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Un Dimanche, Une Critique : Lascars

Pour fêter le Festival d’Angoulême, Guillaume a choisi de parler une nouvelle fois d’animation après ses critiques d’Horus ou encore d’Amer Béton. En ce dimanche, il consacre sa prose à un film d’animation français sorti l’année dernière et très très drôle : Les Lascars.

Lascars – Sortie le 17 juin 2009
Réalisé par Albert Pereira-Lazaro et Emmanuel Klotz
Avec les voix de Vincent Cassel, Izm, Omar et Fred, Diane Kruger, Hafid Benhamar et Frédérique Bel.
Juste avant leur départ pour Santo Rico, Tony Merguez et José Frelate apprennent que l’agence de voyage les a arnaqués et se retrouvent bloqués à Condé-sur-Ginette pour l’été.
Pour refaire surface, Tony tente de refourguer un peu d’herbe « prêtée » par Zoran, la brute épaisse du quartier. José, de son côté, joue les Dom Juan dans une grande villa occupée par la belle Clémence. Tout aurait pu rouler, si une maîtresse en furie, un sauna norvégien, un cinéaste incompris ou encore un juge coriace n’en avaient décidé autrement…

 

Bon alors, je vous la fais simple : ce film est drôle.
Et j’en rajoute une couche : ce film est intelligent.

Comme j’aurais du mal à vous expliquer « pourquoi c’est drôle » (je suis certes un maître de l’humour mais ce domaine reste subjectif), je vais essayer de vous dire en quoi il est intelligent.

Dans le propos, tout d’abord : dans le cinéma français actuel, faire une histoire qui se passe en banlieue, il faut premièrement en avoir l’audace (le courage ?) si en plus cette histoire est une comédie, on monte d’un cran et si, par-dessus tout ça, on évite les écueils, les clichés et le manichéisme à deux balles, je dis : balèze.
Car tout est là : Oui, c’est un film français mais non, ça n’est pas un film historique, ça ne se passe pas à Paris ou sur la côte d’Azur ou dans un lycée ou dans une administration ou chez des bourgeois/désoeuvrés/quadras/trentenaires/ados/femmes à la recherche de l’amour/du bonheur/de l’alcool avec des lourds secrets enfouis et des parents castrateurs (rayez les mentions inutiles).
Oui c’est la banlieue mais non ça n’est pas un film d’action avec des mecs qui sautent sur les toits ou des voitures qui explosent.
Oui il y a des flics et des voyous mais les uns ne sont pas des ripoux et les autres des héros « trop cools ».

Lascars est un film réaliste.
Réaliste dans le sens où il montre des personnages qui sont TOUS, à un moment ou à un autre dans le film, dans une situation ridicule : lascars, voyous, bourgeois, policiers, hommes, femmes…. « Tout le monde en prend pour son grade » dit une des actrices de doublage.
Il n’y a aucun manichéisme dans le film et les caricatures ne sont pas tellement exagérées (en tout cas, elles ne sont certainement pas cruelles).

Et au-delà de ça, le film n’excuse rien, il ne montre que des causes et des effets logiques et justes : des flics « secouent » deux gars de la cité un peu fortement, ben oui mais ces deux crétins jouaient aux caïds dans un aéroport, Tony a de gros soucis avec les mafieux du quartier, ben oui mais c’est LUI qui est allé les solliciter !

Bref, on rit plus aux dépends des héros qui déconnent que contre une quelconque autorité, plus ou moins abusive, ce qui aurait été bien plus facile, même pour un film d’animation.

Ah oui, parce que je ne vous l’avais pas dit mais Lascars est un film d’animation. Pesez bien tous ces mots : un film d’animation français intelligent (que demande le peuple ?),

Et ça continue, au niveau de l’animation, l’intelligence transparaît dans la fabrication du film.

D’abord, visuellement, le film rend hommage à toutes les cultures urbaines : design des personnages, décors, textures, typographie… on retrouve le foisonnement des graffitis, des fresques, des logos, du streetwear, etc. tous ces signes qui montrent que les banlieues sont aussi des lieux de création (exemple phare : l’excellent générique d’ouverture réalisé en flash par faute de temps et de moyens mais qui se trouve être une brillante démonstration de graphisme).

Ensuite, pour revenir à la « fabrication intelligente », l’équipe de production a eu la très bonne idée d’enregistrer les voix avant la mise en chantier de l’animation. Rien de nouveau sous le soleil des cellulos, je sais, mais ici, le casting des voix (Vincent Cassel, IZM, Omar et Fred, Dominique Bel) est diablement efficace et inspiré.

Les comédiens ont donc pu se lâcher complètement, rajoutant quelques répliques par ci par là, n’étant absolument pas contraints pas des séquences déjà réalisées. Et à l’inverse, les animateurs ont pu coller la gestuelle des personnages au plus près des intonations des acteurs. Le résultat est juste impeccable.

Je vous passe les détails sur les incrustations 2D/3D, sur les mappages des décors, mais c’est largement du niveau des productions internationales (et je suis sérieux).

La mise en scène est claire, fluide, dynamique et il n’y a aucun temps mort (lorsque j’ai revu le film en dvd pour cette critique, j’ai même été surpris par sa courte durée, au cinéma, ça paraissait plus long !).

La B.O. tient une place très importante dans le film (surtout au début et à la fin) et elle est très bien dosée. Évidemment, il y a beaucoup de morceaux de rap, mais rien de trop hardcore et que de la qualité, en gros, même les non amateurs et les filles apprécieront (à noter, sur le CD de la bande originale, on trouve 5 ou 6 titres non utilisés dans le film mais qui font un peu plus découvrir le rap français).

Voilà.

Maintenant, si mon petit laïus t’a gonflé (oui, je te tutoie, oui) et que t’as sauté des lignes, n’oublie pas ce que je t’ai dit en premier : ce film est drôle.

Et vu que j’aimerais bien que tu en prennes plein la poire, je ne te spoilerai aucune réplique ou aucune situation de malade mais franchement, FRANCHEMENT, c’est drôle.

Donc si tu veux ENFIN voir un film sur la banlieue sans misérabilisme ou morale ou donnage de leçon, rempli de gags, de répliques tac-tac de la mort qui tue et de filles les plus biyatch que t’aies jamais vues (ah oui, j’avais oublié d’en parler, tiens) ben, vas-y fonce mon gars, tu ne le regretteras pas.

– Yomgui. (street credibility n°1)

PS : et pour compléter cette critique, il faut rappeler qu’au départ, LASCARS est une série animée (2 saisons) d’épisodes très courts (diffusés sur canal +) et qu’une série live est actuellement en préparation.

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5 Comments

  • par Arkaron
    Posté dimanche 31 janvier 2010 10 h 04 min 0Likes

    Ta chronique donne bien envie de voir ça, tiens. Je tenterai l’expérience.

  • par Bew
    Posté dimanche 31 janvier 2010 10 h 19 min 0Likes

    J’aime cette critique, elle rend honneur à ce flim que je suis allé voir au ciné l’été dernier et où je me suis bien tapé des barres de A à Z, faudrait que je le revoie :P

  • par Dark-movie
    Posté dimanche 31 janvier 2010 19 h 00 min 0Likes

    Je l’ai vu à sa sortie et tous le monde dans la salle (moi y compris) étions mort de rire du début à la fin… Je l’ai revu depuis qu’il est sortie en dvd… Ben ça n’a rien changé, même en l’ayant déjà vu on ne peut pas s’empêcher de rire tellement les situations sont absurdes, incroyables, invraisemblables… ENORMISIMES ! Je le conseille à… Ben à tout le monde, que vous soyez une racaille désabusée ou un coincé du cul dépareillé, ça va vous plaire !

  • par Misutsu
    Posté dimanche 31 janvier 2010 21 h 03 min 0Likes

    Au ciné j’ai trouvé le film un brin laborieux à mi-chemin, mais c’est un détail, car c’est une pépite ! Et ça fait d’autant plus plaisir qu’il n’était pas évident d’étirer un programme de quelques minutes sur 1h30 !

    Woo wooo wooooooooOOOOOO

  • par Hellboy
    Posté dimanche 31 janvier 2010 21 h 16 min 0Likes

    Merci pour vos commentaires !
    Je pense la même chose que Dark movies et je conseille aussi de regarder les bonus du dvd qui montrent bien le boulot de l’équipe technique mais aussi la bonne ambiance générale qui a entouré ce film (une ambiance très communicative).

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