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Etrange Festival #5 : Gangnam Blues, L’Incident, L’Inhumaine

L’Etrange Festival édition 2015, c’est terminé. Un grand merci aux organisateurs et aux bénévoles qui nous ont permis de voir de nombreux films très différents pendant une semaine au Forum des Images.

Le festival s’est clôturé sur la présentation en avant-première de Baahubali sur lequel nous reviendrons. Le long-métrage gagnant de la compétition est Dans La Peau de Bax (en salles le 18/11). Le public, lui, a préféré couronné Moonwalkers avec Rupert Grint et Ron Perlman (sortie en janvier).

Jean-Victor, lui, a vu quelques derniers longs-métrages…

 

Gangnam Blues (2015)
de Yoo Ha

A moins d’avoir vécu dans une cave ces dernières années, vous avez forcément entendu Psy fredonner Gangnam Style en se trémoussant frénétiquement.
Mais vous êtes-vous déjà demandé ce que c’est, Gangnam ?
Un film comme Gangnam Blues fait office de court de rattrapage sur l’histoire de cette arrondissement de Séoul qui a été urbanisée à partir des années 70 pour faire partir intégrante de la ville désormais et en être la partie la plus moderne.
Mais au début des 70’s donc, tout ça n’était que champs à perte de vue, et le film de Yoo Ha suit deux sans-abris qui vont se retrouver au cœur des guerres de gangs de l’époque, chacun dans un camp opposé, gravissant les échelons de ces hiérarchies instables et corrompues dont la finalité est de prendre le contrôle sur la région.
Un thriller historique centré sur une période peu connue en occident donc, qui profite pleinement de son contexte et nous montre l’escalade de violence extrême à une période pas si lointaine.
Si le destin de ses deux frères de cœur est quelque peu prévisible, le film tire son épingle du jeu en se focalisant sur l’un des deux hommes, et sa rencontre avec un parrain qui souhaite raccrocher, avant que notre héros fasse tout pour le remettre en selle presque contre sa volonté.
Un rapport modèle à élève aux fondations inversés qui permet de suivre l’ascension de ce personnage dans les hautes sphères politiques/administratives où l’intégrité n’est plus.
Solidement réalisé malgré quelques SFX foireux (le premier plan est le pire du film, faut le faire !), et proposant quelques bastons bien féroces, Gangnam Blues ne transcende pas le genre mais n’en reste pas moins prenant.

 

L’Incident (2014)
de Isaac Ezban

Dans la grande famille des films concepts foireux, nous avons le plaisir d’accueillir le petit nouveau venu du Mexique, L’Incident ! Et le bougre fait une entrée remarquée dans la catégorie en défonçant la porte comme il faut. Initialement, c’est un flic qui pourchasse deux frères et après avoir tiré une balle dans la jambe d’une de ces cibles au beau milieu d’un escalier d’immeuble, les 3 gaillards se rendent compte qu’ils sont coincés dans ce dédale de marche infini et sans issue, qui ramène toujours ses occupants au même endroit qu’ils montent ou qu’ils descendent.
Peu après on embraye sur une autre histoire du même genre, avec une famille qui se retrouve coincée sur une route elle aussi sous forme de boucle infernale.
Illustrant un même concept avec deux milieux différents, le film va faire l’aller-retour tout de long pour voir l’évolution sur le long terme de ces situations étranges.
Tout ça pour quoi ? Rien !
On le dit souvent, avoir une idée c’est bien, savoir l’exploiter c’est mieux.
En l’occurrence, Isaac Ezban maintient cette illusion en tirant sur la corde comme un chien sur son nonos, jusqu’à épuisement évidemment. Car la deuxième chose importante quand on veut utiliser une idée, c’est de raconter quelque chose avec ! Et de ce point de vue-là, malgré un twist final au montage tarabiscoté pour relier tout son bordel (en introduisant plein d’autres éléments au passage, à la fin…), on se demande encore bien ce qu’est censé raconter cette belle baudruche foutrement prétentieuse qui regarde ses personnages subir le temps tout comme l’on subit le film qui semble transformer la salle en une boucle temporelle interminable. Hormis se demander dans quoi ils sont coincés, les victimes du film vivent leur existence reposant notamment sur des règles aléatoires, suivant la bonne volonté d’un cinéaste qui semble n’en faire qu’à sa tête tout en se caressant ardemment le nombril, tout heureux qu’il est de ne jamais sortir de son postulat de base. Si Incident il y a eu donc, il est bel et bien d’ordre cinématographique.

 

L’Inhumaine (1924)
de Marcel L’Herbier

Que serait un Etrange Festival sans sa séance Retour de Flamme, où Serge Bromberg nous montre l’un des derniers trésors de l’histoire du cinéma qu’il vient de restaurer au travers de son entreprise Lobster. Et même si cette encyclopédie vivante n’était pas là exceptionnellement pour présenter son choix cette année, le film a su se défendre tout seul. Il faut dire que L’Inhumaine de Marcel L’Herbier nous rappelle un temps où la France était d’une ambition délirante concernant le 7ème art, et n’hésitait pas à mettre les deux pieds dans le plat du fantastique.
L’Inhumaine donc, une cantatrice célèbre qui refuse tous les hommes s’offrant à elle, jusqu’à ce qu’elle tombe sur un ingénieur un peu trop sensible qui va bouleverser sa vie.
Nous n’en dirons pas plus, d’autant que la narration ici s’avère assez lente, et pas seulement parce que l’on est devant du cinéma muet. Ce n’est pas un problème pour autant puisque devant la splendeur de cette colossale production, il faut bien le temps d’admirer une direction artistique qui met en avant les plus grands artistes Art Déco de l’époque. Autant vous dire que les costumes et les décors sont d’un raffinement incroyable et que l’ensemble développe une atmosphère presque surréaliste à la seule patte de son univers, qui se transforme en berceau d’une histoire honorant ses velléités fantastiques sur la fin. Seul reproche devant cette restauration 4K en bonne et due forme : la musique composée spécialement pour cette ressortie par le groupe Alloy Orchestra, pourtant spécialisée dans l’écriture de nouvelles bandes sons pour de vieux films muets.
L’aspect éléctro de certains passages, tout comme une musique jazz trop minimaliste, raccordent rarement avec les images et s’étale dans tout son anachronisme.
Cela n’enlève rien à la splendeur visuelle qui nous est offerte, pour un joli film surprenant, dont les désirs de cinéma ample et sensoriel nous laissent nostalgiques.

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