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Un Dimanche, Une Critique : Certains l’aiment chaud

Toujours confortablement installé Outre Manche, l’ami Arkaron a quelques critiques de films pas encore sortis en France dans sa besace et vous parlera également dans les prochains jours du Festival du Film pour le Nouvel An Chinois de Dublin avec, là aussi, un peu d’avant-première.

Mais en ce gris dimanche de février, retour en 1959 pour évoquer un film culte mis en scène par Billy Wilder avec Tony Curtis, Jack Lemmon et Marilyn Monroe.
Un Dimanche, Une Critique de ce 6 février est consacré à Certains l’aiment Chaud.

 

 

Certains l’aiment chaud (Some like it hot) – sorti le 9 septembre 1959
Réalisé par Billy Wilder
Avec Tony Curtis, Jack Lemmon, Marilyn Monroe
Joe et Jerry sont deux musiciens fauchés qui tentent de s’en sortir. Après avoir été témoins d’un assassinant perpetré par la mafia, ils n’ont d’autre choix que se déguiser en femmes et partir en Floride avec un orchestre exclusivement féminin pour échapper à leurs poursuivants. Pendant leur voyage, ils rencontreront Sugar Kane, une sublime jeune femme qui pourrait bien mettre en péril leur stratagème…

 

Quand on commence à regarder Certains l’Aiment Chaud, on peut légitimement se demander si on est bien devant une comédie. Un groupe de gangsters dans un corbillard, bien vite suivis par une voiture de police, et voilà que le rythme est donné: un rythme effréné qui ne faiblira pas une seconde jusqu’au générique de fin. C’est ainsi dans le contexte particulier de la prohibition aux États-Unis que Wilder choisit de mettre en scène son film le plus mémorable, sans aucun doute l’une des toutes meilleures comédies romantiques, voire pour certains, l’un des tous meilleurs films.

Il faut dire que cette entreprise avait d’entrée de jeu un capital réussite immense: un réalisateur talentueux, un script d’une efficacité sans faille, et un trio d’acteurs qui n’avaient plus rien à prouver. Nos deux héros, Jack Lemmon et Tony Curtis, se voient embarqués dans une aventure pour le moins cocasse, et devront faire face à bon nombres de quiproquos tous plus embarrassants les uns que les autres. Ce pitch de départ se révèle être une matrice à one-liners phénoménale, qui ne laissera aucun répit au spectateur.

Cependant, la force comique du film n’est pas seulement due à sa formidable écriture, mais doit beaucoup aux prestations des deux hommes, monumentaux en travestis malgré eux, qui finissent par découvrir les bénéfices de leur situation. On aurait pu penser, à l’époque, qu’un acteur comme Curtis aurait trouvé en ce rôle un véritable défi, or non, car lui comme son partenaire s’en sortent à merveille, et parviennent à jouer sur plusieurs registres avec une aisance remarquable. Face à eux, une Marilyn Monroe en grande forme, qui apporte bien entendu un charme incomparable au film. Souvenons-nous à cette occasion de ses quelques performances musicales, et notamment l’inoubliable  »I wanna be loved by you », qui si elles marquent de courtes césures dans le rythme, n’en sont pas moins agréables.

Lorsqu’on a à faire à un tel film, qui est parvenu sans peine à traverser les décennies sans prendre une ride, on peut s’interroger sur les raisons de sa longévité au delà de ses indéniables qualités purement formelles. Inévitable source de fascination pour les spectateurs de tout âge: le choix de mettre en scène deux hommes déguisés en femmes durant la majeure partie du métrage. Ce simple fait permet d’appliquer nombre de grilles de lecture sur l’œuvre, sans la dénaturer ni la sur-interprétée. Encore une fois, cette capacité d’adaptation est due au travail des scénaristes, qui permettent une flexibilité d’extension du récit à plusieurs niveaux, que ce soit l’observation de la femme à la fin des années 1920 ou l’évocation de l’homosexualité. Ce point-ci est d’ailleurs brillamment traité, en cela que les rappels quasi-constants de l’hétérosexualité des deux protagonistes permettent une liberté d’expression plus subtile dans leurs interactions avec les autres personnages.

Ainsi, celui qui pensait tomber sous le charme de Sugar Kane se retrouve fiancé à un millionnaire, et pense même à aller jusqu’au bout, tandis que son ami à la tête froide se voit obligé de se travestir doublement afin de séduire l’héroïne. Ce jeu d’opposition entre les sexes, entre ceux qui se livrent totalement et ceux qui portent un masque pour échapper à leurs problèmes (les gangsters ou le fait d’être fauché, ici) est d’ailleurs mis en scène dans une brillante séquence qui alterne Tony Curtis et Marilyn Monroe dans l’intimité de la séduction, avec Jack Lemmon et Joe E. Brown dans la passion d’un tango endiablé. En résulte une hilarité sans précédent et l’une des meilleures scènes de comédie romantique de tous les temps.

Au delà de ceci ou de cela, Some Like It Hot, c’est aussi un brillant mélange entre les genres, qui garde une cohérence d’ensemble irréprochable en voyageant du film noir à la romance, en passant par la comédie et s’offrant même des intermèdes musicaux. Que le tout-Hollywood soit réuni pour cette grande aventure intimiste participe sans aucun doute au charme éternel d’un film éternel. Si vous aimez l’humour intelligent, si vous aimez les buddy-movies, les romances, ou les gangsters, si vous aimez la beauté de la reconstitution historique, ou si vous aimez le jazz, ou encore, soyons fous, si vous aimez le cinéma, faites-vous une faveur: regardez encore ou pour la première fois ce petit bijou. Vous ne le regretterez pas.

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