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Critique : Quartet

Il n’a pas l’air quand on le voit comme ça mais Dustin Hoffman a 75 ans.

Le comédien doublement oscarisé pour Kramer contre Kramer et Rain Man a tourné avec les plus grands, de Sam Peckinpah à Steven Spielberg. Et pour la première fois, il prend tout le monde par surprise et passe derrière la caméra pour conter… une histoire de vieux, dans laquelle une tripotée d’acteurs ayant déjà passé le cap de la soixantaine incarnent d’anciens chanteurs et musiciens mis à la retraite dans la campagne anglaise.

C’est bien un terrain où on n’attendait pas forcément l’acteur des Hommes du Président…

 

L’année dernière, presque jour pour jour, on vous parlait de Indian Palace, une comédie anglaise de retraités faites par des retraités pour des retraités. Situant son intrigue dans un décor luxuriant en Inde histoire de maquiller ses histoires d’amour digne d’un soap opéra pour grabataires, le film réussissait à être tout de même sympathique en raison de son casting prestigieux, comprenant notamment Maggie Smith, que vous connaissez sûrement plus en tant que Professeur McGonagall dans Harry Potter. L’expérience lui a été visiblement extrêmement plaisante puisqu’elle remet le couvert devant la caméra de Dustin Hoffman.
Mais ne serions nous pas trop jeunes pour ces conneries?

Quartet partage bien des similitudes avec Indian Palace, et au delà de son actrice principale. Toutes les thématiques des deux films et leurs morales sont pour ainsi dire les mêmes. Il est donc question de 3 amis musiciens à la gloire passée qui vivent paisiblement dans une maison de retraite pensée autour de la musique et de ses pensionnaires artistes dans le domaine. Lorsque le gala de fin d’année approche, celui là même qui récoltera les fonds pour faire perdurer l’établissement, une nouvelle pensionnaire arrive, une ancienne star avec qui les 3 héros formaient un célèbre quatuor jadis, l’un d’eux ayant même été son amant, avant que la diva prenne ses aises et leur tourne le dos pour mieux embrasser la célébrité.
Pas besoin d’en dire plus pour voir en quoi les questions de rédemption, du pardon et des retrouvailles vont être au coeur du long-métrage du début à la fin. Au fond, Quartet ne parle que de ça et de sa morale « Il n’est jamais trop tard pour vivre ». Ces vieux amis vont devoir se rabibocher pour mieux repartir de l’avant, et reformer leur quatuor prestigieux afin d’apporter une tête d’affiche luxueuse pour leur gala. La réussite de l’évènement sous-tendant bien sûr la fin de leur existence…

Si le fond de Quartet s’avère être de simples histoires de rapports humains vieillissants, le film se devait, à l’instar d’Indian Palace avec son cadre exotique, de trouver un contexte et un petit plus afin de rendre la chose ludique et du moins divertissante, le film se rêvant en comédie sophistiquée. Cette petite touche de fantaisie vient de la fameuse maison de retraite accueillant uniquement des musiciens en fin de vie. Le film s’en inspire et s’en amuse tout du long, jouant sur l’effervescence musicale du lieu, tant au niveau de l’exercice de ces occupants que des activités qui leur sont proposées. Voir un parterre de vieux ténors découvrir les joies de la samba fait partie des quelques passages un peu « foufou » du film, le gros de l’humour se déroulant surtout dans le petit groupe central, et particulièrement le personnage joué par Billy Connolly, dont l’appétit sexuel et la galanterie sont toujours vigoureux pour son âge. Le petit choc des cultures entre la classe ambiante et ce discours plus cru fait certes son effet, mais le tout revendique son chic, son élégance et son amour du classique. La bande originale du film, qui vogue de Bach à Verdi en passant par Schubert, est là non seulement pour plonger d’emblée le spectateur dans l’atmosphère de cet endroit studieux, mais aussi pour lui faire savourer une fois de plus les divers opéras dont il est question. D’ailleurs, la meilleure scène du film reste à n’en pas douter la rencontre d’un des héros avec une classe d’étudiants en musique, et l’échange qui en sort sur les similitudes et différences entre l’Opéra et le Rap.
Ne vous attendez pas pour autant à un long-métrage basé principalement sur la question puisque Dustin Hoffman, en bon réalisateur pépère, accorde un traitement spécial à la scène la plus importante, aussi bien sur le plan musical qu’émotionnel : il ne la filme pas ! Sans vous en dire plus sur le contenu présumé de cette scène afin de préserver la « mauvaise » surprise, on se dit que le bonhomme ne se sentait pas de taille pour confronter ses acteurs à la chose, ou alors qu’il se concentrait simplement sur les relations entre ses personnages en usant juste la musique en toile de fond.
Reste que la manière de faire représente bien le film dans sa globalité : sympathique mais sage, bien trop sage et sans risque.

Quartet ne dépasse jamais son postulat de base et s’inscrit donc, avec une certaine fierté, dans cette catégorie de films s’adressant avant tout à un public âgé. Ca sentirait presque la naphtaline tout plein si les comédiens ne s’amusaient pas autant à l’écran et si le long métrage de Dustin Hoffman ne s’enveloppait pas dans de tels chefs d’oeuvres musicaux. Le résultat n’en demeure pas moins un peu trop gentillet, et ce qu’importe l’âge.

 

Quartet – Sortie le 3 avril 2013
Réalisé par Dustin Hoffman
Avec Maggie Smith, Tom Courtenay, Billy Connolly
À Beecham House, paisible pension au cœur de la campagne anglaise qui accueille des musiciens et chanteurs d’opéra à la retraite, le bruit court qu’une nouvelle pensionnaire arriverait sous peu. Et ce serait une diva ! Pour Reginald, Wilfred et Cissy, le choc est grand lorsqu’ils voient débarquer l’impétueuse Jean Horton, avec laquelle ils triomphaient sur les scènes internationales des années auparavant. L’ambition de Jean et son ego démesuré avaient alors ruiné leur amitié et mis un terme au mariage qui la liait à Reginald. Malgré les vieilles blessures, Reginald, Wilfred et Cissy mettront tout en œuvre pour convaincre Jean de reformer leur célèbre quatuor à l’occasion du gala annuel de Beecham House.

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1 commentaire

  • par tedsifflera3fois
    Posté mercredi 17 avril 2013 18 h 14 min 0Likes

    Effectivement, Quartet est une comédie engoncée, aussi insolente que la mère-grand des contes de fée. L’entreprise est trop sage, elle manque d’audace et d’impertinence. Beaucoup de bons sentiments et finalement peu d’émotion. Ma critique : http://tedsifflera3fois.com/2013/04/17/quartet-critique/

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