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PIFFF #2 : Dragon Gate, The Cleaner…
On vit une époque difficile. Celle où les films du génial Tsui Hark (Il Etait Une Fois en Chine, The Blade, Detective Dee quand même) se retrouvent cantonnés aux festivals de genre pour ne sortir que quelques mois plus tard directement en blu-ray.
Tsui Hark en DTV alors que chaque semaine d’ignobles bouses préformatées pour adolescents inondent les salles.
Heureusement, Jean-Victor était dans la seule salle française susceptible de diffuser le film en 3D au fameux PIFFF. Il en a également profité pour voir un Dario Argento de 1973 ressortant chez Wildside début décembre et un premier film d’un jeune réalisateur péruviens prometteur.
The Cleaner (2012) de Adrian Saba
Lima, Pérou. La capitale péruvienne est frappée par un virus foudroyant. Eusebio, homme bourru et solitaire, est chargé de déblayer les rues encombrées par les cadavres. Il va alors tomber sur un jeune garçon miraculé…
El Limpiador en version originale est le premier film d’un jeune réalisateur péruvien dont la présence à Paris pour présenter son film dans un festival comme celui-ci lui collait limite les larmes aux yeux. Il avait l’air sensible le bonhomme, à l’image de son œuvre qui détourne les codes habituels du récit apocalyptique. Rencontre entre un enfant perdu et un homme dont le métier est de nettoyer les cadavres dans un monde en plein proie à un virus bien méchant, The Cleaner est caractérisé par la lenteur de ses plans, leur rigidité, et l’ambiance onirique que l’auteur parvient à créer avec ses paysages vides et la solitude de ces deux protagonistes.
Dès le début du film, on comprend néanmoins le déroulement de la chose, tant le tout a des airs de court métrage gonflé en long. La poésie ne prend pas toujours, et le sentiment d’étirement de certaines séquences empêchent d’accrocher aux personnages tant les partis pris de mise en scène finissent malgré eux par instaurer une certaine distance. Le film n’atteint donc pas la force auquel il aspire humblement, mais possède une vraie personnalité, ce qui est déjà pas si mal.
Quatre mouches de velours gris (1971) de Dario Argento
Le batteur d’un groupe de rock tue accidentellement un inconnu qui le suivait depuis plusieurs jours. Pris en photo lors du crime par un mystérieux homme masqué, le musicien va alors être harcelé…
Profitant de la ressortie chez Wild Side en édition remasterisée de ce classique du maître du giallo, le PIFFF s’est dit que l’occasion était trop belle pour ne pas rendre hommage au Maestro en offrant au film une projection digne de ce nom sur grand écran.
Dernier opus de la trilogie animale après L’oiseau au plumage de cristal et le Chat à Neuf Queues, ces Quatre mouches représentent encore aujourd’hui un modèle du genre par son scénario à suspense et sa mise en scène possédant des fulgurances stylistiques typiques du bonhomme. Même si le film est prévisible quand on connaît les précédents et loin d’être le plus fou d’Argento sur sa plastique, il se suit encore sans déplaisir pour son charme imparable et avec un petit bonus pour les français, à savoir la présence d’un Jean-Pierre Marielle presque cabotin. Pour les amoureux du genre, ça ressort le 5 décembre chez nos amis du chat qui miaule.
Dragon Gate, la légende des sabres volants (2011) de Tsui Hark
Chine, fin de la dynastie Ming. Yu, un eunuque sanguinaire, fait régner la terreur et cherche à éliminer tous ses opposants. Mais un groupe de rebelles, mené par le résistant Zhao, prépare la riposte…
Grosse attente du festival, le nouveau film du géant Hong-Kongais Tsui Hark bénéficiait ici de sa seule projection en relief sur le territoire français ! Une exclusivité d’autant plus sympathique que le film passera directement par la case DTV l’année prochaine, là où Detective Dee était sorti l’an dernier dans le circuit habituel. Et Tsui Hark en 3D, qu’est ce que ça donne ? Du Tsui Hark me direz-vous, et vous aurez raison.
Ce cinéaste du chaos, connu pour ses récits tarabiscotés et sa caméra virevoltante, ne change pas ses habitudes et livre un film à l’ambition certaine, puisqu’on y trouve notamment un combat de kung-fu en cœur d’une tornade !
Si certains combats forcent le respect par leur frénésie et la lisibilité impeccable d’une mise en scène nerveuse, on ne peut pas en dire autant pour tout le long-métrage, tant la forme opère des écarts incroyables d’une séquence à l’autre. Il y a des scènes aux effets spéciaux solides, et il y en a d’autres dans lesquelles le rendu approximatif des effets numériques et des fonds verts bien voyants casse pas mal l’adhésion à l’action et le spectaculaire que celle-ci peut dégager. Il est clair d’un cinéaste de cette trempe, aussi inventif visuellement, donne du fil à retordre à des structures asiatiques qui n’ont pas encore toute la maitrise nécessaire pour que la chose tienne la durée, mais on imagine aussi que les méthodes de travail réputées bordéliques du bonhomme risqueraient de tomber à l’eau sous le coup d’une grosse production américaine pour un film de cet ampleur. Cette production signant le retour de Tsui Hark en chine, on espère qu’ils s’adapteront vite au monsieur. D’un autre côté, on peut aussi s’interroger sur la pertinence de certains effets un peu too much, le cinéaste appréciant notamment l’utilisation de cordes partant littéralement dans tous les sens lors des combats, parfois au mépris de la compréhension de l’action.
A côté de ça, on se demandera aussi pourquoi le scénario a tendance à se compliquer la vie lors de longues scènes de dialogues sortant un peu de nulle part ou dans un rythme qui retombe sévèrement au milieu du film.
Il n’empêche que la folie de Tsui Hark est toujours vibrante, et même si il est parfois bien difficile de la suivre, on ne peut que lui souhaiter encore un long parcours.
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