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Un Dimanche, Une Critique : Chantons sous la Pluie

Deuxième volet de ce best of consacré aux désormais célèbres critiques du dimanche qui vous permettent depuis si longtemps de (re)découvrir des films sortis il y a plus ou moins longtemps.

Ce billet étant mis en ligne automatiquement grâce à la magie d’Internet, difficile de prédire le temps qu’il fera ce 7 août mais je ne peux qu’espérer qu’il ne sera pas comme celui du film dont on va parler.

Ce 2e numéro du best of de Un Dimanche, Une Critique est en effet consacré à Chantons sous la Pluie.

 

Chantons Sous La Pluie (Singin’ In The Rain) – sorti en septembre 1953
Réalisé par Gene Kelly et Stanley Donen
Avec Gene Kelly, Donald O’Connor et Debbie Reynolds
Don Lockwood et Linda Lamont sont les vedettes les plus adulées du studio Monumental Pictures. Chacun de leur film est un événement. Seulement voilà: Warner s’essaie au premier film parlant, et la donne change. Comment faire alors, quand l’actrice principale est incapable de s’adapter?

Difficile, quand il s’agit du genre des comédies musicales, de ne pas penser à Singin’ In The Rain. À vrai dire, j’aurais probablement du mal à en parler comme d’un autre film, tant ma mâchoire balaye inlassablement le plancher à chaque visionnage. Peut-être serait-il plus légitime, donc, de me contenter de vous expliquer pourquoi ce film est parmi mes préférés.

Avant de voir Chantons Sous La Pluie, le genre des comédies musicales me paraissait désuet, peu crédible et souvent ridicule. À l’exception du Rocky Horror Picture Show, je n’en avais d’ailleurs jamais vu de très excitantes. Puis vint la révélation.

La révélation qu’autrefois, être acteur dans une comédie musicale impliquait de multiples talents forçant le respect. Ce n’est d’ailleurs pas Pierce Brosnan qui viendra chanter ABBA pour me contredire.

Avant de faire l’éloge méritée des numéros de claquettes et autres chants offerts par Gene Kelly, Donald O’Connor et les autres, peut-être pourrais-je attirer votre attention sur le personnage principal, Don Lockwood, qui je pense est en grande partie la raison du succès du film. En effet, Lockwood est le héros parfait. Oui, oui, parfait, l’homme que tout homme voudrait être, et qui réalise les plus grands fantasmes romantiques de tous les temps (il est bien connu que les hommes sont en réalité plus romantiques que les femmes). Voyez vous-même: Don Lockwood est un sex-symbol, vedette de cinéma, et son dernier film lui fait jouer les héros romanesques dans une aventure de cape et d’épée où il vainc les méchants et conquiert la belle. De plus, il n’a peur de rien, et se permet des folies que nul autre n’oserait: il monte sur le toit d’un tram en plein centre-ville pour échapper à une horde de groupies, et saute les yeux fermés dans la voiture d’une jeune femme. C’est alors qu’il tombe amoureux, évidemment.

Cependant, pas question d’illustrer une triviale romance, non, Don Lockwood ne se contente pas d’inviter sa belle au KFC (qu’il paierait avec les tickets resto de sa mère) puis de l’emmener voir Transformers 2 (grâce à des places gagnées sur CloneWeb) pour lui déclarer sa flamme. À la place, il l’entraîne dans un décor de cinéma, sur une scène, au gré des effets du vent(ilateur) et de l’atmosphère exceptionnelle de l’endroit. À cet instant, ils ne partagent plus une aile de poulet grillée ou ne contemplent pas des testicules robotiques, non, à cet instant, ils chantent et dansent leur amour et deviennent les maîtres de leur univers. J’sais pas vous, mais moi, j’trouve que ça a quand même plus de gueule. Bref. Il s’arrête pas là le bougre! Car pour sacraliser son amour et l’inscrire à jamais dans le firmament des moments-clés du cinéma, Don prend au pied de la lettre la chanson d’Arthur Freed et Nacio Herb Brown et chante sous la pluie, avec joie, passion et énergie. Cette simple idée transcende les frontières pour atteindre tous les spectateurs, de l’enfant qui saute dans la flaque, un sourire aux lèvres, à l’homme amoureux qui veut crier de tout son être combien il aime sa dulcinée, jusqu’au lycéen de sortie chaque samedi soir pluvieux, sans parapluie mais avec trois degrés dans l’sang. C’est pour ça que j’aime cette séquence au delà de toute raison, parce que chaque partie de moi (l’enfant, l’ado, le jeune adulte) s’y retrouve, et je ne doute pas que je m’y retrouverai toujours dans 40 ans.

Une autre force du film est de faire une critique débridée mais pas nécessairement acerbe du star-system qui a la main mise sur Hollywood. Dès la scène d’ouverture, le ton est donné: la façade lisse et romancée du récit que nous fait Don Lockwood s’écroule sans résistance sous la force et l’authenticité du témoignage réel qui est offert au spectateur par le biais d’une dissociation point de vue/point d’écoute, non seulement hilarante mais également pertinente. À partir de ce moment, le spectateur est donc dans la confidence des personnages, et sait que le film embrasse de son plein gré son statut d’objet fictif et manufacturé. Dès lors, tout y passe: le défi à l’égo des vedettes du cinéma, leurs caprices tournés en ridicule, la désacralisation des «fausses stars» et la révélation des véritables talents. Pourtant, Singin In The Rain n’est pas un film qui moleste le monde du cinéma, au contraire, chaque chorégraphie fait transparaitre un amour sans borne pour le spectacle et pour la mise en scène. Difficile aussi, de ne pas relever le choix de situer le film à la période charnière du passage au cinéma parlant, qui redéfinit le rapport de l’acteur face à son propre jeu: les producteurs comprennent alors que l’image (au sens propre comme au sens figuré) ne suffit plus.

J’ajouterai sans hésiter qu’il s’agit par ailleurs d’un des aspects les plus réussis du film: si la photo est plus qu’honorable, les variations dans l’utilisation des décors sont de grande qualité (“Gotta dance” en est le parfait exemple), et jamais répétitifs. Enfin, pour accompagner une mise en scène sans faille, les acteurs délivrent des chorégraphies tout bonnement renversantes, d’une beauté et d’une maîtrise sans égales. Je me permets de citer mes préférées:  »Moses supposes »,  »Make’em laugh », et  »Fit as a fiddle ».

En conclusion, je ne peux pas vous dire que Singin In the Rain est un chef d’œuvre, ni qu’il s’agit de la meilleure comédie musicale jusqu’à aujourd’hui. Je peux seulement vous conseiller de vous émerveiller, pour la première fois ou non, devant cet hymne au bonheur et la vie.

Allez, juste pour le plaisir:

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1 commentaire

  • par ludsidious
    Posté dimanche 7 août 2011 18 h 48 min 0Likes

    C’est marrant, je te rejoins pleinement sur ce film. Je ne suis pas particulièrement friand des comédies musicales, dans lesquelles les numéros chantés et dansés tombent souvent comme un cheveu sur la soupe, mais celle-ci est vraiment une merveille.
    Je la passe chaque année à mes CM2 et contrairement à ce à quoi on pourrait s’attendre de la part de gamins gavés de GI Joe et autre niaiseries (bon, je l’ai vu aussi !), ils adorent et en redemandent ! C’est même l’hilarité pendant le numéro extraordinaire « Make them laugh ».

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