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Rencontre avec Hal Hickel

A douze ans, Hal Hickel écrit à Gary Kurtz pour lui dire qu’il veut travailler sur L’Empire Contre Attaque. Une vingtaine d’années plus tard, il rejoint ILM et travaille sur la Menace Fantôme. Depuis, il a travaillé sur A.I de Steven Spielberg, a remporté un Oscar pour Pirates des Caraïbes Le Secret du Coffre Maudit, a bossé sur Pacific Rim et le tout récent Warcraft.
Et actuellement il finalise les effets visuels de Rogue One, A Star Wars Story.

Nous avons rencontré un passionné des effets spéciaux.

Pouvez-vous me raconter l’histoire de la lettre que vous avez envoyé à Gary Kurtz étant enfant ?
Comme tout le monde quand le premier Star Wars est sorti j’étais excité. Et la presse a à un moment annoncé qu’ils allaient faire une suite. J’ai donc écrit une lettre au fan club de Lucasfilm avec des idées pour ce 2e épisode. Je ne savais pas à quoi m’attendre en retour mais j’ai reçu une lettre de la secrétaire de Gary Kurtz, lui était le producteur du film. Elle était très polie, me disant que mes idées ne seraient pas retenues car des gens travaillaient déjà sur l’histoire. J’avais aussi demandé des conseils pour démarrer et elle a répondu qu’il fallait « du talent, de la chance et un agent ». A l’époque j’étais un peu déçu mais après je me suis rendu compte que c’était cool parce qu’ils doivent recevoir des tonnes de courrier mais la secrétaire du producteur du film a pris le temps de m’écrire une réponse. Des années plus tard, je lui ai parlé par email et elle m’a avoué que c’était une de ses tâches, de répondre au courrier des fans. On était alors juste avant le début de tournage de l’Empire Contre Attaque.

De fait, travailler sur la Menace Fantôme était une vraie réussite personnelle ?
Honnêtement je ne pensais pas un jour travailler sur un Star Wars dirigé par George Lucas, je ne pensais pas qu’il referait des films. J’ai eu beaucoup de chance. Pour l’anecdote, on a fait un gros petit déjeuner pour célébrer la fin de la production. George était là, tout le monde avait apporté quelque chose à dédicacer. J’avais apporté ma lettre, il l’a lue, a rigolé, a surligné les mots « talent » et « chance » et l’a signée ! La boucle était bouclée.

Sur Star Wars, qu’aviez-vous fait ? J’ai lu que vous aviez animé les droidekas ?
Oui, les droidekas et le personnage de Boss Nass. J’étais un des animateurs de l’équipe et je suis devenu « lead » quand ils m’ont donné ces personnages à gérer en particulier. J’ai aussi fait quelques animaux quand ils sont dans les marais, quelques plans de Watto… Je dois dire que je ne n’ai jamais fait le moindre plan de Jar-Jar Binks et j’en suis fier !
Les droïdekas, c’était compliqué parce qu’ils ont trois jambes. Je crois savoir maintenant pourquoi aucune créature dans la nature n’a trois jambes. C’était compliqué de marcher comme ça. Mais c’était un challenge amusant et le fait qu’ils se déplient était intéressant à travailler.

Pouvez-vous expliquer ce que fait un « superviseur des effets spéciaux » ?
Je pense que c’est à peu près pareil quel que soit le studio. Quand un projet arrive, le superviseur se retrouve en charge de la création visuelle, associé à un producteur qui s’occupent d’autres tâches dont le budget. S’il y a beaucoup de personnages, de créatures, on peut aussi avoir dans l’équipe un superviseur de l’animation.
Il s’occupe simplement de tout ce qui est lié aux personnages et aux créatures numériques du film mais aussi aussi des véhicules : Yoda, des robots géants, des aliens, etc…

Est-ce que vous êtes sensibles aux critiques qui sont faites sur les films sur lesquels vous avez travaillé ?
C’est toujours difficile parce qu’on travaille dur sur ces films, aussi dur que sur des films qui ont de bonnes critiques. Je mentirais si je disais que ça ne me touche pas. Ca me touche.
C’était difficile pour la Menace Fantôme, nous étions tous très excités de travailler sur le nouveau Star Wars et de voir qu’il était mal accueilli… C’était dur. Nous sommes super fiers de ce qu’on a fait.
Ceci étant dit, travailler sur un Star Wars, pour George Lucas que j’admire beaucoup, ça a dépassé tout ça. C’est quelqu’un de très impliqué dans son univers. Beaucoup le voit comme celui qui a été rongé par le marketing, mais ce n’est pas vrai, c’est toujours un réalisateur.
D’une manière générale, quand je travaille sur un film, je ne peux pas m’empêcher de lire les critiques.

Vous avez travaillé sur Toy Story et sur Rango. En quoi est-ce différent de travailler sur un droïde, l’armure d’Iron Man et un personnage d’un film entièrement animé ?
Il y a une grande différence même si fondamentalement il s’agit d’animer des personnages, qu’ils soient réalistes ou avec un look cartoon. Le travail est différent parce qu’en live-action, on doit faire en sorte que ça paraisse live. En animation, il n’y a pas ce besoin de combiner animation et réalité.
Il y a eu beaucoup de discussions dernièrement sur le fait que les films d’animations pourraient ou pas être nommés dans les catégories dédiées aux effets visuels. On pense que ce sont des artistes qui animent des choses, font le même travail… Moi je pense qu’à partir du moment où on n’a pas besoin de combiner notre travail avec du livre, ce n’est plus le même travail. C’est un monde différent.

Comment votre travail a évolué depuis La Menace Fantôme ? Est-ce plus simple aujourd’hui ?
Ce n’est pas plus simple. Le travail n’a fondamentalement pas changé, sauf peut-être un peu par l’apport de la motion capture. Les logiciels et les ordinateurs se sont améliorés mais les projets demandent plus d’implication et de travail qu’avant. Le nombre de plans, de personnages, la complexité globale a augmenté.
La barre est aussi de plus en plus hautes. On a eu une phase difficile, à la fin des années 90-début 2000 quand on a essayé d’en faire plus que ce que la technologie proposait alors. Et les films sont moches. Ca a contribué à la mauvaise réputation des effets numériques. Mais on a réussi à dépasser tout ça et le travail est de qualité.

Sur Warcraft, quel a été votre plus gros challenge ?
Les Orcs ! Parce qu’ils font face à de vrais humains et ont autant d’importance narrative puisque le film raconte son histoire des deux points de vue. Et ce ne sont pas juste des créatures qui ont une scène ou deux. Et puis ils ne doivent pas avoir tout le temps l’air méchant, comme c’est le cas des Orcs de Tolkien. Il fallait qu’ils aient toute une palette d’émotions à retranscrire et qu’ils aient l’air crédibles, que le public y croit.
Nous avions aussi à appréhender le style visuel de Blizzard. Rien dans le jeu n’a l’air réaliste. Il y a un style très cartoony. Même dans les cinématiques que Blizzard a fait pour le jeu et qui se veulent plus réalistes, on garde un style cartoon parce qu’il n’y a pas de personnages live à l’écran. C’était un challenge pour nous parce qu’il fallait que l’ensemble soit équilibré tout en gardant l’esprit Warcraft. Si le film n’avait pas été basé sur un jeu, nous aurions surement fait les choses autrement.

Quand vous découvrez un film, êtes vous parfois jaloux du travail visuel de vos collègues ?
Oui, d’autant que j’aime la compétition. Un bon exemple est Le Livre de la Jungle. Le film est magnifique. Les décors, les personnages… c’est de l’excellent travail.

On doit parler de Rogue One. C’est probablement le Star Wars le plus proche des films que Gary Kurtz a produit. Pensez-vous que pour vous la boucle est désormais bouclée, puisque vous travaillez dessus ?
Je suis excité pour plusieurs raisons. D’abord parce que c’est dans la même timeline que les films originaux dont j’aime vaisseaux, les costumes… Ensuite, parce que l’idée du film vient de John Knoll avec qui je travaille chez ILM et qui est un ami. Il a pitché le projet à Kathleen Kennedy et ils ont décidé de faire le film. Ca m’a donné envie de travailler dessus. Enfin, parce que c’est cool de retourner travailler dans l’univers de Star Wars.

Il va y avoir des reshots du film parce que Lucasfilm n’est pas content du résultat. Est ce que c’est frustrant ? Sachant qu’une part de votre travail va être jeté ?
Non, c’est juste du cinéma. Les gens aimeraient que le processus soit linéaire, qu’on tourne, fasse le montage, fasse la post production et ce serait terminé. Mais ça ne se passe jamais comme ça et ça ne devrait pas nous déranger.

De ce que vous avez-vu, que pensez-vous de Rogue One ? Je voudrais un sentiment personnel, pas des spoilers.
Je suis très excité. Je l’aime beaucoup. J’aime son ton, j’aime la manière dont Gareth l’a tourné. J’ai hâte d’être en décembre pour voir le film terminé.

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