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Etrange Festival #7 : Drive, Don’t be Afraid of the Dark…
L’Etrange Festival est terminé. Dix jours et prêt de 40 films, peu de nourriture et de sommeil mais de très bonnes choses. Lors de la soirée de clôture, le prix Nouveau Genre a été attribué au film belge Bullhead, s’assurant une diffusion prochaine sur la chaine cryptée.
En ce qui nous concerne, le weekend a été riche. D’avant-premières d’abord puisqu’on a vu Drive de Nicolas Winding Refn, qui s’assure le statut d’un des meilleurs films de l’année et Don’t Be Afraid of the Dark produit par Guillermo del Toro. De redécouverte ensuite avec la projection de Hitcher en présence de Rutger Hauer himself. Et d’autres bizarreries enfin, prouvant que le festival porte bien son nom : Portier de Nuit, Horny House of Horror, Beyond the Black Rainbow, Hell Driver, Aliens vs Ninja, Karate Robo Zaborgar et Yakuza Weapon.
Nous aurons l’occasion de revenir plus longuement sur les films avec Ryan Gosling et Katie Holmes dans les prochains jours. Tout comme, en attendant l’édition 2012 de l’Etrange Festival, nous vous ferons découvrir dans les prochains jours ce qui se passe du coté du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg !
Portier de Nuit (1974)
Réalisé par Liliana Cavani
Avec Dirk Bogarde, Charlotte Rampling, Philippe Leroy
Vienne, 1957. Max, un ancien officier SS, est portier de nuit dans un grand hôtel. Il se retrouve un jour face à Lucia, l’épouse d’un chef d’orchestre. Un fantôme de son passé. Car, pendant la guerre, Max entretenait dans un camp de concentration une passion sadomasochiste avec Lucia, l’une de ses prisonnières. Tous deux finissent par renouer leur liaison…
Film interdit en Italie, Portier de Nuit raconte les retrouvailles entre un ancien officier SS travaillant comme Portier dans un hôtel à Vienne et une ex prisonnière de son camp de concentration avec qui il entretenait une relation sadomasochiste. Ni une ni deux, la flamme se ravive de plus belle et les 2 protagonistes vont devoir faire face aux foudres de tout leur entourage pour finir par se terrer dans leur chambre, seuls contre tous. Pur film de chambre dans lequel on suit la descente aux enfers de nos héros consumés par la passion et le désir, Portier de Nuit ne tient sa réputation qu’à son contexte scénaristique et au passé des personnages, auquel cas le film serait tombé dans les oubliettes. Assez mou dans sa mise en scène et peinant à ménager l’intérêt, l’œuvre de Liliana Cavani ne vaut surtout que pour le jeu de ses acteurs, en particulier une Charlotte Rampling électrisante et au charisme vampirique.
Horny House of Horror (2010)
Réalisé par Jun Tsugita
Avec Miho Arai, Asami, Saori Hara
Des hommes s’enferment le temps d’un plaisir fugace dans un salon de massages érotiques qui cache en arrière-boutique un véritable musée des horreurs…
Réalisé par le coscénariste de Mutant Girls Squad et avec des effets spéciaux de Yoshiriro Nishimura, Horny House of Horror est un pur délire gore japonais dans la trempe du studio Sushi Typhoon et dont la première scène résume à merveille le concept. Il existe au Japon des salons de massages érotiques dans lesquels les clients vont être soulagés par tout les moyens autre que le rapport sexuel direct, le but pour les masseuses étant d’amener le client à la jouissance et basta. C’est presque le cas du théâtre du film, dans lequel le premier client se voit remettre un traitement de faveur : la chère et tendre demoiselle s’occupant de lui couvrant son gourdin de poisson frais et d’algue pour en faire un vrai maki au pénis, avant de manger littéralement ce dernier en finissant par l’arracher sous les yeux horrifié du client pissant le sang dans tous les sens. Le film verra alors 3 autres clients arriver et dont on attendra impatiemment les mises à morts, au travers d’un scénario blindé de scènes bouche-trous, dans un film trop répétitif et cheap pour devenir réellement culte ou même recommandable.
Beyond the Black Rainbow (2011)
Réalisé par Panos Cosmatos
Avec Michael Rogers, Eva Allan, Scott Hylands
Au début des années 80, la tentative d’évasion désespérée d’une jeune femme séquestrée derrière une vitre dans un laboratoire expérimental, et surveillée par le mystérieux docteur Barry Nyle.
Tu aimes la SF ultra contemplative, le cinéma placant tout dans l’imagerie significative et la mise en scène expérimentale à l’extrême? Et bien Beyond the Black Rainbow constituera un magnifique pétard mouillé à tes yeux, tant ce premier film surexploite à l’extrême ses cadrages anxiogènes et son ambiance étouffante blindés de plages de couleurs placardés en plein écran pour tenter d’immerger dans une expérience psychédélique qui propose certes une tenue technique propre mais dont la direction artistique et surtout l’absence délirante de propos finit s’assommer un spectateur que le réalisateur tente de faire halluciner pour mieux le prendre pour un débile.
Drive – Sortie le 5 octobre 2011
Réalisé par Nicolas Winding Refn
Avec Ryan Gosling, Carey Mulligan, Bryan Cranston
Un cascadeur tranquille se métamorphose dès que la nuit tombe : il devient pilote pour le compte de la mafia. La combine est bien rodée, jusqu’au jour où l’un des casses tourne mal et l’entraîne dans une course-poursuite infernale. Il veut se venger de ceux qui l’ont trahi…
Jean-Victor : Dernier prix de la mise en scène au Festival de Cannes, Drive constituait le film le plus attendu de cet Étrange Festival, le réalisateur ayant déjà fait fortement parler de lui dernièrement avec son incroyable Valhalla Rising. On y reviendra plus longuement dans l’émission, mais c’est peu dire que Drive se pose sans aucun problème comme l’un des meilleurs films de l’année tant Refn sublime un scénario de série B par une écriture délicate et par une réalisateur absolument monstrueuse, la sensualité et l’attraction constante provoquée par l’atmosphère du film s’éclatant de temps à autres sur des fulgurances phénoménales. A n’en pas douter, un chef d’œuvre.
Basile : Drive aligne les fulgurantes esthétiques avec une facilité déroutante. Sublime dans sa facture (la photo magnifique et confère une véritable texture à chaque plan, la bande son absolument envoûtante), prenant par son histoire, Drive est un bonheur sensoriel mais aussi émotionnel. Car en effet, c’est une bien belle histoire que Winding Refn nous raconte là, celle d’un chevalier moderne qui vient au secours d’une demoiselle. Classique ? Pourtant ces temps-ci, elles se font rares les fictions qui offrent pareilles force et évidence. Ryan Gosling atteint des sommets dans son interprétation silencieuse et ultra charismatique. Et pour une fois qu’on nous offre un personnage défini par ses actions et non par des dialogues…
Reste un réel regret, celui de ne compter en tout et pour tout qu’une seule vraie scène de voitures. Pour un film dont le titre est Drive, c’est une amère déception, à plus forte raison lorsqu’on voit l’excellent niveau de la scène en question.
Hitcher (1986)
Réalisé par Robert Harmon
Avec Rutger Hauer, C. Thomas Howell, Jennifer Jason Leigh
Jim Halsey accepte de convoyer une voiture à travers les États-Unis. Par une nuit pluvieuse, il prend en auto-stop un dénommé John Ryder, un personnage étrange et inquiétant. Jim comprend très rapidement qu’il a affaire à un tueur psychopathe et réussit à se débarrasser de son dangereux compagnon de route.
Jean-Victor : Diffusé dans le cadre de la rétrospective Rutger Hauer et présenté par le monsieur lui même, ce Hitcher fait partie de ces films cultes des années 80 ayant marqué une génération au fer rouge et ayant même eu le droit de se faire massacrer par Hollywood dans un remake récent, produit par le champion toute catégorie de la discipline, j’ai nommé Michael Bay. Ca n’empêche pas le film original d’être plutôt bon, jouant de la même manière que les Dents de la Mer sur une pratique répandue à l’époque et connue de tous (l’auto stop!) pour y insérer un tueur psychopathe allant faire dégénérer la vie d’un pauvre adolescent voulant à la base simplement rendre service. On regrettera un rythme un peu lent et un Rutger Hauer peu présent à l’image dans ce thriller cependant fort sympathique et possédant certaines scènes assez malines, d’autant que la montée en puissance des évènements parvient à rester cohérente du début à la fin.
Basile : Le plaisir des festivals de ciné, c’est aussi de découvrir ou redécouvrir des classiques sur grand écran, entouré d’un public conquis d’avance. Après une introduction d’une classe folle par Rutger Hauer himself, Hitcher a déployé sa mécanique pour le bonheur de 300 personnes. Et force est de constater que le film conserve toute sa force, grâce à sa construction habile et sa réalisation impeccable et même étonnement moderne. Un cauchemar furieux, hanté par un Rutger Hauer au charme tétanisant, ce « petit film » est bel et bien une expérience de cinéma qui prend tout son sens sur le grand écran. Et plus de 20 ans après, le film fait toujours autant sursauter.
Hell Driver (Director’s cut – 2011)
Réalisé par Yoshihiro Nishimura
Avec Yumiko Hara, Asami, Yukihide Benny, Norman England
Le Japon est séparé en deux. D’un côté, un virus extra-terrestre a transformé les habitants en zombies affamées de chair humaine. De l’autre, la population a échappé au mal. Le gouvernement hésite à mettre en place une politique d’extermination de cette population…
Dans la famille Sushi Typhoon, je voudrais… Le gros délire ultra trash et gore typique du studio !
A la manière d’un Mutant Girls Squad dont la structure est pour ainsi dire quasi similaire, Hell Driver met en scène une histoire sans queue ni tête, à base de Japon infecté par un virus extra terrestre transformant les contaminés en zombies ayant sévèrement la dalle. Évidemment, une jeune écolière au physique enclin à de nombreux fantasmes masculins va s’ériger contre la menace avec son épée-tronçonneuse et aller exterminer tout ce beau monde dans un bordel total, balançant son générique d’intro après seulement 45 minutes de film (!) et n’hésitant pas à déverser le plus possible d’hémoglobine à la seconde, tandis que les mutations nombreuses valent le détour, entre l’homme aux 34 organes génitaux, la voiture de course constituée uniquement de corps zombifiés ou encore le cow boy sorti tout droit d’un western et allumant la tête de tout ce qui bouge. Le tout bien évidemment dans un soucis du cinéma absolu, caractérisé par un montage hystérique, des effets spéciaux sortis de l’espace et une bonne grosse image DV aussi dégueulasse que caractéristique.
Très très con, mais put**n ce que c’est bon !
Alien VS Ninja
Réalisé par Seiji Chiba
Avec Mika Hijii, Ben Hiura, Shûji Kashiwabara
Il y a bien longtemps, au Japon, existaient une bande de célèbres guerriers ninja, les Iga Ninja. Un jour, ces courageux ninjas furent témoin d’un évènement extraordinaire : une boule de feu traversant le ciel et s’écrasant non loin. Les ninjas s’enfoncèrent alors dans les bois. Arrivés sur place, ils durent faire face à des créatures extra-terrestres sanguinaires.
Dans la famille Sushi Typhoon, je voudrais… Le nanar de compétition !
Si le précédent film chroniqué est un étendard à lui seul de ce que le studio peut produire de plus trash en terme de bouse régressive et fun, ils sont aussi capable de faire de la péloche décérébré plus « propre » mais non moins schtarbée. Alien VS Ninja fait partie de cette catégorie, le film concentrant son 1h25 fauchée à mettre en exergue un concept con mais franchement rigolo, compilant du catch Ninja/Alien, des extra terrestres tout aussi pervers en dessous de la ceinture que les humains et des costumes en carton/latex du plus bel acabit.
Du concentré de nanar calibré pour le samedi soir, bien arrosé naturellement.
Karate Robo Zaborgar (2011)
Réalisé par Noboru Iguchi
Avec Itsuji Itao, Asami, Akira Emoto
Suite au décès de son père, l’officier de police Daimon Yutaka hérite d’un puissant robot guerrier nommé Zaborgar, expert en arts martiaux et ayant le pouvoir de se transformer en moto. Les deux justiciers vont dès lors devoir se confronter à Sigma, une organisation démoniaque…
Dans la famille Sushi Typhoon, je voudrais… Le divertissement honnête à l’ancienne !
Derrière son nom abracadabrantesque, Karate Robo Zaborgar cache une série des années 80 dans la pure tradition du Sentaï sauce Goldorak/Power Rangers. Cette adaptation ciné se révèle pour le moins étonnante puisque si l’on passe à une image HD très propre, ce qui est une grande première pour le studio, le film de Noboru Iguchi parvient à calmer ses délires gores (même si ça saigne parfois, que voulez vous…) pour offrir une péloche old school et jouant sur le kitsch de son histoire (un policier karatéka et sa moto robot allant taper les méchants) pour mieux faire jouer la fibre nostalgique. Si on reprochera au film sa trop longue durée et une deuxième partie redondante, le plaisir procuré par ce robot funky et leurs aventures atypique fait de ce Karate Robo Zaborgar une entreprise aussi franche que réjouissante.
Yakuza Weapon (2011)
Réalisé par Tak Sakaguchi & Yûdai Yamaguchi
Avec Dennis Gunn, Cay Izumi, Shinji Kasahara
Shozo, un ancien yakuza qui travaille en Amérique du Sud reçoit l’annonce du décès de son ancien chef, Kenzo. À son retour au Japon, une guerre interne au clan éclate. Shozo y perd un bras et une jambe…
Dans la famille Sushi Typhoon, je voudrais… La série B gonzo et bourrine!
Suivant le parcours d’un yakuza ayant la puissance de frappe d’une armée à lui tout seul et qui suite à une trahison et à un combat violent va se retrouver avec un corps modifié capable de transformer son bras en sulfateuse, Yakuza Weapon est un film ayant le cul entre deux chaises.
Tentant aussi bien de donner dans la scène d’action vénère et pétant des bras à la chaine tout en multipliant les personnages dans une intrigue complexe et brouillonne, finissant par mêler les pinceaux d’un public rapidement largué. Cette tendance se retrouve dans les scènes d’actions, capables d’effets gores délirants comme d’une retenue assez incompréhensible.
Le résultat en est plus frustrant qu’autre chose.
Don’t Be Afraid of the Dark – Sortie prochaine
Réalisé par Troy Nixey
Avec Katie Holmes, Guy Pearce, Bailee Madison
Une petite fille doit vivre avec son père et sa nouvelle petite amie. Celle-ci va découvrir que de sinistres créatures vivent sous les escaliers de sa nouvelle demeure…
La nouvelle production Del Toro se sera fait attendre et après quelques déboires légaux à cause de rachat de studio et autres, le film se dévoilait enfin en parallèle de sa sortie en salles américaines.
Si le trailer laissait entrevoir un film fantastique sacrément flippant, le long métrage se pose comme un travail pour le moins honnête et baignant à 300% dans l’univers de Del Toro, sans en avoir les traits de génie. Car si cette première réalisation s’avère honorable, il faut bien admettre que le tout manque singulièrement de magie et de personnalité pour s’élever vers les cieux espérés, faisant de ce Don’t Be Afraid un moment loin d’être honteux et se laissant regarder, à défaut de mieux.
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