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NIFFF : John Carpenter en concert
Un tel évènement mérite bien un petit écart. Exceptionnellement, et parce que John Carpenter était en concert au NIFFF, nous allons parler musique.
Le réalisateur de New York 1997 compose en effet, et à quelques rares exceptions près, lui-même les musiques de ses longs métrages. Il a également sorti deux albums en 2015 et 2016 (intitulés Lost Themes et Lost Themes II).
Les membres de la Team CloneWeb présents en Suisse étaient dans la salles et vous livrent, chacun, leur avis sur une setlist qui a réveillé bien des souvenirs.
John Carpenter sera en concert à Paris au Grand Rex le 09 novembre prochain. Places en vente aux points de vente habituels, par exemple ici.
Par Jean-Victor – John Carpenter en concert. L’idée semblait irréelle il y a encore peu et pourtant, ce jeudi 5 juillet au NIFFF, la ville trépignait avant de voir sur scène le maître de l’horreur en chair et en os pour nous jouer les thèmes musicaux qui ont hantés bien des cauchemars et accompagnés bien des films devenus des classiques par la suite. Cela étant, certains pouvaient se poser la question de savoir si certains titres passeraient bien sur scène, tant la simplicité de ses compositions fonctionne dans un film mais peut-être pas livrée à elle-même en « live ».
Il suffisait d’attendre l’arrivée de Big John pour les intimes avec ses confrères, et nous avions déjà la réponse avec le thème de New York 1997. Avec un batteur, un bassiste, deux guitaristes (un rythmique, l’autre solo), son fils au clavier et lui au second, John Carpenter propose sur scène un line-up permettant d’être fidèle au son rétro de ses titres, où les synthés sont rois, tout en leur donnant un coup de boost à l’aide des guitares. Ces dernières viennent surligner certaines notes, gonfler le son, et donner une sonorité un peu plus rock à l’ensemble sans trahir le style de base.
Plutôt que de ressortir à l’identique ses tubes, Carpenter leur offre avec ce supplément une ampleur qui trouve tout son sens dans une salle de concert, sans perdre de leur caractère organique.
Tout le concert sera de cet acabit, notamment pour le titre emblématique d’Halloween, où l’entêtant gimmick au piano et les synthés menaçants se trouvent ici rythmés par une batterie martiale qui décuple l’énergie du titre sans affecter son atmosphère inquiétante.
Un surplus d’instrumentalisation simple mais efficace, à l’image de la scénographie : un écran cadré par des alvéoles rectangulaires diffuse les images inoubliables des films dont les hymnes diaboliques sont joués. Et parfois, Carpenter se permettait quelques fantaisies non moins sympathiques, comme de la fumée envahissant progressivement la scène sur The Fog ou les musiciens chaussant tous des lunettes de soleil pour jouer They Live. Dans un cas comme dans l’autre, ça tombe sous le sens !
S’il couvre une majeure partie de sa filmographie, se permettant même un écart au principe de jouer ses compositions en reprenant la musique d’Ennio Morricone sur The Thing, le cinéma n’est pas le seul invité de ce concert, les albums « Lost Themes » 1 & 2 ayant aussi le droit à quelques titres sur scène. On peut discuter sur la qualité assez variable des disques, il n’empêche que les titres choisis font partie des meilleurs, et que leur version live, comme pour leurs homologues ciné, gagnent en force en concert.
En revanche, si vous espériez un échange particulier avec le public, Carpenter reste fidèle à lui-même et se limite au strict minimum. Quelques phrases par-ci par-là, récitées telle une machine, avec une classe intacte certes mais une spontanéité aux abonnés absents. Le réalisateur mythique est connu pour ne pas être friand de promo et autre, donc on se doute bien qu’il n’allait pas briller de ce point de vue-là et son show reste planifié à la virgule près, comme du papier à musique, dans une tournée qui ne change pas la setlist d’un concert à un autre, se souciant uniquement de faire le boulot à l’américaine, proprement et sans bavure, avec une force incroyable et basta.
C’est ce qui réserve l’ensemble aux grands fans de Carpenter avant tout. Si vous n’êtes pas familier ou friand de sa musique, il y a peu de chance que cela change sur scène, malgré quelques morceaux bien rock (Christine !) qui poussent quelques spectateurs à head-banger de joie.
Carpenter sait à qui il s’adresse, donne précisément ce qu’on attend de lui et fait le job, point barre.
Du fan service de luxe en quelque sorte, mais quand il est question du plus grand réalisateur que l’horreur et le fantastique aient connus, le résultat reste un grand moment assez jouissif.
Par Arkaron – Quel meilleur contexte qu’un festival de films fantastiques accordant une rétrospective au Maître pour profiter d’un authentique concert de ce dernier ? Dans une ambiance électrique, Carpenter est entré sur scène avec ses co-musiciens sous un tonnerre d’applaudissements : pour beaucoup, c’était la première fois que celui qui aura participé à la formation d’une identité cinéphile se trouva ici, avec eux. Sa musique ayant été tout aussi importante à nos yeux que ses films, impossible de ne pas ressentir quelques frissons aux premières notes annonçant la plongée dans New York 1997. Les extraits du film défilent derrière le groupe, et l’on se remémore progressivement que la force de ses compositions tient avant tout de leur capacité à invoquer un univers. Professionnellement, sans effort particulier ni personnalisation au public présent, Carpenter a donc fait revivre ses thèmes les plus iconiques, parsemés des meilleurs morceaux de ses albums solos. De l’ambiance fantasmatique de The Fog (salle plongée dans la brume) aux enchaînements enivrants comme Halloween-L’antre de la folie, l’événement se révèle être une occasion unique de revivre certaines des premières émotions liées à la découverte de ces films.
Par Basile – C’est assez incroyable de se dire qu’une légende se tient face à nous, dans la même salle. « Hello, Neuchâtel, I’m John Carpenter ». Et la légende ne perd pas de temps, si tôt les présentations expédiées, il offre au public une intro Escape from New York/Assaut efficace comme pas deux. L’efficacité et l’expéditivité resteront d’ailleurs les maîtres mots du concert. Big John déroule son show que l’on sent déjà rôdé, limite usiné. Quelques gimmicks et plaisanteries (machine à fumée pendant The Fog, lunettes noires pendant They Live) et au bout d’une heure, déjà le rappel. Trois quatre titres supplémentaires, un équilibre entre compos de films et morceaux issus des deux Lost Themes et voilà l’affaire emballée. C’est chouette comme tout, on se prend juste à rêver d’un peu plus d’excentricité. Comme entendre la délicieuse chanson de Big Trouble in Little China par The Coupe De Ville, son fameux groupe. Bon d’accord, c’est un doux rêve.