Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Critique : The Ryan Initiative

Ne vous fiez pas forcément à son titre bizarre en « français », le Jack Ryan nouveau s’appelle Shadow Recruit de l’autre coté de l’Atlantique – ce qui est beaucoup plus parlant au vu de l’histoire.

Avec Kevin Costner dans un rôle similaire à celui tenu par James Earl Jones dans la première franchise mais aussi Kenneth Branagh dans le rôle du méchant de service et Keira Knightley.

Pour une origin story originale qui va tout naturellement conduire le héros de Tom Clancy en Russie.

 

Jack Ryan, avant d’être un héros de cinéma, est un personnage créé par Tom Clancy dont la première apparition remonte à 1984 dans A La Poursuite d’Octobre Rouge. 13 romans lui seront consacré dans lesquels le personnage évolue de simple analyste de la CIA à rien de moins que Président des Etats Unis.
Au cinéma, il aura d’abord les traits d’Alec Baldwin dans la brillante adaptation d’Octobre Rouge par John McTiernan et le rôle sera repris ensuite par Harrison Ford pour Jeux de Guerre et Danger Immédiat puis par Ben Affleck dans un premier reboot, La Somme de Toutes les Peurs.
Le personnage est y décrit comme un analyste pur, débordant d’intelligence mais bien plus à l’aise devant un ordinateur que sur le terrain. Marié et père de famille, il sauve le monde dans chacun des films mais ne « fait que son boulot ».

Vu la mode actuelle de reprendre de vieux héros plutôt que d’en créer de nouveaux, il fallait s’attendre à ce que Jack Ryan revienne un jour sur le devant de la scène histoire de venir concurrencer James Bond ou Jason Bourne. Cette fois, la nouvelle version a les traits de Chris Pine et bénéficie de la mise en scène de Kenneth Branagh. Pour un résultat divertissant un dimanche soir.

Cette nouvelle version a une particularité : elle n’est pas l’adaptation d’un roman. David Koepp aurait pu choisir d’adapter au hasard Red Rabbit pour démarrer ce reboot mais a préféré un scénario original reprenant des éléments de la jeunesse du personnage. On va donc suivre Jack Ryan, marine blessé suite à un accident d’hélicoptère et devant réapprendre à marcher (ce qui est donc évoqué dans les bouquins de Clancy et différemment dans le film de McT). Comme dans les bouquins, il va commencer sa carrière dans la finance et devenir un spécialiste de la Russie. La comparaison avec les écrits du romancier s’arrêtent à peu près là. D’autant plus que ce nouveau Ryan est un personnage très ancré dans son (notre) époque.

Kenneth Branagh choisit en effet d’ouvrir son film sur un tout jeune Ryan dans une école anglaise. A la télévision, il découvre que deux avions ont frappé les tours du World Trade Center. Nous sommes le 11 septembre 2001 et le monde tel qu’on le connaissait alors va changer à jamais. Marqué par ce qu’il vient de voir, Ryan fera le choix d’aller s’engager dans l’armée avant d’être recruté pour rejoindre la CIA. Exit donc le KGB et les vieux restes de la Guerre Froide, exit aussi les vieux terroristes poseurs de bombes. Le nouvel ennemi dans années 2010, c’est le monde de la finance et c’est lu qui emmènera la jeune recrue découvrir la Russie.
La modernité du personnage se traduit également par le rôle important de Keira Knightley, Cathy Ryan. Dans le McTiernan, on se contente d’un plan au début montrant l’épouse modèle à la maison quand le héros part au combat. Branagh, lui, préfère offrir à la comédienne un rôle important, d’avantage mise en avant et il use de ses charmes notamment dans une jolie scène de diner.

Et si c’est bien pour ses qualités d’analystes, utilisées dans la première partie du film, que Ryan est embauché, le second acte vire au film d’action un peu con. Une scène où Costner remet une arme à Chris Pine en lui disant qu’il est « désormais un opérationnel » est le point de pivot. Il fallait s’en douter, Paramount n’aurait pas pu se contenter d’un film autour d’un gratte papier, tout héros qu’il soit. The Ryan Initiative change donc de vitesse pour livrer un deuxième acte riche en fusillades et autres poursuites. Pine fait alors ce qu’on attend de lui, à savoir froisser de la tôle et distribuer des gifles, mais Kenneth Branagh a l’intelligence de trouver des manières de nous faire avaler la pilule : l’instinct de survie du héros et son désir de protection le poussent dans l’arène.
Le réalisateur, également très bon dans le rôle du méchant russe, livre un film bien réalisé, alternant jolis long plans circulaires et scènes beaucoup plus « cut ». Et malgré quelques grosses ficelles scénaristiques et une impression de déjà-vu entre La Mort dans la Peau et Une Journée en Enfer (décidément, John McTiernan n’est jamais loin), on prend un plaisir coupable à suivre ce qui avait commencé comme du Clancy pour se terminer en un « film de bagarre ».

Malgré son titre bizarre en « français », The Ryan Initiative est un divertissement honnête. On est loin de la puissance d’Octobre Rouge (mais qui peut rivaliser avec le duo McT + Sean Connery ?) mais le film nous en donne pour notre argent pendant deux heures. Les comédiens sont aussi à la hauteur que le réalisateur pour ce genre de produit et on s’amuse malgré les grosses ficelles de l’histoire. Reste maintenant à espérer que si le film se mue en franchise, la base du personnage ne soit pas perdue en route.

 

The Ryan Initiative – Sortie le 29 janvier 2014
Réalisé par Kenneth Branagh
Avec Chris Pine, Kevin Costner, Keira Knightley
Ancien Marine, Jack Ryan est un brillant analyste financier. Thomas Harper le recrute au sein de la CIA pour enquêter sur une organisation financière terroriste.
Cachant la nature de cette première mission à sa fiancée, Jack Ryan part à Moscou pour rencontrer l’homme d’affaires qu’il soupçonne d’être à la tête du complot.
Sur place, trahi et livré à lui-même, Ryan réalise qu’il ne peut plus faire confiance à personne. Pas même à ses proches.

Voir les commentairesFermer

Laisser un commentaire