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Mauvais Monstre : Rencontre avec Enzo Berkati

Chaque année, le Festival d’Angoulême est l’occasion pour nous de nous plonger dans la BD autrement que par le biais du podcast. Pour cette édition 2023, qui retrouvait sa place habituelle dans le froid mois de janvier, nous sommes allés à la rencontre d’un jeune auteur : Enzo Berkati.
Né en 1999 à Strasbourg, passé par l’école du Journal de Spirou, il sort sa première BD, déjà disponible chez Glénat : Mauvais Monstre, dans laquelle on suit une jeune adolescente face à la violence de son âge, dans un univers où chaque humain est accompagné par une petite créature (d’où le titre).

C’est votre premier album, une histoire sur les rapports à l’adolescence, sur la violence chez les ados. D’où viennent les thèmes choisis ?
C’était des thèmes qui me tenaient à coeur. Choisis vis à vis de mon expérience personnelle et de mon rapport aux autres. C’est ce dont j’avais envie de parler.

C’est un album que vous aviez en tête depuis votre adolescence ?
Pas cette histoire en particulier, et même s’il y a des thèmes que j’avais en tête depuis longtemps. J’ai commencé à travailler sur l’album il y a trois ans. Le projet a évolué depuis évidemment.

Est-ce que vous avez prévu une suite éventuelle avec un personnage qui grandit ?
Je sais que ça se fait, de faire grandir le personnage. Il y aura plusieurs tomes mais mon histoire se déroule dans un laps de temps assez court. Il ne devrait y avoir qu’un an écoulé entre le début et la fin de mon histoire.

Comment on peut définir narrativement l’utilité des monstres ?
Techniquement, ils ne servent à rien [Il éclate de rire]. C’est un prétexte pour mettre en avant des différences. Eloise a quelque chose qui n’est pas comme les autres. Ca me permet aussi d’introduire des pouvoirs. A la base, tous les monstres devaient en avoir et celui d’Eloise devait être plus puissant. Puis l’histoire a évolué… Les monstres permettent une introduction au fantastique, pas vraiment à en faire une conscience. L’héroïne se rend compte que la vie n’est pas si binaire, que les monstres ne sont pas des anges ou des démons. Ce sont une extension de soi.

Pourquoi avoir choisi une fille ?
Ca s’est fait naturellement. J’avais créé le personnage, j’aimais son design. C’était assez inconscient.

Quelles sont vos influences graphiques ? Moi j’y ai vu un mélange de Boulet et d’Akira Toriyama
Toriyama [Dragon Ball] est assumé, surtout dans les voitures. J’adore sa manière de dessiner les voitures. Boulet j’aime beaucoup son trait mais c’est moins une influence. Moi je pense surtout à Urasawa [20th Century Boys, Pluto] même si ça ne sent pas trop visuellement.

Beaucoup de pages se terminent sur un cliffhanger. C’était imposé ?
Je m’inspire des grands. Hergé par exemple conclut sa page par une action qui donne envie de tourner à la suivante. Je me suis fixé un certain nombre de pages pour chaque scène. Puis je fais mon découpage en cases. En BD, je trouve que partir sur une autre page permet de faire comprendre qu’on change de moment. Ca permet d’avancer plus facilement.

Glénat n’a pas été effrayé par le nombre de pages, plutôt conséquent (80 !) ?
C’est le minimum qu’il me fallait pour raconter mon histoire, sans passer sous silence certains moments, sans devoir faire de concession. 46 pages, j’aime ce format, mais ça m’aurait frustré de devoir m’arrêter là.

Est-ce que vous voyez l’album plutôt sur la violence scolaire ou sur les rapports dominants/dominés ?
La violence est en toile de fond. Je ne voulais pas traiter le sujet de façon tire-larme. Je voulais montrer le changement de rapport de force (sans vouloir spoiler).
L’héroïne n’est finalement pas si différente des autres. Elle est rejetée, réagit mal, mais rien n’est n’y tout noir ni tout blanc. Les personnages sont plus nuancés.

J’ai été étonné par Victor. Il met la barre très haute en matière de violence.
Tous les personnages sont nuancés. Mais certains réagissent différemment. Lui est un peu extrême mais je voulais que l’évolution de son personnage soit cohérente.

Comment vous classez les monstres ? Certains sont mignons, d’autres humanoïdes…
C’est plutôt le hasard. Il y a bien des familles mais ce n’est pas vraiment conscient. J’ai dessiné des monstres un peu au hasard et je les ai collés aux personnages. L’éditeur a eu quelques idées et m’a fait faire quelque changements.
Je les ai tous dessinés moi-même mais j’ai fait intervenir un ami sur les différents graffitis qu’on voit dans la ville.

Vous avez des retours ?
Oui ils sont très positifs, je suis très content.
Avant de lire l’histoire, j’ai entendu des comparaisons avec Pokemon et avec A La Croisée des Mondes. Une fois que les gens ont lu, ils comprennent que la forme et le traitement sont très différents.

C’est votre première visite du festival ?
Je suis déjà vu mais c’est ma première en tant qu’auteur. Jusque là, c’était en tant que visiteur mais aussi pour faire des rencontres pro.

Quel a été votre parcours pour arriver jusqu’ici ?
J’ai fait une option Arts Plastiques au lycée. Puis trois ans à l’Iconograf à Strasbourg.

Vos collègues ont suivi votre parcours ou se sont orientés vers le manga ? Alors que le manga européen est à la mode, votre BD s’inscrit dans une vieille tradition…
Moi je suis particulièrement inspiré par la BD franco-belge. J’ai découvert le manga plus tard au lycée. Mes collègues ont été eux inspiré par le manga et des auteurs comme ceux du Label 619.

Quelle est la suite pour vous ?
Je vais faire quelques festivals et un peu de dédicaces en librairie. Je suis très content d’être très pris. Et je travaille sur le tome 2 depuis septembre. J’en suis à la page 13 sur 80 !

Merci à Flora Meaudre.

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