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Etrange Festival #5 : The Dark Below, The Visit…

Nous alternons pour encore quelques jours mini-critiques écrites au bord de l’eau à Deauville et celles écrites dans les sous-sols du Forum des Halles à Paris, histoire de vous proposer de découvrir toujours plus de films différents.

Et pour cette cinquième journée à l’Etrange Festival, Jean-Victor évoque notamment The Visit -sans aucun lien avec le film de M.Night Shyamalan- un documentaire évoquant les scénarios qu’on devrait mettre en place si nous étions réellement envahis par des extra-terrestres.
Qui a dit que c’était déjà le cas ? La vérité est ailleurs…

The Dark Below (2015)
de Douglas Schulze

Toujours avide de films aux concepts originaux, l’Etrange Festival propose cette année avec The Dark Below une idée pour le moins alléchante.
L’histoire d’une jeune femme kidnappée et séquestrée dans un lac glacé avec le minimum nécéssaire pour rester en vie un tant soit peu dans des conditions forcément inconfortables. Après tout, pourquoi pas? Sauf que Douglas Schulze, qui a présenté son film en grande pompe en annonçant sa volonté de repousser « les limites de la narration », n’avait visiblement pas les épaules suffisamment larges pour porter un projet pareil. D’abord parce que l’aspect survie est totalement survolé, la victime sortant la tête de l’eau toutes les 5 minutes de film ! Imaginez Ryan Reynolds sortir de sa tombe dans Buried de temps à autre pour respirer un coup, et vous avez une idée de combien cela ruine le concept même d’un film qui se refuse à affronter son sujet, comme en témoigne les innombrables flash-backs.
En effet, The Dark Below passe plus de temps à voir les souvenirs de la jeune femme et sa vie avant l’incident plutôt que son parcours du combattant pour se sortir de cette situation délicate. Le tout étant filmé avec la grâce d’un Plus Belle la Vie, montrant une suite d’éléments tous plus anecdotiques, cheap et kitchs les uns que les autres.
Mais le plus drôle dans cette histoire, outre un 3ème acte nanardesque au possible, réside dans le traitement sonore. Ouvrant sur un carton annonçant « Le Silence est le cri le plus puissant », The Dark Below ne possède pas une seule seconde de calme auditif! Voulant faire un film « muet », le réalisateur surcharge totalement sa bande sonore avec du sound design bien gueulard et poussif, sans parler de la musique atroce du film qui condense le pire d’un Hans Zimmer avec des chants messianiques aussi hors sujet que lourdingues. Ce capharnaüm est tellement prononcé qu’il en vient même à faire mal aux oreilles, pour vous dire à quel point c’est un bordel sans nom !
Et surtout, cela renie évidemment la « note d’intention » éventuelle en intro, pour mieux briller dans la catégorie « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ».

 

The Visit, une Rencontre Extraterrestre – Sortie le 4 novembre 205
de Michael Madsen

Que ferions-nous si des extra-terrestres arrivaient sur Terre?
Comment l’humanité s’organiserait-elle pour gérer cette rencontre et représenter au mieux notre civilisation toute entière? Voilà la problématique centrale de ce documentaire qui interroge bon nombre de spécialistes internationaux pour tenter d’entrevoir le protocole à mettre en place au cas où. Des intervenants venus du monde entier, qui se perdent en hypothèses pour mieux révéler que nous ne sommes tout simplement pas prêts pour un tel scénario, sans parler de ses variantes et du nombre incalculables de paramètres à prendre en compte.
Si le film enfonce pas mal de portes ouvertes, et trouve ses limites dans cette suite de témoignages tous un peu perdus malgré eux, il met cependant le doigt sur une problématique inattendue concernant la compréhension de l’humain pour les êtres venus d’ailleurs. Car comprendre nos visiteurs est une chose, mais leur compréhension de notre espèce en est une autre, et The Visit montre bien en quoi il serait compliqué de donner une image objective, pacifiste et complète de l’espèce humaine avec sa planète.
En cela, Michael Madsen touche à des points sensibles et pertinents sur sa thématique, en prouvant au passage combien la mystère d’une vie extraterrestre
reste intacte, ce qui promet de tarauder notre espèce encore pour longtemps tant la question reste vague.

 

Sous-sols (2015)
de Ulrich Seidl

Connu auprès du « grand-public » pour sa trilogie Paradise, Ulrich Seidl a été accueilli en grandes pompes à l’Etrange Festival, acceptant enfin une invitation qui aura mis des années à être honorée. Pour l’occasion, le cinéaste autrichien nous présentait son nouveau documentaire qui nous invite à découvrir les sous-sols de bien des familles autrichiennes, en sachant que chez-eux, c’est souvent le lieu de la maison dans lequel on s’adonne à nos hobbies. Et en l’occurence, on n’a pas été déçu du voyage puisqu’en voyeur invétéré, Seidl a évidemment pris des familles hautes en couleurs, aux passions pour le moins étonnantes. Entre un passionné du troisième reich montrant fièrement le portrait d’Hitler en peinture qu’on lui a offert à son mariage, un couple SM dans lequel madame mène à la baguette son esclave sexuel de mari auquel elle attache des poids aux testicules, ou encore une grand mère qui prend des poupées pour de vrais bébés, Sous-Sols montre une série de portraits tous plus délurés les uns que les autres. Alors certes, Seidl ne semble jamais juger ses sujets, mais leur simple présence suffit pour révéler une envie de descendre toujours plus profondément dans la misère humaine, puisqu’il faut bien avouer qu’à un fervent défenseur de la croix gammée près, tout ce beaumonde tire la gueule!
En résulte un très (trop?) long épisode de Strip-Tease en Autriche, parfois amusant, très souvent glauque.

 

J’ai Avorté, Monsieur le Procureur (1971)
de Rob Houwer & Eberhard Schröder

La catégorie « Les pépites de l’Etrange » est souvent l’occasion pour les spectateurs du festival de libérer leurs pulsions les plus primaires dans la joie et la bonne humeur.
Avec J’ai Avorté Monsieur le Procureur, c’était cours d’éducation sexuelle pour tout le monde, où plutôt film de propagande allemand en faveur de l’avortement. Dans ce qui est annoncé comme « le témoignage très objectif d’un des problèmes majeurs de notre époque » (on est en 1971…), nous avons assisté à une série de petites histoires censés montrer la nécessite du droit de l’avortement pour la femme.
Si certains segments montrent effectivement combien cela pouvait être difficile jadis d’avorter, avec des conditions pas toujours catholiques, l’ensemble est surtout l’occasion de délivrer un film semi-érotique avec bien des donzelles se dénudant devant la caméra pour le plus grand plaisir des pervers de Paname. C’est souvent gratuit, toujours grassement écrit et avec des répliques bien salaces, et si ça pouvait être pris au sérieux par le passé, il faut bien avouer qu’aujourd’hui ça fait bien rire, d’autant que la VF bien aux fraises accentuait le ridicule de l’ensemble.
Un petit nanar historique en somme, d’autant plus improbable qu’il reste encore aujourd’hui l’un des 10 plus gros succès allemands aux Etats-Unis !

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