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Le cinéma de Max Linder

À l’occasion de la restauration des œuvres de Max Linder et de leur sortie en DVD/Blu-Ray, les éditions Montparnasse, le cinéma Max Linder et Maud Linder, fille du cinéaste, ont proposé une projection de trois courts-métrages et d’un moyen métrage sélectionnés parmi le riche éventail de travaux de ce pionnier de l’art cinématographique.

Les Débuts de Max au Cinéma furent donc projetés ainsi que Max Prend un Bain, Max & Jane veulent faire du Théâtre et Sept Ans de Malheur.

Ces quatre film et six autres sortiront le 6 novembre prochain en coffret DVD et blu-ray, accompagnés de deux disques de bonus et d’un livre illustré écrit par Maud Linder, préfacé par Costa-Gravas et introduit par Pierre Etaix.

 

Max Linder donc, acteur-réalisateur-scénariste de ses petits films, officie au tout début du XXe siècle en France et aux États-Unis, où il rencontre un franc succès. Il y sera même ami et complice de Charlie Chaplin, un accomplissement en soi. La sélection présentée proposait une certain logique d’évolution, à la fois dans la durée des films et dans la portée des histoires.

Inutile de revenir avec minutie sur chaque détail de chaque métrage, l’œuvre de Linder semblant jouir d’une forte cohérence de ton et de forme. Alors que le cinéma en est encore à ses premiers pas, Linder faisait déjà preuve d’une grande aisance pour la mise en scène. Ses cadres, parfaitement pensés, savaient mettre en valeur les éléments essentiels à l’histoire tout en présentant une composition remarquablement élaborée, qui n’avait rien à envier à celles de Méliès. L’on notera par la même occasion que le travail de restauration appliqué à ces pellicules pour les faire entrer dans l’ère numérique est subjuguant, la netteté de l’image, dont le grain a disparu, faisant renaître cet important héritage de la plus belle des manières.

Les gags s’enchaînent donc, avec un sens du rythme incontestable puisqu’aucun des films montrés ne subira de temps mort. L’humour est principalement basé sur le comique de situation, c’est évident, même si Linder s’essaye également à quelques traits humoristiques dans ses intertitres. Ces situations, souvent cocasses, donnent lieu à des scènes burlesques que les dessins animés (principalement) n’auront de cesse de reprendre, aujourd’hui encore. Ainsi, Max se retrouve devant un miroir sans glace, berné par un sosie imitant ses faits et gestes. Il échappe à la police, une baignoire sur le dos, grimpant la façade d’un immeuble avec plus d’aisance que Batman et Robin cinquante ans plus tard. Il se lance dans une course à la liberté avec des contrôleurs de trains, se déguise, se défenestre, etc.

Les gags pleuvent infatigablement tandis que Linder opère, surtout dans 7 ans de malheur, moyen métrage d’une quarantaine de minutes, ni plus ni moins qu’un montage sur-découpé, enchaînant parfois les plans d’une seconde les uns à la suite des autres, la plupart du temps pour créer une transition d’un grand dynamisme entre deux scènes plus importantes. Ce découpage accélère le récit déjà effréné et rappelle que finalement, la plupart des méthodes narratives utilisées de nos jours avaient été découvertes il y a bien longtemps, en atteste également une mise en abîme habile et tout à fait surprenante, clé de voute du troisième film projeté.

S’arrêter là serait oublier que les invités du Max Linder Panorama étaient conviés à un ciné-concert, la partie musicale étant assurée par le compositeur et musicien Jean-Marie Sénia, qui a participé à la création de nouvelles partitions pour ces travaux restaurés. Les trois premiers courts bénéficiant d’un enregistrement audio, l’artiste est entré en scène pour le moyen métrage, qu’il a accompagné sans silence et surtout sans fausse note. La musique, généralement de circonstance, s’est révélée très adaptée aux images, suivant sans problème les péripéties du héros et soulignant de ses airs le ton de chaque scène. On remarquera toutefois que Monsieur Sénia, dans son accompagnement, a intégré un passage non pas de piano mais d’imitation d’orgue, très peu gracieuse et rompant brutalement la continuité jusque-là installée (mais peut-être était-ce dû à l’instrument, qu’il a précisé ne pas considérer comme du matériel haut de gamme).

Dandy, artiste, comique, expérimentateur de génie et célébrité internationale, voilà qui était Max Linder. Pour les passionnés de cinéma, cette collection devrait trouver sa place légitime aux côtés de vos films des premiers artisans d’un genre unique, toujours tourné vers l’avenir mais qui n’oublie jamais son histoire.

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