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Même les Souris… : Rencontre avec Jan Bubeniček et Denisa Grimmovà

Même Les Souris Vont au Paradis a été projeté en juin dernier en avant-première mondiale, nous vous en parlions ici. Le film sort dans les salles ce 27 octobre, juste à temps pour les vacances et pour vous permettre d’y emmener vos enfants. Nous avons rencontré le réalisateur et la réalisatrice Jan Bubeniček et Denisa Grimmovà pendant le festival pour évoquer aussi bien la genèse du projet que l’héritage important de la stop motion en République Tchèque.

Comment le projet est-il né ? Ici à Annecy, c’est ça ?

Jan Bubeniček et Denisa Grimmovà : l’idée de départ remonte à 2010 quand nous avons voulu adapter un roman tchèque pour enfants. A deux, on a commencé à travailler sur un script. En 2014, on l’a présenté ici au MIFA [le Marché International du Film d’Animation, à Annecy]. On a rencontré des gens avec qui le monter et de là il nous a fallu quatre ans pour le financer, jusqu’à une cession « Work in Progress » en 2019 encore à Annecy. C’est donc un projet très « local ».

Comment s’est passé la collaboration avec l’équipe française, surtout avec le Covid ?

Le film est une co-production entre quatre pays : la République Tchèque, la France, la Pologne et la Slovaquie. On a divisé le projet entre chacun, sachant que les Tchèques ont gardé le « lead », shooté le film en stop motion après avoir créées les marionnettes. La France s’est chargé des effets visuels, 2D et 3D, et de la post-prod. Nos partenaires polonais ont, eux, construit un tiers des marionnettes… On a été soutenu par trois fonds régionaux français en plus, ce qui fait que le film a été fait dans huit lieux différents au total, dont trois studios français.
Quand le Covid a frappé, le film était presque déjà prêt. Bien entendu, il a fallu rester chez soi quel qu’était le pays et on s’est débrouillé pour le terminer mais ce n’était pas si problématique.
La seule difficulté qu’on a rencontré était avec la version anglaise. Le film a été pensé en anglais et les comédiens, aux USA, ont tous dû enregistrer depuis chez eux, parfois dans des qualités audio compliquées à réutiliser.

Le film a été présenté en avant-première mondiale à Annecy. Quel était votre sentiment après la projection ?

Nous étions ravis. Nous avons terminé le tournage un an et demi avant la projection. On a longtemps attendu à cause des restrictions sanitaires. Mais cette fois, maintenant qu’il est montré, on peut considérer le film comme terminé.

La République Tchèque a un sacré passif en matière de stop motion. Avez-vous puisé votre inspiration dans d’anciens films de votre pays ?

On a voulu faire un film dans la plus pure tradition tchèque, mélangé à des éléments plus classiques. Mais la situation actuelle est compliquée : les gros studios qui font de la stop motion appartenait à l’État, héritage du communisme. La plupart ont fait faillite donc il ne reste pas grand monde.
Le film est un mélange de différentes techniques. Il y a beaucoup trop de personnages et de décors, on s’est donc fait aider par des images CG. Jan Bubeniček a travaillé pendant plusieurs années comme superviseur des effets spéciaux donc il savait déjà faire.
Je dois préciser que le film a couté un peu moins de quatre millions d’euros. C’est un tout petit budget pour ce genre de projet et en même temps on a eu du mal à persuader les autorités tchèques de participer au financement, parce que là-bas ce genre de film coute plutôt 1,5 million. On a donc dû techniquement s’adapter pour rentrer dans nos couts.

J’ai eu l’impression qu’il y avait peu d’images 3D, ou du moins que l’illusion était parfaite. Quel est le pourcentage de numérique ?

On est ravis que ça fonctionne ! Le film est composé d’environ 1300 plans, dont 1000 sont retouchés. La plupart du temps, ce sont des petites retouches. 300 plans sont en mate painting, pour élargir le cadre et 50-60 plans où les personnages sont numériques. On peut citer par exemple la séquence dans la mine souterraine, qui est entièrement numérique : il y a des wagons de mines qui sautent de rail en rail, ce qui était infaisable en vrai. Tous les personnages qui volent, en fait, sont numériques. On a utilisé un outil pour multiplier numériquement les foules ainsi qu’une technique dit « photogrammatique » : pour certains plans larges où les personnages sont numériques, on a pris beaucoup de photos des modèles et ce sont les photos qui ont été ensuite reprises dans l’animation des animaux, qui ne sont donc pas purement numériques.

Il y a une très belle lumière, ce qui est surprenant pour un film en stop motion dont ce n’est généralement pas la qualité principale. Pouvez-vous en parlez ?

Merci beaucoup. C’est l’œuvre de Radek Loukota, notre directeur de la photo. Il vient du cinéma traditionnel et en même temps il aime jouer avec des jouets.
Le film se déroule dans la nature mais nos décors étaient figés. Radek a réfléchi à différentes manières de faire respirer cette nature : en jouant sur les ombres, sur les cadres, sur les mouvements de caméras. C’était d’ailleurs compliqué parce que la stop motion, ce sont majoritairement des plans statiques. Il a fallu s’adapter !

Quel a été votre plus gros challenge pendant cette production ?

On a travaillé avec une grosse équipe. Nous étions une cinquantaine, ce qui est inhabituel pour nous. Les journées étaient vraiment très longues.
C’est aussi la première fois qu’on fait un film pour enfants. Il a fallu qu’on s’adapte, qu’on se mette à la place de jeunes enfants et ça aussi c’était inédit pour nous.

Je voudrais conclure en parlant de stop motion tchèque. Quels films ou réalisateurs vous recommanderiez ?

Je pense que vous devriez regarder les œuvres de Karel Zeman. Il a fait deux sortes de films, des production en live action avec des trucages à la George Meliès mais aussi des films complètement animés. Je vous recommande aussi les films de Jiří Trnka, dont A Midsummer Dream et ceux de Jan Švankmajer, surtout sa période 70s. Enfin, pour citer quelqu’un de plus contemporain, vous pouvez vous plonger dans les films de Jiri Barta.

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