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Dead Bones : critique et interview d’Olivier Beguin

Dead Bones est un court-métrage un peu à part. C’est aussi un des rares films à ma connaissance à mélanger le western et l’horreur, ou plutôt le gore. J’ai eu l’occasion de le voir et d’échanger quelques questions avec le réalisateur, Olivier Béguin. Le DVD étant désormais disponible, ce qui est quand même très pratique pour voir un court, voici tout ce que vous devez savoir pour ensuite vous le procurer…

La critique
Dead Bones est donc un western gore. Ca me semble être le meilleur qualificatif possible, car le film ne fait pas spécialement peur mais possède son lot de scènes brutales et d’effets spéciaux sanglants.
Le pitch est simple : un chasseur de prime poursuit une proie, et se retrouve dans un village où les habitants sont cannibales. Les deux hommes, d’abord opposés, vont devoir s’unir s’ils veulent s’en sortir vivant.
De là découle un film efficace, rudement bien mis en scène par un réalisateur maitrisant sa caméra et mélangeant astucieusement plans fixes façon western à l’ancienne et caméra portée façon film de genre, et alternant scènes de westerns et scènes gores (dont une décapitation qui m’a particulièrement impressionné).
L’ensemble est mené par deux acteurs principaux connaissant leur boulot. Et pour cause, les deux ont une jolie filmo. Arie Verveen (le chasseur de prime) apparait notamment dans La Ligne Rouge de Malick ou dans Sin City. Ken Foree a travaillé avec Zach Snyder sur L’Armée des Morts et est passé par la case X-Files.
Le film souffre de deux défauts, pas forcément majeurs. Le premier, très subjectif, est l’utilisation (pour cause de moyens) d’une caméra HD plutôt que d’une pellicule. L’image semble donc particulièrement nette et colorée, ce qui m’a choqué pour un western où je m’attends plutot à un grain léger. L’autre défaut est une scène de fusillade qui m’a semblé un peu brouillonne, où ne voyait pas trop qui tirait sur qui et m’a laissé un sentiment de pagaille.
Mais je ne doute pas que le long-métrage Dead Bones en préparation corrigera ses deux petits défauts. En attendant, n’hésitez pas à vous procurer le DVD, vous passerez vingt bonnes minutes.

L’interview
Après m’avoir confié un DVD de Dead Bones pour que je puisse le voir, Olivier Béguin a eu la gentillesse de répondre à mes questions

Bonjour Olivier. Peux-tu d’abord te présenter à mes lecteurs qui ne te connaissent pas forcément ?
Bonjour CloneWeb. je m’appelle Olivier Beguin, je suis diplômé de la London Film School et DEAD BONES est mon 4ème court métrage, après TIME WITH NYENNE, SI VOUS LE VOYEZ TUEZ-LE DE MA PART et NAUFRAGE.

Comment est né le projet Dead Bones ?
On buvait un verre avec une copine qui me ramenait des DVDs que je lui avais prêtés. Dans le lot beaucoup de westerns et de films d’horreur. Les mots « westerns » et « cannibale » sont sortis dans la même phrase et ça a tout de suite été le déclic.

Comment as-tu trouvé les fonds à un tel projet qui a dû couter plus cher qu’un court de genre lambda de part les costumes ou encore le tournage en Espagne ?
La région de Neuchâtel nous a soutenus, que ce soit au niveau du Fonds Cinéma ou de la Loterie. Il y a ensuite un Fonds automatique, le Fonds Regio Films qui alloue un pourcentage en fonction de ce qu’on a obtenu dans le canton. Puis de l’argent privé, du sponsoring et une partie de nos économies.

C’est assez inhabituel de travailler sur un court avec des acteurs connus. Comment les as-tu convaincus de tourner devant ta caméra ?
C’est pas forcément si inhabituel. Par exemple en France, Philippe Nahon participe beaucoup à des courts. Pour le barman au départ je voulais Franco Nero, mais ça n’a pas fonctionné. Ma productrice Annick Mahnert m’a demandé ce que je pensais de Ken Foree, qu’elle avait rencontré plusieurs fois. J’étais évidemment fan et donc Annick a négocié avec son agent. Arie Verveen a demandé à voir mes autres courts après avoir aimé le script, puis ensuite là-aussi c’est négociations avec son agent.

Le film commence des plans très fixes, à l’ancienne, et puis bascule vers une réalisation moderne. Pourquoi ce choix ?
La mise en scène s’est faite de manière assez intuitive. La scène d’ouverture dictait ce rythme lent. C’est aussi délicat car c’est difficile de s’attaquer au western, un genre ultra-codifié et LE genre de cinéma par excellence d’une certaine manière. Donc j’ai tenté de rester humble dans cette ouverture je suppose.

Le film a été tourné en HD et j’ai la sensation qu’on y perd le grain et la poussière des westerns d’antan. Ca m’a semblé lisse et coloré, surtout les premiers plans. Choix volontaire ?
Non, si j’avais eu le budget que je voulais, j’aurais probablement tourné en super16mm histoire d’avoir une vraie texture dans l’image. Mais ce n’était tout simplement pas possible, donc on a tourné en HDCam. Cela dit on y a mis un adaptateur pour pouvoir utiliser de vrais objectifs fixes de cinéma, ce qui se ressent dans la profondeur de champ notamment.

A propos de westerns d’antan, quelles étaient tes références quand tu as tourné Dead Bones ? Sergio Leone ? Howard Hawks ? Et plus généralement, quels sont les westerns qui t’ont marqué ?
Je n’avais pas forcément de westerns précis en tête en le tournant. Vu qu’on tournait en 1 :1.85 et non en format Scope, on ne risquait pas vraiment d’être tentés de piquer des plans à Leone. Une petite référence pour un détail précis c’est APPORTEZ-MOI LA TETE D’ALFREDO GARCIA (de Sam Peckinpah), mais je vais pas épiloguer c’est assez évident dans le film. Et sinon au niveau de mes westerns préférés, c’est clairement LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND suivi de très près par PAT GARRETT & BILLY THE KID de Peckinpah.

Penses-tu que le western en général aurait mérité ou mérite encore des films moins sages comme le tien ? Faudrait il faire d’autres westerns plus gores ? Je n’ai pas l’impression qu’il y ait beaucoup d’autres projets dans la veine de Dead Bones…
Non, le mélange western et gore n’est pas très présent. Mais bon les westerns eux-mêmes ne sont pas légions. Bien sûr il y a VORACE [d’Antonia Bird, avec notamment Robert Carlyle et sorti en 1999], un petit bijou ! Mais oui il faudrait en faire d’autres. Enfin, il faudrait surtout nous laisser faire notre version long métrage de DEAD BONES, évidemment.

Quelles ont été les galères marquantes sur le tournage ? Et les meilleurs moments de cette expérience ?
Dans les mauvais souvenirs, il y a un accident de cheval, où j’ai eu très, très peur pour mon chef-op. Les bons moments il y en a plein : c’était déjà d’aller en repérage avec mon autre producteur, Adan Martin, à Almeria. Arriver sur ce lieu chargé d’histoire ça fout vraiment les frissons. Puis rencontrer Ken. Boire quelques Gin tonics dans l’avion en rentrant d’Espagne avec Arie qui me parlait du tournage de THE THIN RED LINE que j’adore. Voir mon chef maquilleur expliquer à Deodato, qu’il idolatre, comment utiliser son hâchoir. Et pleins d’autres moments…

Tu es Suisse. Comment est le milieu du film de genre en Suisse ? En France, il y a une communauté talentueuse, beaucoup de gens très motivés que ca soit dans le court ou dans le long. Je pense par exemple à David Scherer avec qui tu as bossé et qui est absolument partout ou encore à tous les gens qui travaillent sur la série Howard. C’est comment en Suisse ?
En Suisse romande il y a 2-3 personnes qui font du cinéma de genre en court métrages, notamment dans le genre fantastique, mais au niveau horreur c’est assez le néant. Pour ce qui est des longs, ça vient, avec notamment un film de SF, CARGO et un polar/thriller, VERSO qui doivent sortir d’ici la fin de l’année je crois.

Si tu avais une ou deux minutes pour convaincre mes lecteurs d’acheter le DVD, solution la plus simple pour découvrir le film, tu leur dirais quoi là tout de suite ?
Très honnêtement : on a besoin de votre soutien, il nous faut vendre 100 DVDs pour rentabiliser l’édition de celui-ci. Et pour l’instant ils ne partent pas très vite. Ensuite, vous avez quasi 1h de programme au total, avec le film, le making of de 30 mn et un mini-bonus sur Ken.

Quels sont tes projets ? Un long ?
Mon projet principal en tant que réal c’est DEAD BONES version long métrage. A ce stade on a un traitement et des concepts designs. L’écriture du scénario lui-même devrait se faire prochainement.

Quel film déjà sorti aurais-tu rêvé de tourner ?
CRASH de David Cronenberg !

Quel acteur ou actrice connue aimerais tu avoir dans ton prochain film ?
J’adorerais avoir William Fichtner (vu dans Heat et Prison Break, entre autres) dans un futur projet. Et peut-être Cillian Murphy. Ça c’est pour les personnes qu’on pourrait tenter d’approcher. Sinon dans la catégorie tout en haut, c’est Bruce Willis, mais ça risquerait d’être un peu cher.

Quels sont tes derniers coups de cœur au cinéma ou en DVD ?
La semaine passée il y avait le NIFFF à Neuchâtel, où j’habite, donc plutôt cinéma que DVD ces derniers jours. J’ai beaucoup aimé MOON de Duncan Jones (qui était à la London Film School en même temps que moi d’ailleurs), un film solide et émouvant. Et aussi VERTIGE d’Abel Ferry, un bon petit mélange d’aventures et de survival. La scène du pont est franchement hallucinante ! C’est tout là-haut avec LE TEMPLE MAUDIT et l’ouverture de M:I 2.

Quel film pourrais-tu revoir sans fin ? Ou emporter sur une île déserte ?
LES ANGES DE LA NUIT de Phil Joanou, un chef-d’œuvre relativement peu connu, meilleur rôle de Sean Penn, meilleur rôle de Gary Oldman et meilleur rôle de Ed Harris ex-aequo avec celui qu’il tient dans THE ABYSS. Donc du solide.

Et ton tout dernier film vu, bon ou mauvais ?
Là je sors de PUBLIC ENEMIES de Michael Mann. Comme je le craignais je n’ai quasi pas pu voir le film au-delà de son aspect esthétique et des choix de vidéo et d’objectifs que je ne comprends pas. Autant j’adore Mann en général, mais là je n’ai absolument pas été conquis par l’image. Depp livre une performance intriguante, mais dans l’ensemble je ne suis pas rentré dans le film.

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