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NIFFF #1 : The Mermaid, Scare Campaign, Chongqing Hot Pot

Le Team CloneWeb est une nouvelle fois au Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (en Suisse) pour une grosse semaine de cinéma de genre, de films en plein air une bière à la main et autres sympathiques rencontres. Et cette fois, en plus des fidèles Jean-Victor et Arkaron, saluons le retour parmi nous de Basile qui n’avait plus écrit sur le site depuis bien trop longtemps.

Pour cette première journée, les envoyés très spéciaux ont notamment pu voir un film helvétique datant de presque un siècle, un thriller chinois et The Mermaid, le nouveau film de Stephen Chow.

Chongqing Hot Pot (2016) de Yang Qing

Par Jean-Victor – Commencer le NIFFF par un film chinois, quoi de plus normal?
Et pour inaugurer les festivités, direction Chongqing et ses multiples restaurants à fondues, où trois amis d’enfance tentent aussi de percer en vain, avec dettes en pagailles et la promesse de se refaire le portrait par les gangsters du coin si ils ne remboursent pas le tout rapidement.
Coup de chance, en creusant des galeries dans la cave qui leur sert d’établissement, ils atterrissent dans le coffre-fort d’une banque et élaborent un plan pour empocher le pactole, au moment même où la dite banque est braquée…
Vous avez dit quiproquo ? Vous avez surtout intérêt à aimer ça parce que cette comédie plus rigolote que dramatique multiplie l’effet autant que possible, le troisième acte se défiant lui-même de trouver toutes les 5 minutes le petit détail qui va retourner la situation une énième fois.
Ça finirait par devenir de la quasi science-fiction tant ce jusqu’au boutisme assumé finit par devenir artificiel, tout comme une histoire d’amour rentré au chausse pied dans la première partie et dont la présence en filigrane tout du long tente de donner une justification louable à tout ce bordel.
C’est loin d’être subtil, à l’image d’une scène de baston dans un couloir qui reprend sans vergogne celle d’Old Boy (même cadrage, même mouvement de caméra, même style de musique…) mais l’entreprise est suffisamment léchée pour faire l’illusion, même si le caractère très mièvre de ce film de potes finit par l’emporter sur l’aspect ludique, ce qui ne sera pas du goût de tout le monde.

Par Basile – On commence le NIFFF en beauté avec une solide histoire de braquage, d’amitié et de tentation. On s’épargnera la métaphore culinaire pour ce film où trois copains tiennent un restaurant de fondue et creusent un tunnel jusqu’à la chambre forte de la banque voisine. Le mix entre comédie et tropes classiques du film de braquage (on n’échappe même pas à certains artifices comme le héros criblé de dettes de jeu qui se fait menacer/casser la gueule à intervalles réguliers par le maffieux local) fonctionne admirablement bien et il faut louer l’écriture tout à fait remarquable des personnages principaux, qui sont tous traités de façon humaine et attachante. Les rebondissements sont légion et s’enchainent sans déplaisir, même si la fin en fait peut-être un poil trop. Une fois passé quelques petits maniérismes pas bien gênants de mise en scène dans les bastons (l’ombre dOld Boy est décidément bien tenace), on est conquis par l’ensemble, d’autant plus impressionnant qu’il s’agit seulement du second film du réal. Ce Yang Qing est un auteur à suivre, et on a hâte de voir à quel genre il va s’attaquer par la suite.

 

El Vampire Negro – 1953 – Roman Vinoly Barreto

L’origine de la conception d’El Vampiro Negro est assez originale : en Argentine, les conditions de conservation des copies de films étrangers et leur accès en général étant assez difficiles durant les années 50, il était plus simple de faire un remake de M le Maudit, sorti une vingtaine d’années plus tôt, que de diffuser l’original ! El Vampiro Negro s’aborde donc essentiellement sous le prisme de la curiosité. Copie plus ou moins conforme, sans grand panache ni faute majeure, avec un sosie argentin de Peter Lorre plutôt saisissant. Estampillé « film à rétrospective ».

 

Häxan (1922) de Benjamin Christensen

Par Jean-Victor – Pour la cérémonie d’ouverture, le NIFFF mettait en avant le cinéma helvète de la plus prestigieuse des manières avec la projection d’un pionnier historique du genre accompagné à la musique par l’ensemble symphonique de Neuchâtel. Malgré son grand âge (quasi un siècle !), Häxan méritait au moins ça tant cet exposé sur la sorcellerie à travers les âges a tout du précurseur. Découpé en 7 chapitres, le film pouvait faire peur dans son intro qui est un exposé littéral avec cartons de textes entrecoupés de documents sur lesquels le réalisateur pointait des détails avec une baguette comme un professeur devant un tableau.
Mais dès la seconde partie, la « reconstitution » s’enclenche et l’on assiste à différents faits de sorcellerie, où comment la religion exacerbée au Moyen Âge était le terreau à toutes les déviances fanatiques, poussant le peuple dans une paranoïa extrême dans laquelle chacun dénonçait l’autre jusqu’à ce qu’il tombe sous le joug d’autorités religieuses ne faisant qu’aggraver la situation.
Si les différents exemples qu’il met en scène racontent sensiblement la même chose, Häxan possédait pour l’époque des images chargées de symbolisme avec une iconographie occulte brillamment mise en image sans que le temps ne vienne ridiculiser la chose. Visions du diable, scènes de torture intelligemment suggestives ou frontalité du traitement avec corps nus et images assez graphiques pour l’époque, Häxan prenait son sujet à bras le corps, ce qui lui a valu d’être censuré.
Quand on voit combien les problèmes qu’il pointe du doigt ont pris une autre forme à notre époque et sont toujours d’actualité (ce que le film indique aussi), on veut bien croire que les autorités frileuses d’antan aient eu du mal à prendre la vérité aussi fortement en pleine poire !

 

The Mermaid (2016) de Stephen Chow

Par Jean-Victor – Si le titre The Mermaid ne vous dit rien, sachez que le nouveau film de Stephen Chow, réalisateur des mythiques Shaolin Soccer et Crazy Kung-Fu, est l’un des phénomènes cinématographiques de l’année !
Sans doute pas en occident, mais c’est tout simplement le plus gros carton de l’histoire en Chine, puisque le film y a rapporté la bagatelle de 526 millions de dollars !
Et c’est d’autant plus surprenant de découvrir le film dans ce contexte tant Stephen Chow s’éclate dans un divertissement haut en couleur et résolument barjo, ce qui ne l’empêche pas d’avoir du fond.
Le film ouvre sur des images de forêts ruinées par l’exploitation humaine, par des plages ensanglantées jonchées de dauphins ou par des oiseaux recouverts de mazout. Ecolo The Mermaid ? Et pas qu’un peu !
Il y est question d’un banc de sirènes chassées de leurs « terres » sous-marines qui envoient leur plus belle représentante pour séduire un riche industriel chinois afin de l’assassiner pour remettre de l’ordre sous l’eau. Manque de bol, la belle tombe amoureux du fautif, et l’histoire va être plus compliquée que prévu, pour mieux offrir l’occasion au cinéaste de s’éclater dans une succession de scènes délirantes à base de quiproquos fantastiques, d’action cartoonesque et de gags délurés dans un esprit bon enfant et malgré tout revendicatif. Si certains aspects peuvent nous étonner à la vue du succès du film, comme une tendance à faire vomir sans retenue ses personnages ou une violence à peine cachée sur certains points, ce roller coaster multiplie les idées folles, quitte à ce que les effets spéciaux ne suivent pas toujours, et s’impose comme une sorte de cousin hyper actif décomplexé d’Avatar !
On lui souhaite une sortie prochaine par chez nous, l’aventure valant le détour…

 

Scare Campaign (2016) de Colin & Cameron Cairnes

Par Jean-Victor – Que serait le NIFFF sans ses séances de minuit faisant la part belle aux « Ultra Movies », cette sélection de films bien bourrins et gores ? Pour ouvrir le bal, Scare Campaign met en scène une émission de télé horrifique en perte de vitesse qui décide de redoubler d’effort pour scotcher les victimes de ses caméras cachées et les spectateurs. Sauf que manque de bol, le tournage de la dernière émission va partir en sucette plus violemment que prévu…
Jouant sur les codes de l’horreur avec un dispositif semblable à la Cabane dans les bois, puisque les acteurs des scènes horrifiques sont surveillés par une régie qui règle les moindres détails du dispositif avant d’être prise à son piège, Scare Campaign tombe dans les travers du film ouvertement méta qui finit par ne plus raconter grand-chose. A trop vouloir jouer les petits malins, les frères Cairnes installent un dispositif dont il est très facile de déterminer les twists à venir, l’intro du film donnant en gros la structure de l’ensemble. Si quelques scènes de meurtres font gicler l’hémoglobine avec joie, le tout reste finalement assez sage et convenu, et le principe de distanciation avec les personnages achève quelque peu l’identification au personnage, si bien qu’on finit par ne plus avoir le moindre sentiment à leur égard. Sans tomber dans la prétention insupportable du film de Drew Goddard, Scare Campaign en partage la vacuité et s’avère assez peu généreux.

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