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Numéro Quatre : Rencontre avec Bill George

A l’occasion de la sortie en blu-ray et DVD ce 10 août du film de D.J Caruso, Numéro Quatre, nous avons eu la chance de poser quelques questions à Bill George.

Si le nom ne vous dit peut-être rien, le CV est lui impressionnant. Bill George a commencé en faisant des maquettes sur les deux premiers Star Trek puis a rejoint ILM et a travaillé sur Le Retour du Jedi, Le Temple Maudit et les Goonies. Plus récemment, il a travaillé sur Harry Potter et le personnage de Dobby et, et c’est le propos de l’interview, sur les créatures de Numéro Quatre.

La rencontre a eu lieu sous forme de chat, à distance donc, avec des confrères rédacteurs de plusieurs pays et était les questions étaient validées en amont. Ca explique notamment pourquoi on passe un peu parfois d’un sujet à l’autre.

 

Comment décidez-vous sur quel film vous allez travailler ?
Le staff lit le script et lui choisit un superviseur, celui qu’il pense être le meilleur pour le projet. Quand un studio a déjà travaillé avec un superviseur en particulier, il est courant qu’il demande à le faire à nouveau.

Si vous deviez retenir une scène de Numéro Quatre sur laquelle vous avez travaillé, laquelle serait-ce ?
Je suis très content de la destructeur du Commandeur Mog. Vous pouvez voir dans les bonus du blu-ray ce qui a été tourné et ce qui a été ajouté. On a tourné les explosions et les bombes, et il n’y a rien de plus fun que de faire exploser des trucs !
Quand on l’a fait, il ne manquait alors que les effets sonores et je trouve qu’ils déchirent.

Il existe beaucoup de films de science-fiction. Qu’y a-t-il dans Numéro Quatre qui ne soit pas dans les autres ?
Des jeunes amoureux mignons !

Comment avez-vous travaillé avec D.J Caruso ?
Sur le tournage, l’équipe d’ILM l’a rencontré tous les jours. Nous le tenions informé de nos avancées, de nos fabrications et de ce que nous allions tourner.
En amont, nous avons des réunions à Los Angeles pour discuter du film et, à la fin quand nos emplois du temps sont devenus fous, on a fait des revues de projet en vidéo.
Je lui ai demandé qu’il nous dise, au directeur des effets spéciaux et à moi-même, comment il voudrait que les créatures jouent. Comme de la direction d’acteurs. Pour qu’on puisse ensuite voir ce qu’on allait en faire.

Qu’est ce qui a fait que vous vous êtes intéressé aux effets spéciaux ? Un film particulier ou vous êtiez déjà amateur d’art et de design ?
Quand j’étais gamin, je regardais des séries de science fiction comme Lost in Space ou Star Trek. Puis Star Wars est arrivé et ce fut le choc. J’ai su que c’était ce que je voulais faire.

La caméra se déplace tout le temps et les créatures interagissent beaucoup avec des éléments du décor. Comment les scènes ont-elles été tournée pour les ajouter ensuite ?
Tous nous outils sont fait pour faciliter la tâche du réalisateur. Nous avons utilisé des caméra spéciales et contrôlé les mouvements. Quand nous le pouvions, nous utilisions les mêmes techniques que le tournage. Nous avons également ajouté dans les plans des mouvements de caméras pour matcher avec que les créatures font. Un bon caméraman sait suivre une action et réaliser une scène avec ce qu’ils ont, même si c’est dur de le faire sans rien dans le cadre.

Vous avez appris le mate painting et la fabrication de maquettes. Est ce que ce n’est pas un aspect de votre métier qui vous manque ?
J’ai toujours la possibilité d’en faire dans mes projets, c’est juste que pour le moment je ne le fais pas moi-mêle. J’ai beaucoup de chance de travailler avec des artistes formidables qui y sont assignés. J’ai presque l’impression que c’est Noël tous les jours car on découvre chaque fois de nouveaux effets réussis.

Quel a été pour vous le film qui a été le plus gros challenge en termes d’effets visuels et/ou dont vous êtes le plus fier ?
Un gros challenge a été les Détraqueurs dans le 3e Harry Potter. Il fallait faire passer une émotion alors que les créatures n’ont même pas de visage. Maintenant, je me rends compte que c’est ce qui les rendait effrayantes. On a dû se baser sur leurs mouvements, leur langage corporels et la trainée qu’ils laissaient.

Qu’est-ce que vous pensez des critiques qu’on fait des vos films ?
C’est toujours bien d’avoir une critique positive. Mais les seules qui « m’inquiètent » vraiment sont celles du réalisateur et du producteur. Ils nous engagent pour faire des effets spéciaux et mon rôle est de les rendre heureux.

Le film est basé sur le roman du même nom. L’avez-vous lu et est-ce que ça a influencé votre travail ?
Je n’ai lu que certains passages du roman qui concernait notre travail sur les créatures. Mais notre document de référence était le script et ce que voulait faire DJ Caruso. Les auteurs sont aussi venus nous voir. Sur le tournage j’ai pu discuter avec James Frey à propos de ses écrits. C’était une expérience unique pour moi.

Est-ce que vous avez déjà commencé une maquette sans vision précise de ce que vous vouliez faire et juste assemblé des parties jusqu’à ce que finisse par ressembler à quelque chose ?
Jamais. Nous travaillons toujours nos designs depuis des brouillons. Du moins dans la majorité des cas, pas toujours quand il s’agit de petites choses en arrière plan comme des véhicules ou des vaisseaux. Ne pas avoir de vision claire est un problème. De nos jours les réalisateurs sont de plus en plus soucieux et veulent être impliqués.

Les créatures sont normalement rapides. Elles ne sont dévoilées que par petits morceaux jusqu’à la fin du film. Est ce que c’était délicat de les dévoiler de cette manière ?
C’est une décision que DJ Caruso a dû prendre pour les rendre plus mystérieuses. On ne voulait pas tout dévoiler trop tôt. Donc on a travaillé sur l’éclairage. C’était facile de les faire sombre pour qu’on ne puisse pas en voir beaucoup. Le reste a été confié aux monteurs.

Numéro Quatre a les créatures les plus photoréalistes que j’ai vu depuis un moment. Comment se fait-il que ça ne soit pas le cas pour tous les films ?
Je pense que vous avez d’excellents goûts ! Le facteur déterminant est le temps que l’artiste passe à peaufiner. Tout le monde utilise les mêmes outils mais plus le budget est bas, moins on a de temps pour fignoler nos effets. On fait en générale 25 à 45 passes par effet.

Nous sommes à une époque où tout est en CGI. Qu’est ce que ça vous inspire ?
On entendant souvent « on dirait une maquette » et maintenant on entend plutôt « on dirait des images de synthèse ». J’adore vraiment travailler avec des miniatures mais les effets virtuels ont des possibilités de contrôles presque infinies. J’aime mélanger les deux aussi, pour permettre au public de se poser la question. Dans Numéro Quatre, dans la scène de la douche, on a utilisé à la fois de la vraie eau et de l’eau virtuelle…

Quel est votre film de science-fiction préféré ? Et le dernier que vous avez vu ?
J’aime 2001 Odyssée de l’Espace. C’est une performance technique et artistique inégalée. Thor a été le dernier que j’ai vu et j’ai beaucoup aimé. D’ailleurs je préfère voir les films des autres car je peux m’installer et me laisser aller, ce que je ne peux pas faire avec les miens.

Vous avez travaillé sur quelques Harry Potter. Maintenant que la saga est terminée, quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?
La création de Dobby était une expérience formidable car il était un des personnages principaux du 2e film. Quand on a eu fini, j’ai senti une vrai connexion avec lui. Un de mes souvenirs préférés sur Harry Potter 2 était quand on a filmé Daniel Radcliffe sur son balai devant un écran bleu, pour un match de Quidditch. On l’aidait à tenir sur son balai avec une échelle. Il y avait une étiquette sur l’échelle que Daniel a prise et a improvisé une pub : « Bonjour, je suis Daniel Radcliffe et quand j’ai besoin de monter sur mon balai, j’utilise une échelle Kingsley. Kingsley, les échelles qu’il vous faut ! »

Avez-vous entendu parler d’une suite à Numéro Quatre ?
Un peu mais rien de concret. On a toujours les créatures de prêtes au cas où.

Vous avez eu plusieurs fonctions chez ILM au travers des années. Quelle a été votre partie favorite en matière de création d’un film ? Dans quel département avez-vous appris le plus ?
Etre superviseur des effets spéciaux est la fonction qui apporte le plus. S’occuper à la fois des clients, de l’esprit d’équipe, trouve des solutions créatives, tourner. C’est un rôle, un challenge, qui demande de nombreuses compétences.

Vous avez travaillé sur Star Tour 2. Que pouvez-vous nous en dire ?
Il ouvre ce vendredi et je vais demain à Orlando pour cela [l’interview a été réalisée juste avant l’ouverture]. Je suis très impatient. C’est en 3D et l’histoire se divise aléatoirement pour chaque course. Toute l’expérience a été retravaillée.

Comment les images de synthèse ont évolué depuis que vous faites ce métier ?
Le principe n’a pas changé. La différence, c’est que certains aspects sont devenus plus faciles. Les machines et les logiciels s’améliorant, les images deviennent complexes. Les outils changent, deviennent plus robustes et nous plus exigeants.

Vous n’avez pas encore fait de film en 3D relief. Est-ce que c’est quelque chose qui vous intéresse ? Est ce que l’ajout de la profondeur rend votre travail plus difficile ?
En fait, j’ai travaillé sur Star Tour pendant trois ans, et il sera en 3D. Je me suis occupé de ce projet pour cette raison, faire de la 3D relief. C’est un projet intéressant. Mon sentiment est que faire un projet en 3D signifie prendre en compte un nouveau niveau. C’est un terrain à exploiter intéressant.

Qui sont vos mentors et est ce que vous les consultez encore souvent ?
Beaucoup de gens m’ont influencés pendant ma carrière. J’ai beaucoup appris simplement en travaillant à leur coté. Dennis Muren [qui a travaillé sur les effets spéciaux de Star Wars, Jurassic Park et Terminator 2. Il est également figurant dans les Aventuriers de l’Arche Perdue] est l’un d’eux et il est toujours ILM. Sur Numéro Quatre, il a visionné la scène de la douche et nous a donné de nombreux conseils.

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