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Critique : Ouvert la Nuit

Edouard Baer est un artiste complet : animateur passé par le Centre de Visionnage de Canal Plus et réveillant désormais la France sur Radio Nova, il joue, écrit et réalise.

Après Akoibon en 2005 et la Bostella à l’époque des belles années de Canal, il revient avec un nouveau long-métrage où il se partage l’affiche avec Sabrina Ouazani : Ouvert la Nuit.

 

LA CRITIQUE

« La modération est une chose fatale. Rien ne réussit mieux que l’excès. » Oscar Wilde. Il semblerait que ce soit la devise de Luigi. Dont les mots sont de fidèles alliés. Joué par Edouard Baer, Luigi est un directeur de théâtre à la verve musclée, aux paroles exquises, à l’affinité facile. La veille de la grande première d’une pièce mise en scène par un célèbre Japonais, l’équipe au complet décide de ne plus travailler. Pire, menace de ne pas se présenter le lendemain. La raison de cette décision est concevable : cela fait deux mois qu’ils n’ont pas été payés. S’ajoute à ce désarroi, celui de trouver un singe, un vrai, pour la représentation. Luigi, souriant, espiègle et confiant se lance dans le Paris nocturne, à la recherche de l’animal.

Il est accompagné dans sa quête de Faeza (interprétée par Sabrina Ouazani – géniale). Une jeune femme sortant de Sciences Po, en stage pour la semaine dans ce théâtre. Son autorité naturelle pourra désarmer Luigi, dont le charme fait effet sur l’ensemble des gens rencontrés – ou presque. Physiquement et par téléphone, il est épaulé de sa meilleure amie et assistante Nawel (Audrey Tautou – comme toujours, elle sublime son personnage). Amie qui semble à la fois inquiétée, désabusée mais aussi attendrie par l’excentrique Luigi, qu’elle connaît depuis tant d’années.

Lors de cette course, nous suivons ce duo aux caractères farouchement opposés. L’anxiété des deux femmes contraste avec l’apparente décontraction de l’excessif meneur. Chacun apporte à l’autre une dose de bon sens, rappelant qu’il faut user d’humour mais aussi d’attitude terre à terre pour envisager la vie et atteindre un dit « objectif » (ici, trouver de l’argent pour payer à l’heure et un accessoirement, un singe).

Les mots ont un impact extraordinaire. Ceux qui parviennent à les manier avec autant de malice que d’intelligence -presqu’arrogante- sont non seulement charmants, mais détiennent une sorte de pouvoir. Si Luigi s’en amuse, ne prenant au sérieux que le désir d’exister, il fait aussi face à la réalité. Cette dernière aux multiples pièges, dont on ne se sort pas toujours grâce à de jolies tournures de phrase. Edouard Baer ne fait pas de Luigi un être dépourvu de toute qualité humainement tendre. Il lui offre des « limites ». En plaçant dans ses bras un bébé, en lui octroyant une sorte de double vie… – ne pas en dire plus, ne pas en dire plus. Ce sont précisément ces moments, que l’on peut caractériser comme de repos, qui rendent Luigi attachant.

A une année de la date de décès du grand Michel Galabru, le retrouver ici est émouvant. Sans en gâcher la découverte, prêtez l’oreille aux mots qu’il prononce. Ils ont une valeur d’autorité dans le film, et inestimable dans la vraie vie. Un drôle de hasard – vous comprendrez.

« Ouvert la nuit » donne une furieuse envie de vivre. Et notamment de vivre une épopée parisienne, une fois le soleil couché. Un film tout ce qu’il y a de plus enthousiasmant dans la vie ; des mots bien dits, formulés à merveille et prononcés par de charismatiques comédiens. Jubilatoire.

Ouvert la Nuit, d’Edouard Baer – Sortie le 11 janvier 2017

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