, ont eu beaucoup d’influence sur nous. C’est comme ça que nous sommes maintenant.
On a aussi voulu développer l’aspect mystique, alors que dans la série originale il suffisait de démarrer les robots comme on démarre une voiture. On voulait faire en sorte que la frontière entre la fantasy et la science fiction soit mince.

Revenons à l’époque de Justice League. Qu’avez-vous appris de votre collaboration avec Bruce Timm et ses équipes ?
Batman la série animé a révolutionné l’animation à la télévision. Elle a montré qu’on pouvait raconter des histoires avec une progression, des histoires qui aient du coeur. Ce n’était pas seulement une série destinée à vendre des jouets, Batman en ayant déjà vendu des millions.
Je me souviens de ma première semaine sur la série, je revois Bruce entrant dans la pièce. Il m’a demandé quel était mon film préféré et je lui ai cité Aliens de James Cameron. Il m’a alors donné une pile de films à voir, presque des films d’étude, du cinéma auquel on ne fait pas attention quand on est jeune parce qu’on se plonge dans la pop culture. J’ai réalisé que je pouvais puiser mon inspiration dans des films très cinématographiques, très différents de ce que j’avais l’habitude de voir. J’ai beaucoup appris. C’est un maitre du storytelling.

Quelle a été votre relation avec Michael Dante di Martino et Brian Konietzco à l’époque d’Avatar ?
Je les ai appelé alors que je finissais Justice League et parce qu’un poste s’ouvrait pour réaliser Avatar. J’adorais la série, qui était alors tout ce que j’avais envie de faire. Ils m’ont répondu, me disant que si la place de réalisateur était déjà prise, il y avait un poste de storyboarder mais il fallait passer un temps. Je leur ai dit : « hey mais je suis réalisateur sur Justice League, vous êtes sûrs ? ». Ils ont insisté et j’ai raccroché. Je m’en suis voulu, j’ai entendu deux semaines et je les ai rappelé pour passer le test.
Ca a commencé comme une relation employeur-employé. Ils étaient mes patrons. Mais il y avait quelque chose… Bruce Timm était un mentor. Mais Mike et Brian sont de la même génération que moi. On a les mêmes références. On est devenus amis. A la fin, quand j’ai commencé à réaliser, ils faisaient confiance à mes instincts.

Devenir co-créateur de Legend of Korra s’est fait naturellement ?
J’allais retourner chez Warner Bros quand ils m’ont appelé pour me dire qu’ils allaient réaliser une suite à Avatar avec un incroyable budget. Ils voulaient alors une héroïne, ce qui n’avait jamais été fait en matière de série animée d’action puisque les financiers veulent vendre des jouets aux garçons. J’ai donc forcément dit oui.
Il n’y avait pas de deal avec une licence, rien. On devait juste faire la série qu’on voulait faire, avec une superbe héroïne, qui ne se laisse pas faire et ne respecte pas les règles. C’était pour nous le scénario rêvé.
J’y ai mis en images des scènes de combat, j’ai travaillé cet aspect sachant que Korra est une battante, qui se lance tête baissée dans l’action sans prendre le temps de parler. Sa personnalité est forte, elle pratique des arts martiaux. Ca m’intéressait beaucoup.
A un niveau créatif, Mike, Bryan et moi-même nous entendons très bien. Ils savaient que j’avais une vraie soif de mettre en image de grandes scènes d’action. Et plus Korra découvrait ses pouvoirs, plus les scènes étaient conséquentes.

Comment mettez-vous en scène ses combats ?
Avatar est une série particulière dans l’univers télévisuel, c’est la seule à ma connaissance où des vidéos de référence sont tournées. Deux spécialistes des arts martiaux et acrobates ont travaillé sur Avatar et Korra. Ils peuvent tout faire. Et on les filmait sous tous les angles possibles. Ca n’a a beaucoup aidé à storyboarder.

Mais même sans les vidéos, vous êtes très bon. Prenez GI Joe Renegade ou Justice League. La mise en scène d’action vous est naturelle.
C’est dans ma nature, oui. Mais je dois préciser que si je suis souvent crédité pour ces combats, c’est un travail d’équipe et qu’on s’est partagé la tâche. Après c’est cool d’être surnommé « Doctor Fight » sur Internet et j’aime ça.

Sur Voltron, les combats sont différents puisque ce sont des robots, des fusillades. Avez-vous du vous freiner ?
Oui. Mais Voltron nous a permis de faire des choses plus épiques, moins rapprochées. On a ralenti. Pour moi c’était difficile de modifier mes habitudes. Mais j’ai grandi avec Star Wars donc…

Quelles sont les autres références avec lesquelles vous avez grandi et qui vous ont aidé sur la série ?
Robotech/Macross m’a beaucoup influencé par son sens du drame. C’est la première fois qu’un personnage d’une série animée mourrait devant moi. Après James Cameron est mon héros : Terminator, Aliens. Robocop aussi.

Sur Korra, vous avez réalisé les épisodes de la première saison et pas la suite. Pourquoi ?
Je me suis impliqué à la réalisation de la première saison, oui. On a ensuite embauché. Mais j’ai continué à superviser les storyboards des saisons suivantes en tant que producteur exécutif. Tout devait passer par Lauren et moi avant d’aller à l’animation finale. Je n’ai pas été crédité mais j’étais tout autant impliqué.

Y aura-t-il une saison 2 de Voltron ? Toutes les questions n’ont pas trouvé de réponse.
On travaille sur des choses mais rien n’est officiel pour le moment. On a des idées. La saison 1 se termine sur un grand cliffhanger et vous aurez envie de voir la suite.

Remerciements chaleureux aux équipes de Dreamworks TV qui ont permis cette rencontre.

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