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Étendre la Galaxie : Les Gardiens d’un Univers

Les Gardiens de la Galaxie ont envahi les salles françaises ce mercredi et peut-être l’avez vous déjà vu au moment où vous lisez ces lignes.

Ca tombe puisqu’après avoir évoqué l’origine des héros de science-fiction dans les comics et les premières publications des Gardiens de la Galaxie, Arkaron passe la main à Jean-Victor qui revient sur les Gardiens de papier post-2000. C’est dans ces pages-là qu’a puisé James Gunn pour son film avec Chris Pratt et sa bande.

Vous avez donc désormais de quoi prolonger le plaisir du film de Marvel Studios sur papier, que ça soit à travers des publications actuelles ou bien plus anciennes. Notez à ce sujet que Panini Comics publie notamment une intégrale 1969-1977 des Gardiens avec le travail de Steve Gerber ainsi que « Les Gardiens de la Galaxie : Héritage ».

 

Au milieu des années 2000, Marvel est en train de se refaire une beauté grâce aux multiples adaptations ciné de ses œuvres et un regain d’intérêt évident pour les comics même si les ventes sont loin d’atteindre les chiffres de la grande époque.

Comme la mode est aux cross-over et aux évènements qui touchent toutes les séries possibles (Civil War en tête), le scénariste Keith Giffen va être chargé de relancer les héros cosmiques de la maison aux idées au travers d’un cross-over un peu spécial puisque celui-ci ne va pas avoir des répercussions sur plusieurs séries existantes, mais va être au contraire l’occasion de les lancer. Après un prologue en mars 2006 et deux petites histoires sur Thanos & Drax le destructeur, voici donc qu’Annihilation débarque par 4 séries satellites, ou « ties-in » (Nova, Silver Surfer, Ronan & Super-Skrull), qui permettent au public de se familiariser à nouveau avec tout ce beau monde avant les réelles festivités dans la série principale qui arrive en août 2006 pour durer 6 épisodes. Il y aura une suite jusqu’en mai 2007 consacrée aux Hérauts de Galactus, ceux chargés de trouver des planètes à dévorer pour le colosse de l’espace.

Bien que la nouvelle série des Gardiens de la Galaxie arrive seulement en mai 2008, ses prémices et la nouvelle équipe artistique sont déjà là. D’une part avec ses prochains scénaristes Dan Abnett & Andy Lanning (un duo que l’on surnomme DnA) sur des séries parallèles, et de l’autre avec la présence de 4 futurs membres des Gardiens : Drax Le Destructeur, Gamora, Peter Quill alias Star-Lord et Quasar.

Suite à la destruction de la prison spatiale Kyln par l’armée d’Annihilus, un insectoïde qui déclare la guerre au cosmos entier, Drax accompagne Nova (un super policier spatial) à travers la Galaxie durant un temps avec à vrai dire une seule idée : tuer Thanos, qui s’est lié à Annihilus.

Gamora, elle, appartient à une force Kree exilée, et après s’être battu brièvement avec le leader Kree Ronan l’Accusateur, elle va se joindre à lui dans une bataille face à l’armée insectoïde, et va vite prendre part à cette guerre en s’alliant avec… Peter Quill ! Un soldat humain qui va être un des acteurs importants du cross-over, avec à l’époque des éléments cybernétiques greffés à son corps, lui donnant une apparence différente de celle que l’on connaîtra par la suite. Inconnue pour l’instant de l’univers cinématographique, Phyla-Vell est une héroïne qui va endosser assez tard dans Annihilation la puissance et le rôle de Quasar, un super héros dont les pouvoirs proviennent de bracelets de force quantique.

Outre l’introduction de ces quatre personnages, l’idée d’un cross-over et d’un conflit géant permet à Marvel de poser les bases d’un gigantesque univers, avec ses multiples planètes, ses clans et ses races, notamment les Krees et leur chef Ronan l’Accusateur aidé par Nebula, deux personnages importants dans le film de James Gunn. Le simple fait que 4 comic-books préparent le cross-over principal donne une réelle ampleur à une lutte si gigantesque qu’elle ravage des planètes entières. L’ambition affichée de l’univers cosmique et d’Annihilation, c’est d’emmener le lecteur à un niveau supérieur des aventures terrestres, dans un univers où les forces en présence sont colossales et les enjeux bien plus grands. Si la menace d’Annihilus peut paraître un peu ridicule (on parle tout de même d’un insecte humanoïde qui veut conquérir l’univers), la taille démesurée de son armée et de la menace qu’elle représente forment une raison tout à fait valable pour remuer autant de planètes et de personnages dans un environnement qui ne sera plus jamais le même désormais.

Heureux du succès d’Annihilation, l’éditeur Andy Schmidt va alors charger Andy Lanning & Dan Abnett de mettre en marche le prochain évènement cosmique Marvel. C’est donc sur un deuxième cross-over que continuent ces aventures spatiales : Annihilation Conquest. La formule éditoriale restera sensiblement la même, avec un prologue simple et 3 mini séries conjointes au cross-over principal. Nova a gagné son indépendance avec une série rien que pour lui, même si il reste un élément déterminant dans cette grande histoire. À vrai dire, Conquest est peut-être plus important encore que Annihilation pour la simple et bonne raison que le duo DnA va pousser encore plus loin l’exploration de cet univers pour finir d’en faire une véritable rampe de lancement aux héros concernés, notamment les gardiens. Prenant place tout de suite après la guerre d’Annihilus, ce nouveau cross-over voit Star-Lord se rendre sur la planète mère de l’Empire Kree nommée Hala pour solidifier leur sécurité et leur avenir. Manque de bol, leur système tout entier et leur armée de robots sentinelles va être contaminé par la Phalanx, une intelligence artificielle qui assimile technologie ET biologie, pliant donc n’importe qui/quoi à sa volonté.

Introduisant notamment Adam Warlock, c’est dans cette histoire qu’on voit la première apparition d’une équipe proche des Gardiens de la Galaxie. Porté pour mort après la prise de pouvoir de la Phalanx, Peter Quill est récupéré par la résistance Kree et emmené sur une planète encore extérieure au conflit. Débarrassé de ses implants cybernétiques (ce qui lui permettra d’arborer enfin le fameux casque qu’on lui connaît), il va être chargé de mener une équipe pour détruire le cœur technologique de la propagation Phalanx sur Hala. Parmi les recrues (dont la télépathe Mantis que l’on reverra plus tard), cette escouade comparée par Star-Lord aux Douze Salopards va aussi compter dans ses membres le raton laveur Rocket Raccoon et l’arbre vivant Groot !

Déjà à ce moment-là, Groot et Rocket sont bien mis en avant par les scénaristes durant leurs péripéties, leur caractère étrange donnant lieu à bon nombre de pages drôles et de situations décalées. Dans une mission suicide explosive, l’équipe farfelue et dysfonctionnelle dont ils font partie prouvera son importance dans le conflit, et sera l’un des piliers de la victoire difficile arrachée à la fin du cross-over.

Au terme de ces cross-overs successifs, qui auront donnés aux lecteurs coup sur coup deux énormes conflits intergalactiques avec énormément d’acteurs et de forces variées, Abnett & Lanning vont véritablement devenir les garants de l’univers spatial Marvel grâce à un contrat qui leur donne les clés de l’écurie cosmique pour les 3 prochaines années (on est alors en 2008).

Pour fidéliser le lecteur à certains personnages et toujours augmenter l’ampleur de leur univers, ils vont perpétuer la série Nova qui rencontre le plus large public et mettre en place une autre nouvelle série portant le nom de ses héros…

Parce qu’il ne veut surtout pas risquer une nouvelle guerre intergalactique, et pour contrer les failles spatiales causées par les évènements de Annihilation Conquest (la Phalanx avait réussi à isoler physiquement l’Empire Kree du reste du cosmos, ce qui n’est pas sans conséquences…), Peter Quill souhaitait l’existence d’une force d’élite chargée d’intervenir sur les plus gros dangers au plus vite.

Comme Richard Rider souhaite prendre son temps pour recomposer la police de l’espace Nova Force en choisissant scrupuleusement ses représentants, Quill n’a d’autre choix que de monter une équipe apriori improbable et qui va avoir fort à faire. Voilà les Gardiens de la Galaxie !

Star-Lord est donc aux commandes de cette nouvelle équipe, dans laquelle on trouve Rocket Raccoon, Groot, Drax le Destructeur, Gamora, mais aussi Warlock et Quasar sur le terrain.
Pour les aider, ils sont accompagnés d’assistants qui restent en arrière afin de les renseigner et de les aider à distance. Ce soutien est amené par Mantis, la télépathe avec laquelle Quill a collaboré dans sa troupe d’intervention Kree lors d’Annihilation Conquest, mais aussi Cosmo, un chien russe en combinaison de cosmonaute avec des pouvoirs télépathiques et télé-kinésiques.

Inspiration centrale pour l’adaptation cinématographique, cette nouvelle série n’en comporte pas moins de nombreuses différences outre sa composition plus grande. L’une des plus notables concerne leur quartier général : les Gardiens ont ici comme base « Nulle-Part », une gigantesque tête coupée appartenant autrefois à un être céleste, qui dérive dans un carrefour inter-dimensionnel permettant aux Gardiens de se téléporter où ils veulent dans la Galaxie en un rien de temps.

Cette nouvelle série va bien sûr amener son lot de nouveautés et de menaces propres aux Gardiens, notamment l’Eglise Universelle de la Vérité, une super secte stellaire qui tire sa force de la croyance de ses fidèles. Pourtant, l’univers cosmique va rester passionnant et foisonnant grâce à la totalité de ses séries.

Contrairement à la plupart des titres Marvel se déroulant sur terre, l’étendue des aventures cosmiques va être écrite ou, au pire, consciencieusement supervisée par Abnett & Lanning. Ce seront eux qui tout du long écriront les séries Nova et Gardiens, mais aussi les autres évènements majeurs. Car l’univers cosmique a beau avoir soudainement deux séries pérennes, elles n’en restent pas moins des pions dans un gigantesque plan en gestation permanente.

À peine Nova et les Gardiens sortent-ils de Conquest qu’ils vont faire rapidement face au cross-over terrestre d’alors, j’ai nommé Secret Invasion et son invasion d’aliens métamorphes Skrulls. Bien que cela ne constitue qu’une petite enquête sur quelques numéros pour les Gardiens, les répercussions de cette histoire vont vite se faire ressentir à l’échelle cosmique.

Il y a fort longtemps, les Krees tentèrent d’accélérer l’évolution de leur race pour créer une nouvelle arme. De cette expérimentation vont naître les Inhumains, dont le chef Flèche Noire a été remplacé par un skrull comme tant d’autres héros pendant Secret Invasion. À son retour, il va officialiser le mariage entre sa fille Crystal et Ronan l’Accusateur, et prendre le pouvoir de l’Empire Kree par la même occasion. Sauf qu’au même moment, l’Empire Shi’Ar, qui restait dans l’ombre depuis le tout début (après tout, la galaxie c’est très grand…), va refaire surface et rentrer en guerre contre les Kree. Un gigantesque conflit démarre, et avec lui un nouveau cross-over, le plus grand que connaîtra l’univers cosmique dirigé par DnA : War of Kings.

Pas besoin de préciser que les Gardiens prendront part de bien des manières à ce conflit, tout comme Nova, accompagné de mini-séries dédiées à certains X-Men (Vulcan le chef Shi’ar appartient à la famille Summers, ayant notamment pour frères Havok & Cyclope…) ou encore au héros Darkhawk. L’univers cosmique compte alors plus de clans et de noms que jamais, et c’est cette richesse et une grande cohérence qui font sa force.

Il faut bien comprendre que c’est parce que cette histoire se déroule sur une échelle aussi vaste, qu’autant de héros y sont liés et que chaque action peut avoir une conséquence pour tous que nous avions alors à faire à l’une des meilleures productions offertes par Marvel ces 20 dernières années. On est bien loin de la gratuité de certains cross-over terrestres, dans lesquels certains personnages font une apparition forcée pour souligner le caractère universel de l’évènement même si tout ça appartient à un plan marketing dont certains auteurs se seraient bien passés.

Si les Gardiens sont devenus aussi célèbres, c’est parce qu’ils représentaient une formidable série d’aventure, aux personnages excentriques, bizarres et pourtant extrêmement courageux et attachants, au sein de conflits démentiels par la violence et les conséquences qui en découlaient. War of Kings était le cœur de ce gigantesque space opera super héroïque, et fût suivi par Realm of Kings, un cross over plus modeste qui gérait les conséquences du conflit, avant d’en remettre une ultime couche dans The Thanos Imperative, l’évènement final de la période Abnett & Lanning, celui avec lequel les séries Gardiens et Nova s’arrêtaient sur une note héroïque. Les scénaristes finirent sur une mini-série appelée Annihilators, bien moins intéressante que leurs précédents travaux, sorte de conclusion hâtive et forcée par la fin de leur contrat avec Marvel qui désirait déjà rebooter tout ce beau monde pour toucher de nouveaux lecteurs.

Parce que DnA tenaient les rênes d’un monde aussi vaste, comme personne d’autre ne peut le faire aujourd’hui dans l’industrie des comics mainstream, ils ont eu l’occasion de raconter leur histoire de bout en bout et ont pu se permettre tous les rebondissements désirés. Sortant de la nécessité éditoriale selon laquelle un personnage ne meurt jamais par exemple, ou le sacro-saint status-quo ne doit sous aucun prétexte être dérangé, ils ont menés leur fresque jusqu’au bout, vers des sommets épiques comme rarement Marvel en a connu. C’est notamment ce qui faisait la qualité de la série des Gardiens : elle était drôle, palpitante et débordait d’idées, mais chaque adversaire, chaque difficulté et tout bonnement chaque action était connectée à une mosaïque plus vaste, comme pour les autres acteurs de ce monde cosmique. En cela, la lecture seule des Gardiens de la Galaxie constitue un manque, comme si vous ne voyiez qu’une partie d’un immense tableau.

Même si Panini Comics réédite ce mois-ci en édition Deluxe les premiers numéros de la série, on ne saurait que trop vous conseiller de vous procurer d’abord Annihilation et Annihilation Conquest (chaque cross-over et leurs mini séries ont étés chacun compilés dans deux tomes Deluxe en France), et de lire parallèlement aux gardiens les aventures de Nova et les cross-over qui vont avec. C’est seulement dans ces conditions que vous pourrez prendre pleinement conscience de l’étendue de cette formidable histoire qui mêle habilement super héros, fantastique et science-fiction, avec un travail scénaristique proprement grandiose.

Enfin, un dernier mot sur ce qu’il est advenu depuis des Gardiens de la Galaxie sur papier. Comme vous le savez peut être, Marvel a pris exemple sur DC Comics en relançant petit à petit ses séries pour toucher un nouveau lectorat. De cette mouvance appelée Marvel Now sont nées de nouvelles séries Nova et Gardiens de la Galaxie, scénarisées entre autre par Jeph Loeb & Brian Michael Bendis. Très éloignées dans l’ambition et l’envergure de leurs prédécesseurs, ces séries cherchaient avant tout à populariser les héros en surfant sur l’adaptation ciné dans des aventures vues et revues sans grande originalité, qui ont en plus homogénéisés les personnages et les ont ramenés à des histoires plus terrestres. Au sens littéral, puisqu’on peut y voir Iron Man faire partie de l’équipe ! A des années lumières de ceux écrits par Dan Abnett & Andy Lanning, ces nouveaux titres n’ont que peu d’intérêt et possèdent le niveau qualitatif assez médiocre de n’importe quelle série Marvel gérée par des scénaristes et dessinateurs débordés. À éviter donc.

Même si on ne sait pas encore ce qu’ils valent, Marvel profite également de l’arrivée du film pour proposer une vague de nouveaux titres tournant autour des Gardiens de la Galaxie. Outre un prologue au film disponible en ce moment en France en kiosque, par ailleurs scénarisé par Abnett & Lanning qui semblent avoir étés un peu consultés sur le long métrage, nous aurons donc bientôt droit à Legendary Star-lord, qui jouera sans doute sur le caractère casse-cou un peu débile du héros au cinéma, alors même que sa version papier avait un humour pince sans rire qui n’enlevait rien au sérieux et à la détermination sans faille du personnage. Dans un autre registre, Rocket Raccoon va aussi avoir le droit à son nom en grand sur une couverture. Ça sera écrit et dessiné par l’excellent Skottie Young, déjà responsable des très belles adaptations en comic-book des romans de Frank Baum sur l’univers d’Oz et son magicien.

S’il y a bien un titre à attendre de cette nouvelle vague, c’est celui-là.

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2 Comments

  • par cdag
    Posté jeudi 21 août 2014 11 h 22 min 0Likes

    Très bel article
    Merci beaucoup !

  • par Han Solo
    Posté dimanche 24 août 2014 15 h 00 min 0Likes

    C’est un peu beaucoup d’infos d’un seul coup. J’imagine que ce sera clair une fois tout cet univers acquis. Il y a du bon a ressortir des bonnes idées des vieux cartons. Et il est aussi bon d’avoir des experts pour nous conseiller. Guardians of the Galaxy a ouvert une porte. Il nous reste plus qu’à la franchir.

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