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Etrange Festival #4 : Pet, Déluge, Grave…

L’Etrange Festival s’est terminé ce dimanche au Forum des Images. Nous avons salué notre vieux copain, en se disant qu’on allait se revoir l’année prochaine.

Coté palmarès, le festival et ses partenaires ont couronné cette année Headshot et Jeeg Robot qui seront diffusés sur Canal+Cinema quand le public a préféré Poésie sans Fin d’Alejandro Jodorowsky…

Grave de Julia Ducournau – Sortie en salles le 18 mars 2017

Auréolé d’un bon buzz depuis sa présentation à la semaine de la critique à Cannes, avant de faire grand bruit en ayant poussé quelques spectateurs à l’évanouissement lors du festival de Toronto récemment, Grave de Julie Ducournau s’offrait au public de l’Etrange Festival dans une projection pleine à craquer. Et la salle aura bien fait de se remplir pour découvrir les aventures de Justine, une adolescente végétarienne débarquant en école de vétérinaire et qui va faire les frais d’un week-end d’intégration rock’n roll où elle se trouvera forcée à manger de la viande contre son gré…

Rien de bien méchant dirons certains, sauf que la jeune demoiselle va s’en trouver un poil détraquée, en développant une addiction maladive pour la chair…
Disons-le comme ça l’est : Grave est un véritable météore qui vient s’écraser au beau milieu du cinéma français pour mieux l’éclabousser ! Mais cela n’a rien de gratuit tant le film tient avant tout grâce à une écriture très soignée, qui utilise la partie horrifique de son histoire en fil rouge pour mieux traiter à travers celle-ci l’évolution psychologique de son héroïne en pleine croissance, dont la poussée d’hormones, la découverte de la sexualité et le passage vers l’âge adulte vont provoquer bien des perturbations. Incarné par un casting qui n’a pas froid aux yeux et fait preuve d’une envie vorace d’en démordre, Grave est un premier film éclatant avec une mise en scène frontale, soignée et immersive qui nous plonge la tête la première dans la frénésie des soirées étudiantes bien arrosées et de la cruauté de l’âge, sans perdre de vue le superbe parcours désenchanté de son personnage principal, dont les péripéties ont un caractère fortement organique que ne renierait pas David Cronenberg.

Au final, Julie Ducournau réalise la petite bombe que le cinéma de genre français attendait depuis trop longtemps. En attendant sa sortie en mars, retenez bien son nom, car on lui souhaite tout le succès qu’elle mérite.

 

Pet (2016) de Carles Torrens

Arrêtons tout de suite une éventuelle interprétation malencontreuse du titre du film dont il est question ! Ici, Pet est bel et bien le mot anglais qui signifie animal de compagnie dans la langue de Shakespeare. Et le « Pet » en question, c’est une jeune demoiselle qui ressemble en quelque sorte à une Barbie en chair et en os, qui croise le chemin d’un de ses anciens collègues de lycée un peu flippant. Il faut dire que le mec la stalke, est un anti-social notoire, et essai de la séduire. Et comme il échoue, il finit par kidnapper la belle pour mieux l’enfermer dans une cage pour chien dans le sous-sol de l’animalerie où il bosse. Au moins, il est sûr d’avoir toute son attention, mais pour ce qui est de la séduction, on repassera…
En tout cas, Pet fait partie d’une espèce extrêmement rare de films…
Car cette histoire démarre très très mal : la première demi-heure est quasi-catastrophique ! Ça joue mal, c’est cheap, c’est écrit à l’enclume avec des dialogues à double sens martelés, bref, on a très vite envie de sortir de la salle devant ce qui s’annonce être une énième série Z toute naze.
Quand soudain ! Oui, Pet fait partie de ces films qui remontent la pente d’un seul coup au point de captiver notre attention. Une fois la belle en cage, le film sort petit à petit des rails qu’il semblait mettre en place, installe un climat anxiogène des plus efficaces et construit un duel psychologique riche en surprises, pour amener son récit bien au-delà du simple survival horrifique de bas étage, avec une écriture bien plus perverse que prévu, et à vrai dire assez jouissive dans sa façon de se retourner contre le spectateur. Un bien drôle de film donc, qui cache bien son jeu et qui en a beaucoup plus dans le ventre qu’on pourrait le croire…

 

Déluge (1933) de Felix E. Feist

La tradition la plus immanquable de l’Etrange Festival, la séance Retour de Flamme en partenariat avec la société de restauration de films Lobster, nous a offert cette année encore un bien drôle de spectacle avec Déluge ! Le dernier miraculé de l’enterprise géré par le génial Serge Bromberg est comme son nom l’indique partiellement l’un des premiers films catastrophes de l’histoire du cinéma puisqu’il met en scène un monde devant faire face à une catastrophe naturelle mondiale qui détruit tout sur son passage à grands coups de tremblements de terre gigantesques et de montées des eaux.
Bon, on est en 1933 et tout ça va à une vitesse folle mais il est drôle de voir combien la formule, avec les scientifiques qui se rendent compte trop tard de ce qui leur arrive dessus et la famille dispersée dans les évènements, n’a pas changé d’un iota depuis tout ce temps. Clairement, Roland Emmerich n’a absolument rien inventé ! En revanche, le film de Felix E. Feist s’offrait un rythme lui aussi accidenté, car passé les 20 premières minutes de destruction, le récit s’aventure dans du survival un poil nanardesque avant de montrer une société déchue qui tente de reconstruire la civilisation sur les ruines de la précédente, avec un sens de la camaraderie limite propagandiste. Ce n’est franchement pas fin et parfois carrément ridicule, mais la pluralité du long-métrage et son caractère avant-gardiste en font une curiosité des plus amusantes.

 

The Marriage of Reason & Squalor (2015) de Jake Chapman

Tout commence lorsque la BBC commande une adaptation du roman The Marriage of Reason & Squalor, ou « le mariage de la raison et de la misère », que l’auteur décide de mettre en scène lui-même. Devant le résultat atypique, la production ne sait pas quoi faire d’un tel OVNI et décide de lui donner une chance en festivals pour créer une réputation à cet objet singulier. Après un premier passage au BIFFF, voilà seulement la deuxième présentation public du résultat pour la clôture de l’Etrange, qui aime bien s’accaparer de belles exclusivités, prestige oblige.
Et à en juger par l’ambiance mortifère dans la salle, l’intention avait beau être louable qu’elle n’a pas été reçue favorablement par le public et c’est tout à fait compréhensible tant cette relecture british, délurée et système D d’Alice au Pays des Merveilles agace plus vite qu’elle ne séduit. Si l’ensemble affirme sa bizarrerie constamment par une réalisation cheapos qui s’amuse à mettre en avant des effets décalés, comme un stock-shot de poulpe sous l’eau pour illustrer ce qu’un homme montre du doigt à sa femme quand les tourtereaux traversent une forêt en calèche (!), le tout ressemble plus à un film suédé qu’autre chose, et tombe dans la répétition. Sans parler du sens premier de l’histoire qui est grillé à des kilomètres pour peu qu’on passe sur son caractère assez vain, The Marriage of Reason & Squalor est l’un de ses films qui au bout d’un moment semble s’arrêter à plusieurs reprises avant de décevoir les espoirs du spectateur en relançant son intrigue à coup de fondus au noir bien lents. Dire qu’on en gardera un quelconque souvenir au final serait accorder trop d’importance à l’ensemble, surtout si on compte son nombre d’idées loufoques finalement assez pauvre, mais une chose est sûre : un an après le feu d’artifice Baahubali, cette édition 2016 de l’Etrange Festival aurait mérité meilleure clôture !

 

War On Everyone (2016) de John Michael McDonagh

Par Marc – Après l’excellent Calvary avec Brendan Gleeson, le réalisateur irlandais John Michael McDonagh revient au buddy movie, genre auquel il avait touché en 2011 avec L’Irlandais dans lequel Gleeson se partageait la vedette avec Don Cheadle.
Pour raconter l’histoire de son nouveau duo de flic, le metteur en scène déplace pour la première fois son action de l’autre côté de l’Atlantique et recrute Alexander Skarsgård (Tarzan) et Michael Peña (Ant-Man). Les deux comparses jouent des flics ripoux qui prennent de l’argent dès qu’ils peuvent, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent face à un vrai méchant, plus puissant qu’eux (Theo James, le beau gosse de Divergente).
Ca, c’est sur le papier. Dans la pratique, War on Everyone est un buddy movie sous acide où l’humour trash est omniprésent. Seulement, voilà, ça fonctionne dix minutes et puis on est vite saoulé, d’autant plus que McDonagh n’a pas grand chose à raconter. De là à penser que votre serviteur a piqué du nez pendant la séance il n’y a qu’un pas. Heureusement que Tessa Thompson (Creed) sauve un peu le truc grâce à son sourire.
Bref, c’était loin d’être joyeux et on ne peut qu’espérer que le réalisateur irlandais revienne à quelque chose de plus sobre, comme il l’avait fait avec Calvary.

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