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Rencontre avec Franck Vestiel

Lors de son passage à Gerardmer, David a rencontré Franck Vestiel, le réalisateur du film de science-fiction Eden Log avec Clovis Cornillac.

Venu en simple visiteur, juste pour le plaisir du festival, Franck Vestiel a bien voulu répondre aux questions de David et l’interview s’est ensuite prolongée par email. Ils y parlent de Clovis, forcément, d’Eden Log mais aussi de la science fiction en général.
Voici cette interview.

Un immense merci à Franck pour sa disponibilité et son générosité ! Eden Log est sorti en salles en 2007 et disponible en Blu-Ray depuis août 2010.

Quel est votre point de vue sur l’état actuel du cinéma fantastique et plus particulièrement sur celui de la science-fiction ?
La science-fiction est un peu le sous-genre du sous-genre. D’autant que je ne crois pas qu’elle soit inscrite dans le code génétique du cinéma français. « La Jetée » ou « Alphaville » demeurent des exceptions, des coups de feu dans la nuit, mais en aucun cas un mouvement ou une mode.
Le genre est gourmand, cher. Il se veut transgressif et ça n’est pas toujours une équation facile à résoudre avec un large public qu’il faut attirer pour amortir les coûts. Sinon, c’est le bout de ficelle. Un peu tout ou rien en termes de production.
Je me demande paradoxalement dans quelle mesure les images de synthèse n’ont pas à leur façon un peu tué la SF. On voyait un film de SF à la manière d’un tour de carte, on se demandait « mais comment ils font ? », une sorte d’émerveillement quasi-enfantin devant des images. Aujourd’hui, on a le sentiment que tout est possible.

Y-a-t’ il des titres de SF récents qui vous ont particulièrement plu ?
Incontestablement, « Les Fils de l’Homme ». J’ai également trouvé certains aspects de « Moon » intéressants, mais j’avoue ne pas avoir été complétement bluffé par les derniers films que j’ai vus. La SF avance à la vitesse des nouvelles questions que se pose la science. Le cinéma est jeune mais il a déjà rattrapé son retard sur les thématiques. L’écologie, Internet peut-être … Le reste a déjà été beaucoup ventilé … Et puis, P.K. Dick est mort …
Ce qui me traverse en ce moment, c’est de me dire que le fait que de plus en plus de scientifiques soient des femmes va peut-être amener de nouvelles questions et un nouvel intérêt pour la SF. C’est dingue ce que le genre est une affaire masculine quand même …

Quel était votre but lorsque vous avez réalisé « Eden Log » ? Prouver que l’on pouvait réaliser un film de SF en France ? Essayer d’innover ou au contraire digérer vos références ?
Vous imaginez bien que je n’ai rien à prouver à un système dans lequel je suis nanoscopique. Le but était de tenter de faire un film qui corresponde simplement à ce que j’aime, ce qui m’intéresse.
Je crois ensuite que la volonté d’innover est une prétention légitime. Et bien sûr qu’à l’arrivée, on n’a fait que digérer des références, j’espère au mieux. Pendant toute la phase préparatoire, on s’évertue à éliminer tout ce qui peux paraître de l’ordre du déjà-vu, déjà-fait … Résultat des courses, lorsque que Kounen a vu le film il m’a dit qu’il transpirait « Métal Hurlant ». C’est une référence contre laquelle je ne peux pas lutter puisque j’en bouffe depuis que je suis en âge d’aller à la bibliothèque du quartier … Finalement, on ne monte un mur qu’avec les briques dont on dispose, on tente tout au plus de jouer sur une disposition originale …

Comment s’est porté le choix de Clovis Cornillac, vous vous connaissiez avant « Eden Log » ?
Pour être honnête, il m’a plus choisi que l’inverse. Je l’ai rencontré il y a une dizaine d’années maintenant. J’étais 1er assistant sur une série (« Central Nuit »). Comme beaucoup de ceux qui n’ont qu’une connaissance théorique de ce milieu, j’avais tendance à sacraliser les réalisateurs, leur vision universelle. Je ne me suis jamais dit que je pouvais en devenir un. Clovis m’a décomplexé sur l’idée de tenter de faire simplement des bons films en écartant toute idée de chef d’œuvre obligatoire.
Pour « Eden Log », je voulais absolument travailler avec lui. Comme le film est vu à travers les yeux de son personnage, il était pour moi plus facile de travailler avec un comédien dont j’avais le sentiment d’être proche, dans lequel je pouvais me projeter …

L’investissement de Clovis Cornillac a été considérable, il est même devenu producteur.
Il croyait beaucoup en ce projet, il avait très envie que je fasse mon film mais le budget ne supportait pas le cachet habituel d’un tel comédien. Il devait forcément y renoncer. Clovis est donc devenu coproducteur. Depuis, j’ai une statue à son effigie sur le rebord de ma fenêtre, et un jour sacré dans l’année, je la prie selon un rituel précis … totalement nu bien sûr et tourné vers l’Est !

Je trouve que Clovis Cornillac est un acteur qui construit « physiquement » ses personnages. Pouvez-vous nous en parler de sa façon de travailler, notamment sur « Eden Log » ?
Vu le nombre de dialogues dans « Eden Log », s’il avait construit son personnage autour, je pense qu’on ne tournerait toujours pas ! C’est plutôt avec lui qu’il faut en parler mais oui, le corps est important dans son travail. Il a besoin de se construire une démarche, une façon de bouger. Il a une notion très précise de l’espace, il sait toujours où se placer par rapport à la caméra pour être présent, voire, et c’est plus rare, s’effacer pour mettre en valeur une situation ou un partenaire. En quinze téléfilms et un film, je ne l’ai jamais pris en flagrant délit de maladresse à cet endroit.

Avez-vous beaucoup été sollicité par les Etats-Unis après la sortie d’« Eden Log » ?
Comme tous les réalisateurs de genre qui ont vendu leur film là-bas ! Hollywood s’est toujours nourri des étrangers. C’est d’ailleurs assez paradoxal, ils viennent vous chercher pour ce que vous êtes susceptibles d’amener de neuf, de nouveau dans leurs productions mais ont finalement tendance à se débarrasser de tout ce qui est différent de ce qu’ils ont l’habitude de faire.
J’ai le sentiment qu’aucun réalisateur français n’a vraiment fait son meilleur film là-bas même pour les plus en place comme Kasso (Kassovitz) ou Siri. Ça interroge quand même … D’autant que je ne suis pas sûr d’avoir accès aux projets les plus intéressants, captés par d’autres avant moi. Ça ne vous aura pas échappé que je ne fais pas partie de la « liste A ». J’ai travaillé sur deux ou trois trucs mais au moment de se décider, je suis toujours trop « petit ».

Est-ce que vous travaillé sur un projet actuellement ?
Oh oui, des projets on en a toujours. Ce sont les moyens de les faire aboutir qui paraissent plus aléatoires.
J’ai un projet que je développe au sein d’une petite structure, « BARRICADE FILMS » que l’on a monté avec Clovis (Cornillac).

Votre référence cinématographique ?
S’il ne devait y avoir qu’un seul film de SF : « Blade Runner ». Je m’aperçois d’ailleurs qu’il m’est quasiment impossible de juger ce film tellement il appartient à des souvenirs. C’est une de mes madeleines.

– Propos recueillis à Gerardmer par David Cagliesi

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2 Comments

  • par Fouad des Ombres
    Posté mercredi 2 mars 2011 23 h 50 min 0Likes

    Super interview ;)

  • par Marc
    Posté jeudi 3 mars 2011 10 h 14 min 0Likes

    Merci cher ami

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