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Critique : Splice (màj)

Alors qu’une bande annonce vient tout juste de faire son apparition sur le net, Arkaron a vu Splice à l’Etrange Festival de Lyon.
Splice est un thriller de science-fiction déjà vu à Sitges avec notamment Adrien Brody. Et si on croit la critique qui suit, c’est une très grande réussite.
Pas de date de sortie précise mais Gaumont l’annonce pour août prochain.

Mise à jour : Depuis la diffusion du film à Lyon, Gaumont l’a planifié. Splice sortira dans les salles le 30 juin prochain. Pour l’occasion, Jean Victor est allé le voir en projection presse et complète donc la critique ci-dessous par son avis.
Le film, vraiment très très réussi, bénéficie également du très select label « CloneWeb Approved »

 

Splice – Sortie le 30 juin 2010
Réalisé par Vincenzo Natali
Avec Adrien Brody, Sarah Polley, Delphine Chaneac, David Hewlett
Célèbres pour avoir combiné de l’ADN en provenance de différentes espèces animales afin d’en créer de nouvelles, Clive et Elsa, deux jeunes scientifiques, décident d’outrepasser les limites légales et éthiques de leurs expériences en y adjoignant de l’ADN humain … A partir de là tout dérape.


Splice : bande annonce #2 VO
envoyé par cloneweb. – Court métrage, documentaire et bande annonce.

 

Avec un pareil synopsis, Splice ne promet pas grand chose d’original au premier abord. Expérimentations génétiques, confrontation de l’homme à son pouvoir créateur, perte de contrôle de son propre travail, tout ça a déjà été fait maintes fois en littérature et au cinéma (sans même parler des séries télévisées). Si ce n’est pas l’histoire, alors qu’y a-t-il de rassurant derrière Splice? Des noms.

Vincenzo Natali, petit génie de mise en scène, qui s’il donnait jusque là l’impression de ne s’intéresser qu’à des microcosmes isolés, dépasse ici largement les limites de son Cube. C’est pourtant bel et bien une poignée d’individus qui nous intéresse dans le film. Elsa et Clive (Polley et Brody, parfaits) bien sûr, mais aussi Dren, fruit d’une alliance entre composants génétiques, entre la volonté humaine de créer et ses limites naturelles infranchissables, innées, inséparables de la condition mortelle et séparatrices d’avec le divin. D’un concept usité, Natali (également co-scénariste) extrait et reformule des interrogations morales, mais aussi des névroses inhérentes à l’homme. Son traitement le plus remarquable, véritable tour de force d’écriture, est celui de ses personnages, car s’il ne s’affranchit pas des rouages classiques de la Hard SF, il propose une évolution de ses protagonistes tout à fait remarquable. Ainsi, après une première moitié qui définit les rapports de façon claire, tous les repères son inversés. Elsa, la mère qui a bravé l’autorité pour créer la vie révèle ses motivations véritables et se désespère de ne pas rester seule maître de la situation. Clive, le père par procuration qui ne voulait pas de cet être illégal et illégitime, devient son protecteur. Cependant, aucun de ces deux personnages n’est taillé de façon grossière, et chacun a sa part d’influence sur l’autre.

Ce qui peut dérouter, également, c’est que la seconde partie du film laisse une place croissante à Dren, le  »monstre », comme les hommes d’affaires l’appellent, qui devient quasiment le narrateur principal. Visuellement parlant, la créature est une vraie réussite en sa qualité d’hybride humain-animal qui séduit tout en évoquant une étrangeté qui met mal à l’aise. Une autre bonne idée de Natali est alors de développer l’empathie sur cet être pas comme les autres, paria innocent d’une guerre d’idées que se livrent les humains (Clive et Elsa face à la société pharmaceutique, mais aussi entre eux). En dessinant ce double rapport de force triangulaire, Vincenzo Natali parvient à garder un rythme soutenu tout au long de son métrage et se permet ainsi de faire stagner l’intrigue au profit des personnages.

Loin d’être en reste, l’histoire de Splice offre au spectateur de quoi occuper ses soirées de débats. Les nombreux thèmes abordés le sont assez intelligemment pour ne pas tomber dans la démagogie, cependant, les scénaristes ne se sont pas privés d’intégrer quelques pointes de cynisme tranchant de ci de là lors, par exemple, de cette scène mémorable où une convention, durant laquelle se joue l’avenir de la science, se termine en carnage, et d’enchaîner, sans transition, sur les mines décomposées et silencieuses des businessmen.

Son espace de travail est bien défini, et le réalisateur s’amuse de fait à donner des airs de huit clos à son univers. Du laboratoire étroit de la ville aux bois étriqués de la campagne, en passant par une maison isolée et dénudée (voir la chambre d’enfant d’Elsa), il ne libère son cadre qu’à de très rares moments eux-mêmes toujours sur le point de se refermer (Dren et ses parents sur le toit glissant de leur refuge). Même les quelques plans urbains restent remarquablement étroits, resserrés entre des tours d’acier immense que rien ne semble pouvoir dépasser. D’un point de vue technique, Natali donne l’impression d’être plus mature: les faiblesses narratives que l’on trouvait encore dans Nothing sont expulsées (baisses de rythme et répétitions dues à un étirement trop important d’un concept intéressant mais rigide), les personnages deviennent les moteurs du scénario et non l’inverse, comme c’était le cas dans Cypher, et l’esthétique trouve un parfait compromis en s’approchant avec prudence de son segment de Paris, je t’aime sans adopter sa photographie irréaliste.

Après 1h30 de développement malin et un acte final horrifique d’une virtuosité hallucinante, climax en apothéose d’une énergie qui s’est accumulée pendant tout le métrage et qui ne demandait qu’à être libérée, Natali donne le coup de grâce au spectateur persuadé d’avoir cerné tous les tenants et aboutissants de l’intrigue en élargissant sa problématique à une perspective d’une ampleur encore plus importante. Ça y est, se dit-on, tout peut (re)commencer, et on sort de la salle non seulement médusé, mais aussi convaincu que la science-fiction recèle encore bien des surprises.

– Arkaron

Après un District 9 qui avait mis à peu près tout le monde d’accord en 2009, le cinéma de science fiction indépendant se trouve avec Splice un nouvel étendard tant le film de Vincenzo Natali se pose comme une réussite incroyable.
Autant un film de monstres qu’un drame humain, aussi bien enchanteur qu’effrayant, le nouveau né du réalisateur de Cube transcende les genres et ose prendre le taureau par les cornes, en travaillant constamment au corps son concept et en l’amenant dans de nombreux terrains inconnus qui ne manqueront pas d’interloquer, d’étonner et surtout de vous fasciner.
Attention, futur film culte.

– Jean Victor

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6 Comments

  • par aterraki
    Posté mercredi 7 avril 2010 1 h 20 min 0Likes

    Trop trop envie de le voir ^^

  • par chandleyr
    Posté samedi 5 juin 2010 13 h 44 min 0Likes

    Le film est très bien mis en scène c’est un fait, mais il ne sait jamais vraiment sur quel pied danser. La fin pour moi n’est pas si virtuose que cela, elle a même un petit goût de déja vu 100 fois au travers de 1.000 séries tv fantastique ou juste x-files par exemple. Une série b honnête, mais qui ne mérite pas tout ce concert de louanges je trouve.

  • par Arkaron
    Posté lundi 14 juin 2010 16 h 10 min 0Likes

    Splice sort aisément de la série B en partie grâce à cette maîtrise de mise en scène que tu soulignes. Si quelques séries TV ont pu aborder similairement le sujet, aucune ne l’a fait avec autant d’envergure et de brio.

  • Trackback: Cinéma : Splice - Pingoo.com
  • par celine Laloue
    Posté mercredi 7 juillet 2010 15 h 48 min 0Likes

    je pense que je vais allé le voir…

  • par Olivier
    Posté dimanche 31 octobre 2010 10 h 20 min 0Likes

    Je viens de le voir en DVD -Splice est un bon film, c’est évident. Mais, s’il y a de bonnes séquences, il y a aussi du déjà vu, et je me suis surpris à m’ennuyer-justement parce que je voulais que par rapport à ce qu’il y a de bon, le film décolle.
    Par exemple, il n’est pas aussi passionnant que « La Mouche », qui est très condensé. Les effets spéciaux sur Deplhine Chanéac sont bluffants. L’existence de la créature pourrait donner une réflexion sur la démarche scientifique, mais là non plus ça ne décolle jamais vraiment. Comme chandleyr, je n’ai pas trouvé la fin extraordinaire.
    En fait j’ai apprécié la qualité du film, mais pourtant je n’ai pas accroché au style, qui aurait dû pallier au manque de surprises et de rebondissements.

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