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Critique : Tour de France

A 67 ans, Gérard Depardieu tourne toujours énormément. S’il a surtout été remarqué cette année pour sa prestation dans la série Marseille pour Netflix, il a également joué devant la caméra du duo Delépine/Kervern et incarnera prochainement Joseph Staline pour Fanny Ardant.

Il est désormais à l’affiche de Tour de France de Rachid Djaïdani, un film dont nous avions déjà parlé en juin dernier (voir ici – la critique qui suit ayant un point de vue un peu différent).

 

LA CRITIQUE

Tour de France, une nécessité. En jouant sur la corde émotionnelle avec humour il diffuse bons sentiments et espoir.

Far’Hook (Sadek) est un rappeur parisien influent sur les réseaux sociaux. Il est connu et surtout, reconnu dans la rue. Par humilité ou bien timidité, peu importe la raison, il refuse le jeu des photos et autres séances de selfies improvisées avec ses fans.
Un comportement qui déplaît à un jeune homme, « Sphynx ». Far’Hook lui refuse un selfie. S’en suit un clash, qui à premier abord semble anodin. Une lancée d’insultes parmi tant d’autres. Seulement, celle-ci signe l’arrêt de mort de Far’Hook. Sphynx, prétentieux, tenant à sa pseudo-fierté, refuse de se laisser ainsi « humilier » et tente de tuer notre tranquille rappeur.
Afin de se sauver la vie, une seule solution : s’en aller. Depuis Paris, la boule au ventre, le jeune homme retrouve Serge (Gérard Depardieu), le père de son producteur et ami, Bilal.
Far’Hook cherche à se faire oublier, Serge à se déplacer, ensemble, ils entament leur Tour de France. L’ultime étape, le but, est d’arriver jusqu’à Marseille. Là-bas devrait s’y dérouler un concert attendu et important pour le jeune rappeur. Serge, quant à lui, peint les ports français, sous fond de pèlerinage d’amour défunt.

Tour de France, c’est l’histoire d’une cohabitation entre un jeune rappeur « bronzé » et un vieux « blanc » raciste. Sur le papier, ceci semble cliché, on s’attend à de lourdes blagues, déjà écoutées en stand-up… et puis non. Tour de France est poétique. Touché tant par la grâce des acteurs, que par la composition musicale (par Animalsons, nous y reviendrons), par la beauté des décors, la bonté du scénario. A la fois surprenant et réconfortant.

Le jeu d’acteur de Gérard Depardieu est bluffant, comme toujours, comme à chaque fois. Son physique imposant, ses grands yeux épris d’émotions palpables à travers l’écran. L’évolution de son personnage se fait lentement, elle est suivie avec autant d’agacement que de bienveillance par Far’Hook, personnage joué par Sadek. Sadek, dont la première fois sur grand écran est plus qu’une réussite. Il est lui aussi grand, intimidant, mais son air torturé et attendri, sa voix grave et teintée d’autant de mélancolie que de détermination, font de lui un personnage attachant et impressionnant.

Que ceux qui ne connaissent pas, peu, ou mal le rap soient ici confortés dans l’idée qu’ils loupent quelque chose. Une sorte de poésie urbaine, limpide et qui claque. Qui résonne. Qui provoque. Qui tire les larmes, puis un sourire. La composition musicale d’Animalsons (Clément Dumoulin) fait entièrement partie du film. Elle a son propre rôle. Celui d’apaiser comme de mettre en lumière des sentiments bien sombres, qui, malheureusement régissent la France d’aujourd’hui.

Des scènes grandioses à l’instar de celle où Gérard Depardieu et Sadek entonnent de leurs voix graves du Serge Lama. Rachid Djaïdani filme ce drôle de duo avec bienveillance et une jolie dose de sensibilité. C’est ainsi qu’il capture aussi la France, nous rappelant à quel point elle est belle.

Sadek, son regard, sa voix restent longtemps ancrés en tête une fois le film terminé. Coup de chance, il réapparaîtra sur grand écran dès l’année prochaine. Dans un thriller cette fois. Aux côtés de Vincent Cassel et Romain Duris. Une sacrée entrée dans le game cinématographique.

Tour de France est un film nécessaire, qui sort au cinéma dans une France plongée dans un état de méfiance. Cette association bienheureuse de deux hommes différents est d’utilité publique. Non seulement les différences créent, amour ou amitié, mais elles renforcent celui qui sait passer outre ces dernières. Après tout, la différence est ce qu’il y a de plus beau, puisqu’elle est inconnue. Et que l’inconnu est terriblement excitant.

Tour de France, de Rachid Djaïdani – Sortie le 16 novembre 2016

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