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PIFFF #5 : The Body, Modus Anomali, Clive Barker
Le PIFFF est terminé.
Le jury long-métrages a récompensé The Body de Oriol Paulo et The Cleaner Adrian Saba. Le public, lui, a préféré Citadel de Ciaran Foy.
Et Jean-Victor a vu une dernière salves de films dont une nuit entière consacrée à Clive Barker
Le festival s’est clôturé sur la projection en avant-première de Silent Hill 2. On vous en reparlera dans la prochaine émission.
Modus Anomali (2012) de Joko Anwar
Parti passer un weekend en forêt avec femme et enfants, un homme va devoir subir une série d’épreuves avant de pouvoir retrouver sa famille, enlevée et dissimulée…
Après le foutage de gueule bien prononcé de Bellflower l’an dernier, c’est Modus Anomali qui prend la relève pour cette seconde édition du PIFFF. Avec son héros se réveillant on ne sait pas pourquoi en pleine forêt, et découvrant rapidement que toute sa famille a été sujet à un meurtrier en vadrouille, le film semble vouloir jouer la carte du survival à forte tendance psychologique, avec un acteur qui passe la plupart du film à errer dans la forêt. Le tout semblait bien trop simple surtout à la vue de son tueur banalisé tout en restant à distance, et alors qu’on comprend réellement de quoi il en retourne, le film s’encline dans sa dernière demi heure à exposer son twist foireux de manière bien explicite histoire de s’assurer que les 3 débiles du fond auront tout compris en sortant de la salle.
Ca a le mérite d’être insupportable en plus d’être vain et prétentieux comme pas permis, mais si vous aimez vous baladez dans les bois en vous regardant le nombril, Modus Anomali pourrait faire votre bonheur.
The Body (2012) de Oriol Paulo
Le corps d’une jeune femme décédée disparaît mystérieusement d’une morgue. L’enquête est ouverte.
Grand gagnant de cette deuxième édition du PIFFF, The Body est un thriller espagnol qui fait parler de lui depuis sa diffusion en ouverture du festival de Sitges. Avec son pitch très simple, la disparition d’un corps dans une morgue, le film s’apparente à une partie de Cluedo dans laquelle le but est de comprendre qui a bien pu toucher au corps. En réalité, le scénario est plus complexe qu’il en a l’air, et les sous ramifications de l’intrigue permettent de maintenir l’intérêt d’une œuvre par ailleurs extrêmement classique dans son genre. On peut cependant lui reprocher ses révélations finales un peu grosses et dont les indices disséminés ça et là dans le film sont trop maigres pour que le spectateur ait vraiment une chance de s’en sortir par lui-même, condition sinéquanone de ce genre de film pour que l’on puisse s’impliquer sans trop subir la chose.
Reste que le mystère fonctionne et suscite la curiosité du spectateur, qui passe un plutôt bon moment devant la chose.
Nightbreed : The Cabal Cut (1990) de Clive Barker
Un groupe de mutants tente d’échapper à un tueur en série.
Pour commencer la nuit Clive Barker et s’introduire dans son univers si particulier, le PIFFF a eu la bonne idée de nous présenter le Cabal Cut de Nightbreed.
Nightbreed, sorti en 1990, se voulait le « Star Wars du film de monstre » d’après son auteur et présente une histoire dans laquelle les méchants ne sont pas ceux qu’on pense, avec un récit emprunt du monomythe Campbellien, à grands coups de prophétie, de territoire mystique en voie de perdition, de sauveur…
Les studios de Morgan Creek ne l’entendaient pas totalement de cette oreille à l’époque, et le film a été retiré des mains de son auteur, pour en tourner le ton, appuyer bassement le côté horrifique et obtenir un résultat plus consensuel.
Le Cabal Cut est une initiative prise suite à la découverte de copies de travail VHS du film et de rushs non utilisés, pour remettre le film dans sa forme initiale en suivant de près le script original et les recommandations de Clive Barker.
Le résultat est une épopée étrange, hors norme, dans laquelle le bestiaire très travaillé est semblable à celui de Freaks : une galerie de gueules pas possibles et touchantes malgré leurs apparences parfois répugnantes. Un choix qui pourrait presque pousser le film à être grand public si le personnage de David Cronenberg n’était pas un tueur psychopathe et si certains effets gores étaient absents, mais l’histoire n’en reste pas moins belle et surréaliste tant elle marie un genre qu’on apprécie particulièrement ici avec une esthétique gothique des plus torturées.
Le score de Danny Elfman en rajoute une couche malgré sa ressemblance avec la musique des Batman de Burton, et on peut sentir cependant les quelques errances et flous scénaristiques d’un film trop tiraillé dans tous les sens pour être parfaitement fluide.
Cela n’empêche pas Nightbreed d’être enfin une adaptation juste du roman Cabal, et les responsables de ce Cabal Cut, proposé dans une qualité exécrable (les 3 quarts du film sont tirés des workprints VHS…), sont actuellement en pleine négociation avec le studio pour récupérer tout le matériel original et faire une restauration digne de ce nom à cette œuvre hors norme. Ne manquez pas de signer la pétition de soutien (à cette adresse : http://www.ipetitions.com/petition/nightbreed/ ), car ce Cabal Cut mérite d’être terminé et montré au monde entier.
Hellraiser : Le Pacte (1988) de Clive Barker
Durant un voyage, un homme entre en possession d’une boîte maléfique qui lui ouvrira les portes d’un monde de plaisir et de terreur
Œuvre séminale et pionnière de l’auteur, Hellraiser était la première réalisation de Clive Barker, qui passa derrière la caméra après avoir été déçu par les deux premières adaptations issues de ces œuvres. Songeant les désirs les plus ardents d’une femme venant d’emménager dans la demeure familiale de son mari, Hellraiser voit cette dernière faire face à la réincarnation de son beau frère, dont le corps se recompose petit à petit dans le grenier au fur et à mesure qu’on le nourrit de sang. Ayant nourri une relation passionnelle avec ce dernier, elle va se mettre à tuer pour recomposer complètement l’homme, qui s’était retrouvé dans une telle situation en utilisant un artefact donnant accès aux enfers du plaisir, dans lesquels règnent en maîtres les Cénobites, démons dirigés par le mythique Pinehead et sa tête pleine de clous.
Hellraiser est encore aujourd’hui extrêmement impressionnant par la radicalité sans concession de son histoire qui mêle habilement une horreur très graphique et viscérale avec une romance torturée et un sous texte sexuel très prononcée. Œuvre ouvertement sadomasochiste, Hellraiser creuse les pulsions les plus basses de ses personnages dans un cauchemar qui n’a rien perdu de sa superbe et qui chatouille habillement les tripes du public, aussi fasciné que dégouté. Avec son imagerie hyper travaillée pour un budget minuscule et son utilisation transgressive du fantastique, Hellraiser reste toujours aussi sulfureux et spectaculaire, démontrant qu’il n’a pas démérité son statut de classique.
Hellraiser II : les écorchés (1989) de Tony Randel
Pour Kirsty Cotton, le cauchemar est sans fin… Internée dans un hôpital psychiatrique, elle tente d’oublier les innommables meurtres perpétrés par sa belle mère Julia. En écoutant son récit, le Docteur Channard va enfin réussir à accomplir son rêve: résoudre le secret de la bête maléfique qui ouvre les portes du plaisir et de la douleur…
Ecrit par Clive Barker et tourné avec un budget douze fois supérieur au précédent, ce second opus d’une saga qui en compte désormais neuf a été depuis désapprouvé par l’artiste. Et on peut le comprendre, tant Hellraiser 2 est un nouvel exemple de la suite bigger and louder qui fait n’importe quoi en reniant les fondements de l’original.
Retrouvant l’héroïne rescapée du premier opus dans un hôpital psychiatrique qui va de nouveau faire face à sa belle-mère perverse et au monde cauchemardesque des Cénobites, le film de Tony Randel se veut comme une extension du background de Hellraiser, en approfondissant drastique la mythologie propre au fameux artefact responsable des mésaventures des personnages. Seulement voilà, le film finit par tomber dans le grand n’importe quoi, en voulant une fois de plus raconter les origines d’un Pinehead terrifiant par le mystère qui l’entoure, en tournant en ridicule les Cénobites avec un nouveau méchant honteux, et en tournant tout au spectaculaire de bas étage. Le film en oublie les fondements scénaristiques du premier et vire la dimension sexuelle si importante, transformant Hellraiser en foutoir fantastique couillon et risible malgré certains décors plutôt jolis.
De notre côté, c’est sûr, on n’ira pas plus loin dans la saga.
Candyman (1993) de Bernard Rose
Helen Lyne, une étudiante, décide d’écrire sa thèse sur les mythes et légendes locals. C’est en visitant une partie de la ville inconnue qu’elle découvre la légende de Candyman, un homme effrayant qui apparait lorsqu’on prononce cinq fois son nom en face d’un mirroir. Helen, pragmatique, choisit de ne pas croire à l’existence de Candyman. Mais son univers bascule dans l’horreur quand une série de meurtres horribles commence …
Fréquemment cité parmi les meilleurs films fantastiques des années 90, Candyman est aussi l’une des œuvres les plus fidèles à l’univers de Barker. A travers cette enquête d’une jeune journaliste sur la légende urbaine du tueur Candyman qui apparaît à quiconque prononce son nom cinq fois en regardant dans un miroir, le film de Bernard Rose évite de tomber dans les travers du slasher fantastique classique pour proposer un sublime conte sombre. Travaillant sur les difficultés sociales des cités HLM aussi bien que sur la réinsertion dans le quotidien de mythes ancestraux, le long-métrage se nourrit d’une intrigue passionnante dans laquelle le spectateur se perd avec plaisir pour découvrir tous les secrets du boogeyman, avant de découvrir un final inattendu dont la puissance évocatrice terrasse par sa beauté, sa cohérence, et la prise de risque qu’elle constitue. Un film surprenant à bien des égards, qui montre une nouvelle fois combien l’univers de Clive Barker est riche.