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FFCP 2023 : Smugglers, Dr. Cheon and the Lost Talisman, Ransomed

Le Festival du Film Coréen de Paris s’est tenu dans la capitale du 31 octobre au 7 novembre dernier. Célébrant tous les cinémas coréens (et pas seulement le cinéma d’action, sans doute le plus exporté), il a permis au public de récompenser Peafowl de Byun Sung-bin.
Nous y avons vu non seulement le nouveau long métrage de Ryoo Seung-Wan (réalisateur de Battleship Island – voir ci dessous) mais le festival a aussi proposé des projections de Concrete Utopia (vu à l’Etrange Festival) et de Killing Romance (vu au NIFFF)

Smugglers (2023) de Ryoo Seung-Wan
Dire que l’ouverture de cette 18ème édition du Festival du Cinéma Coréen de Paris était attendue est un euphémisme puisque Smugglers est le nouveau film de Ryoo Seung-Wan, celui-là même qui nous avait offert le colossal Battleship Island en 2017, sans oublier entre temps Escape from Magadishu.

Le contexte politique de son nouveau film est plus calme, puisqu’on s’intéresse ce coup-ci à une bande de nageuses habituées à la pêche sous-marine en haute mer, qui vont monter une opération de contrebande pour faire passer de la marchandise et gonfler leurs fins de mois. Une entreprise qui ne sera pas du goût de tout le monde, attirant vite gangsters, flics ripoux et autres malfaiteurs à s’intéresser de plus près à ces manigances pour essayer de récupérer la plus grosse part du gâteau, ce qui va évidemment mettre un boxon pas possible dans l’équipe.

Malgré son esthétique seventies, son casting de femmes aux tempéraments bien trempés et l’envie d’offrir un jeu du chat et de la souris trépidant, Ryoo Seung-Wan plonge Smugglers dans un tourbillon incessant de coups dans le dos, de jeux de dupes et de tromperies qui installe étonnement une routine dans le film à force de jouer sur les flashbacks, retournements de situations et autres.
Pour ainsi dire, les deux tiers du long-métrage sont consacrés à ces réunions et magouilles en tout genre, qui finissent par toutes se ressembler et s’annuler les unes après les autres, dans un scénario tiroir assez laborieux, qui peine sincèrement à créer de l’engagement tant il est facile de s’y perdre sans avoir forcément un point d’encrage émotionnel fort en son sein. Heureusement, le réalisateur se réveille dans un dernier acte beaucoup plus musclé, avec un règlement de comptes sanglant dans un appartement où se joue une lutte enragée, qui ravira tous les fans d’action brutale.

Étonnante, cette scène qui dénote totalement du reste infuse la suite du film vers un grand climax aquatique original, avec une chasse à l’homme sous-marine où nos héroïnes orchestrent un ballet assez réjouissant, conjuguant savamment spectacle et humour. Le tout relève nettement la barre du film, d’autant que les enjeux sont alors stabilisés et clairs, mais ne suffisent pas à gommer le cheminement précédent d’un script éparse dont la construction redondante et hasardeuse ne se justifie jamais.

Dr. Cheon and the Lost Talisman (2023) de Kim Seong-sik
Quand il y a quelque chose d’étrange dans votre voisinage, qui appelez-vous ?
Dr. Cheon bien sûr ! Sauf que cet exorciste blasé aux interventions spectaculaires n’est autre qu’un escroc, qui met en scène ses cérémonies chez ses victimes fortunées (ou encore plus fauchées) et profite de son assistant pour mettre le tout sur YouTube histoire de décupler sa popularité et faire perdurer son business. Jusqu’au jour où, devinez quoi, le bougre va être confronté à de vrais esprits maléfiques…

La figure du faussaire soudain face au réel est toujours un régal quand elle est bien exécutée, et ce blockbuster coréen coche toutes les cases du genre pour réussir son coup : les personnages sont tous bien définis, avec un caractère instantanément identifiable tout en étant suffisamment écrit pour dépasser le stéréotype, les situations sont funs et ludiques, et surtout le film profite de l’évolution de son scénario pour jongler avec les tonalités et les genres comme seuls les coréens savent si bien le faire.
Il y a donc ici une très bonne comédie, notamment dans la première tromperie de nos héros dont les trucs et astuces déconnent juste ce qu’il faut pour que la situation devienne hilarante, mais aussi un film fantastique qui lorgne du côté de l’épouvante avec déférence et humilité, honorant chaque code du genre pour mieux servir son projet global. Les scènes d’action ne sont pas en reste, et le tout glisse d’un style à l’autre avec savoir-faire et aisance, même si le scénario reste assez convenu au global, le tout restant un divertissement grand public qui n’a pas d’autre vocation que de vous faire passer du bon temps.

Sans jamais transcender ses modèles, Dr. Cheon and the Lost Talisman prend son projet à cœur et le fait avec talent, pour un résultat résolument efficace qui fait plaisir à voir.

Ransomed (2023) de Kim Seong-hoon
Après avoir travaillé notre claustrophobie en 2016 avec le remarqué Tunnel, Kim Seong-hoon part au Liban pour conter vaguement l’histoire vraie d’un diplomate sud-coréen qui fit le voyage en 1987 pour sauver un collègue kidnappé sur place. L’occasion de rencontrer un chauffeur de taxi lui aussi coréen avec qui il va malencontreusement faire équipe dès son arrivée puisque son plan initial savamment huilé va être instantanément mis à mal, avec des forces de l’ordre corrompues et une mission bien plus rocambolesque que prévu.

Entre thriller, film historique et buddy movie, Ransomed n’arrive jamais à choisir et à l’inverse d’un Dr. Cheon, n’honore aucune de ses promesses. Si nous sommes face à une production luxueuse et soignée à l’écran, les différentes péripéties de notre improbable duo s’enchaîne sans jamais trouver la fluidité nécessaire pour rendre le tout digeste, et on a vite l’impression de passer d’une scène à une autre sans fil rouge ou lien, à l’image d’un épisode au milieu du désert étonnement long et sans intérêt narratif.

Il n’y a ici rien que l’on ait pas déjà vu ailleurs, d’autant que l’aspect « histoire vraie » est très vague vu que les dossiers officiels sur la question sont scellés pendant encore plusieurs décennies, et Ransomed se tire son intrigue tel un boulet, sans envie, ni passion, pour un film trop sage qui risque de tomber vite dans l’oubli.

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