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Un Dimanche, Une Critique : Le Roi Lion

La sortie du blu-ray du Roi Lion ce 24 août dernier était un petit événement : le 32e classique d’animation des Studios Disney a de nombreux fans et, quand on connait le soin apporté par le studio à ses blu-ray, il était l’un des plus attendus.

Il nous semblait donc intéressant de consacrer Un Dimanche, Une Critique au film de Roger Allers et Rob Minkoff parce que le Roi Lion a ses fans mais aussi ses détracteurs. Si certaines pleurent devant la mort de Mufasa, se réjouissent des chansons entrainantes et des belles couleurs des paysages africains, d’autres y voient une erreur : l’histoire, se voulant originale, ne l’est pas vraiment, rappelant notamment Bambi mais aussi -et surtout- Le Roi Leo d’Osamu Tezuka sorti 30 ans plus tôt.

La critique de ce dimanche est donc un peu plus longue que d’habitude mais double : une pour et une contre. A vous de choisir votre camps.

 

Le Roi Lion – Sortie le 9 novembre 1994
Réalisé par Roger Allers, Rob Minkoff
Avec les voix originales de Matthew Broderick, James Earl Jones, Jeremy Irons
Le Roi Lion c’est l’histoire d’un destin : celui de Simba, jeune lionceau insouciant et turbulent qui doit succéder à son père Mufasa, le très respecté roi des hautes terres d’Afrique. Mais Simba va être poussé à l’exil par Scar, son oncle malveillant. Perdu et isolé des siens, le jeune lion va faire la connaissance de Timon et Pumbaa. Ces drôles de compagnons vont lui apprendre à voir la vie du bon côté grâce à une philosophie toute simple : «Hakuna Matata» ! L’héritier du trône va néanmoins devoir faire face à son destin et reprendre sa place dans le cycle de la vie.

 

 

CONTRE

Il en va des films Disney comme des séries télé et des parfums de glace : ceux que l’on a goûté dans notre enfance nous marquent à tout jamais et quoiqu’il arrive dans le futur, on trouve les suivants un cran en-dessous, à quelques rares exceptions près.
Je mets ça en préambule parce qu’avec ce qui va suivre, je pense que je vais en choquer plus d’un, surtout vu l’âge moyen des visiteurs de ce splendide site. Oui, parce que je vais dire du mal du Roi Lion. Pas que, hein, mais du mal quand même. Et ceci est sûrement dû en partie à ce que je vous disais en préambule : je n’ai pas vu ce film étant enfant (alors que vous oui, les jeunes) mais tout de même, je pense que mes arguments sont recevables, et après tout, si vous voulez réagir, vous pourrez vous lâcher dans les commentaires.

Parce qu’il y a une chose que je n’ai jamais comprise : le fait que l’on qualifie ce film de chef d’œuvre (cela ne vient pas seulement des fans, Disney itself appose ce qualificatif sur la jaquette de ses dvd). Certes, c’est un bon divertissement mais clairement, ça sent le réchauffé.

Premièrement, l’histoire. Je ne vais pas revenir sur la polémique mais faudrait quand même être hypocritement aveugle pour ne pas voir qu’elle est calquée sur celle de la série animée japonaise Léo, roi de la jungle d’Osamu Tezuka. Série que le public américain connaissait très bien (et donc les animateurs et producteurs du film aussi) puisqu’elle fut diffusée aux Etats-Unis durant les années 60. Et comme si cela ne suffisait pas, Disney a joué sur l’ambiguïté en appelant son héros Simba, un nom très proche de « Kimba » le nom du lion japonais dans la version américaine (puisque dans la version originale il s’appelle Léo, hein).
Alors évidemment, les amateurs du film vous diront que ça n’a rien à voir puisque le lion de Disney n’est pas blanc. Ah oui c’est vrai.
M’enfin, sans faire la liste des ressemblances visuelles et narratives (vous les trouverez sans problèmes sur internet) je terminerai par une anecdote racontée par l’acteur Matthew Broderick, la voix américaine de Simba : lorsqu’on lui a proposé de faire cette voix, il était persuadé qu’il s’agissait de l’adaptation du dessin animé avec un lion blanc qu’il regardait lorsqu’il était enfant. Apparemment, il n’y eut donc que lui, dans toute la production du film qui se souvint de ce dessin animé…

Oui car, lorsque des journalistes firent remarquer les ressemblances à Disney, le studio se défendit en parlant de coïncidences puis, plus tard, en arguant que les scénaristes s’étaient basés sur Hamlet. Bien sûr.

Mais au-delà de Tezuka, on a quand même un sentiment de déjà vu, surtout chez Disney : la scène de la mort du père rappelle fortement la mort de la mère dans Bambi (ou bien celle du père dans The champ, film de Franco Zefirelli), les deux comparses Timon et Pumba sont les nouveaux Baloo et Bagheera du Livre de la jungle, Scar le méchant est la fusion du prince Jean de Robin des bois (déjà un lion à l’époque) et de Jafar d’Aladdin… Les mauvaises langues parleront de « recyclage », de « répétition» ; les gentilles langues parleront de « synthèse », de « 50 ans d’animation digérées et redynamisées », je vous laisse seuls juges. Et puis j’en entends déjà certains qui me disent, « Bon oui, le film a quelques défauts, mais sinon, il est génial, non ? Non ?!»

Alors pour moi, non. Je reconnais la beauté plastique de l’œuvre et les deux scènes d’anthologie que sont l’ouverture et la charge des gnous mais rien que pour tout ce que je viens d’évoquer, le film ne peut pas mériter le titre de chef d’œuvre : il manque cruellement d’originalité.
Par-dessus ceci, j’en rajoute une couche car il appartient à l’ère Katzenberg des studios Disney, et clairement – pour en revenir à mon introduction – c’est une période de production qui ne me plaît pas du tout chez la firme aux oreilles rondes. Par quoi se caractérise-t-elle ?
Au hasard : des méchants qui ne font pas peur, des personnages secondaires censés être drôles mais qui ne le sont pas, des petits animaux mignono-énervo-rigolos et des ballets, beaucoup de ballets, TROP de ballets sur des chansons plus ou moins réussies (vous pouvez appliquer ces critères sur des films allant de La petite sirène à Tarzan, voire même Atlantide, l’empire perdu).

Donc ici, l’histoire se déroule et puis, tout d’un coup, les personnages s’arrêtent, chantent une chanson, dansent et le décor change autour d’eux, bref, on a des clips à l’intérieur du film ! (et je n’insiste pas sur cette splendide séquence où Simba, qui vient de quitter sa meute après avoir « tué » son père, se fait remonter le moral en une minute grâce à ces deux mots : Hakuna matata. Formidable.) Je ne remets pas en cause la qualité des chansons, chacun ses goûts, ni le visuel, ça fonctionne et c’est bien fait, mais d’un point de vue narratif, ça me dérange surtout pour un film. Le fait que Le roi lion soit ensuite devenu une comédie musicale théâtrale à succès est d’ailleurs révélateur : l’endroit s’y prête davantage.

Je passe aussi sur le manichéisme un peu appuyé du film pour conclure de manière un peu plus positive en disant que le film est bon, très joli, mais destiné à un jeune voire très jeune public. Pour les vieux au cœur de pierre comme moi, il a beaucoup moins de force et d’impact.

– Guillaume

 

 

POUR

A la sortie du Roi Lion, en 1994, j’avais 4 ans. A l’image de Toy Story (1995), le Roi Lion, que je place parmi les meilleurs Disney a marqué mon enfance et c’est avec un réel plaisir que je le vois à chaque fois. Je n’ai pas non plus grandi avec ce que certains appellent « l’âge d’or de Disney » et donc des chef d’œuvres comme la Belle au bois dormant ou la Belle et la Bête ont été découvert en VHS voir DVD. Mais ayant revu Aladdin (sorti d’ailleurs 2 ans avant) récemment que je plaçais dans le haut du panier, il s’est avéré que je l’ai trouvé bien pauvre à peu près sur tout et qu’il n’était pas plus glorieux que sa série animée. C’est donc avec une certaine crainte que je me suis réattaquer à la chose, avec cependant un regard complètement vierge puisque je n’ai jamais vu un seul épisode de la série de Tezuka.

Il serait vain de présenter l’histoire de Simba tant elle est gravé dans notre mémoire. Bien sûr, il est évident que les scénaristes Woolverton, Roberts et Mecchi n’ont pas inventé la pluie tant l’histoire à déjà été vu des centaines de fois auparavant et sous toutes ses formes (et il serait bête de dire le contraire puisque soyons honnête, l’originalité n’est pas le maître mot du long métrage), le côté très Shakespearien étant d’ailleurs inspiré de Hamlet. Mais les thèmes évoqués aussi bien ceux de l’écrivain anglais que ceux développés par la firme de Mickey ne nous paraitront pas inconnus. Cependant, il est important de se rappeler les Disneys antécédents. La Belle au bois dormant et ses amies princesses n’ont en soit pas un scénario beaucoup plus novateur, au contraire. Mais ce que certains appellent une faiblesse, ici, c’est plutôt une force. A l’inverse de Robin des Bois, où les personnages certes animaux étaient représentés en humain, ici, nous sommes face à de véritables prédateurs.
Et cette omni-connaissance du sujet et des thèmes nous permet alors quelque chose que Pixar a réussi plus tard avec Cars : nous identifier à des personnages qui, à part la parole, n’ont pas grand chose en commun avec nous. Ainsi donc, ce ne sera pas seulement le père de Simba qui meurt mais également un peu le nôtre, tant cette identification est accentuée par les personnages.

Le lionceau est l’incarnation même de l’espièglerie et de la curiosité que nous avons tous connu et Mufasa est l’image du père bienveillant et du chef de tribu (et donc par extension de famille) parfait. Scar quant à lui y incarne aussi bien l’antithèse de Simba que de son père et n’est pas non plus sans rappeler le personnage de Maléfique. On aurait cependant apprécié un soin plus particulier aux personnages secondaires, car à part Zazu,aussi bien les hyènes que Timon et Pumbaa manquent d’un réel enjeux, mais ils n’en feront pas moins rire aussi bien les petits que les grands.

Alors qu’aussi bien l’animation que le design (hormis le Génie) et les décors d’Aladdin sont de bien piètres qualités, ici c’est un véritable florilège visuel. La séquence d’ouverture se révèle d’ailleurs d’anthologie puisque c’est un véritable mélange de couleurs sur tous les plans, un feu d’artifice pour la rétine. Les animateurs sont allés observer les animaux dans la savane africaine et une chose est sûr, le rendu est simplement impressionnant. Les arrières plans n’atteignent peut être pas la perfection d’un Bambi, ils restent tout de même énormément soignés. Mais surtout, et cela se remarque d’autant plus sur le Blu Ray, c’est le détail de l’animation assez hallucinante. Chaque articulation a été étudiée avec minutie et c’est d’autant plus flagrant sur le Blu Ray. Ainsi que ce soit la crinière de Mufasa mais aussi et surtout le mouvement d’omoplate sont d’une justesse et d’une beauté incroyable.

Un mot final sur le Blu Ray : la 3D n’apporte malheureusement pas grand chose si ce n’est sur certaines scènes. Mais le travail effectué est simplement hallucinant tant la profondeur va dans les moindres détails. Et comme d’habitude, la firme aux grandes oreilles a fait un travail exceptionnel sur la remasterisation. Il est évident que le Roi Lion n’atteint pas la perfection des chefs d’œuvre antérieur de Disney. Mais son histoire, ses thèmes, ses personnages en font qu’on peut le placer à coté des plus grands, et il se révèle probablement le meilleur depuis la Belle et la Bête et également jusqu’à Tarzan. En plus d’être un excellent divertissement, dosant parfaitement humour, émotion, amour et aventure, Le Roi Lion est une histoire intemporelle qui ravit encore toujours aussi bien les petits que les grands. Un Grand Classique oui, un chef d’oeuvre aussi. Moindre, mais tout de même.

– Alex

 

 

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